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Alter Reality Chap.7 : Appétit Jurassic p.2

Voici le chapitre 7 du tome 1 de mon Light Novel Alter Reality.
Toutes les deux semaines, un chapitre sera posté. N’hésitez pas à donner votre avis.

Vous pouvez lire les chapitres précédents ici :
Chapitre 1 – Catastrophe p.1
Chapitre 2 – Catastrophe p.2
Chapitre 3 – Rescapé p.1
Chapitre 4 – Rescapé p.2
Chapitre 5 – Rescapé p.3
Chapitre 6 – Appétit Jurassic p.1

Je fus surprise de constater que Vick et moi n’étions pas les premiers arrivés au point de rendez-vous. L’homme au bonnet kaki et une femme aux cheveux ébène nous attendaient. À notre arrivée, ils sourirent tous les deux. Sur le moment, je ne savais pas comment entamer la conversation, préférant juste leur renvoyer une expression amicale.

Quant aux autres, ils ne prirent pas longtemps à apparaître. De brèves salutations furent échangées, mais pas de vraies présentations. Pour la plupart je ne savais même pas leur nom. Je me demandais comment je pourrais gagner leur confiance. C’était important de le faire, d’autant plus que j’allais peut-être combattre à leur côté.

En tête de file, je me mis à réfléchir à différents scénarios pour entamer un début de discussion. Vick n’était pas d’une grande aide, il observait avec une grande attention le paysage, cherchant sûrement une créature.

J’allais désespérer quand une main se posa sur mon épaule. Étonnée, je me retournai pour voir l’homme au bonnet, ses yeux gris me fixaient gentiment.

— Kate ? Je m’appelle Alex, je voulais m’excuser pour tout à l’heure.

Je le regardai, confuse. Que voulait-il dire par tout à l’heure ?

Je réfléchis deux secondes et repensai à son intervention lors de la réunion, quand il avait parlé des secours.

— Ah oui ! Ce n’est rien… En fait, je voudrais savoir. Vous m’avez testé, non ?

Ses yeux devinrent ronds comme des billes, puis il laissa échapper un rire maladroit.

— Ça s’est vu alors ? Je suis vraiment désolé. Mais je devais faire ça pour que les gens soient plus confiants.

Je souris.

— Vous savez Alex. Je ne cherche pas à devenir un leadeur, ou quoi que ce soit dans cette trempe.

Il baissa les yeux pendant une seconde.

— Je vois. Pourtant vos paroles ont rassuré beaucoup de personnes.

Je rigolai, gênée.

— Pour le moment, je veux juste survivre.

— Je comprends. J’espère que l’on va bien s’entendre.

Il me proposa sa main, que je serrai.

— Moi aussi.

— Au moindre problème, appelez-moi.

J’acquiesçai à son offre et il sourit de nouveau. Ce jeune homme avait vraiment un visage étincelant de gentillesse. Il dégageait aussi quelque chose de rassurant, comme l’aura d’un grand frère.

Je profitai de l’occasion pour le regarder de plus près. Il avait un visage carré, mais avec des traits doux. Il était plutôt bien bâti. Vu sa carrure, il devait être un grand sportif ou un coach.

— Vous pouvez aussi compter sur moi.

Je sentis dans mon dos une petite tape. Je me retournai pour voir un homme aux cheveux bruns coiffé d’une petite tresse au niveau de l’oreille gauche. Il avait aussi un visage carré, mais avec une barbe de deux jours, le rendant très viril. À sa proposition, je souris maladroitement.

— Merci…

Il me montra un visage surpris, comprenant que son geste était peut-être mal convenu.

— Je suis désolé de m’immiscer dans la conversation. Je m’appelle Daniel. Comme je l’ai dit, si vous avez besoin d’aide, je serais là.

Daniel semblait être quelqu’un de très gentil. Je souris à sa proposition.

Ça faisait vraiment du bien de savoir que j’avais des alliés au sein du groupe. Personnellement, j’espère que le commandement irait à Alex ou Daniel.

Alex avait l’air de savoir se battre et d’avoir un esprit vif. Quant à Daniel, il savait sûrement se défendre au même titre qu’Alex vu sa musculature. Daniel avait également un certain charme, il avait réussi à me mettre en confiance avec quelques mots.

— À moi ! À moi, maintenant !

Une femme aux cheveux noirs et au sourire malicieux apparu devant moi, elle agitait énergiquement la main. Je la regardais perplexe devant tant de dynamisme.

— Oui ?

— Salut, je m’appelle Debora, 25 ans, toujours célibataire. Heureuse d’être ici. Ah oui ! Tu peux me tutoyer.

Entre-temps, elle prit mes deux mains et les secouant vigoureusement. Sur le moment, je ne savais pas quoi dire, souriant bêtement. Debora n’avait pas l’air de faire son âge avec toute cette énergie.

Elle était vraiment belle. Des cheveux noirs courts, des yeux émeraude, un joli visage. Par contre, son accoutrement était très sexy. Il épousait bien ses formes généreuses. Personnellement, je n’aurais jamais osé porter un pantalon noir en similicuir ni un blouson gris foncé ouvert au niveau de la poitrine.

J’avais vraiment l’impression de faire pâle figure face à elle. Elle était très lumineuse. Je ne sais pas pourquoi, mais je me suis tout de suite dit que je pourrais devenir amie avec elle.

— Soyons solidaires dans ce groupe d’homme, d’accord.

Les yeux étincelant d’excitation, elle attendait une réponse de ma part.

— Oui…

— Super !

Elle leva les bras en l’air, comme si elle avait gagné un prix. Puis elle se tourna vers Vick et lui tapota dynamiquement l’épaule, au point qu’il vacillait.

— Eh ! C’est quoi, ton petit nom à toi ?

Mon frère paru perdu par cette soudaine question.

— Hmmm… Vick, je suis son frère.

À cette phrase, il pointa un doigt vers moi.

— Je vois… Je vois…

Elle paraissait satisfaite de la réponse, et se tourna vers Jim, les yeux brillants comme un chat chassant une proie.

— Jim ! Je suis Jim !

Devant ce regard, Jim tremblait, répondant sur le coup. Debora n’avait même pas eu le temps d’intervenir. Elle sourit de toutes ses dents, pour finir par interpeler le dernier survivant du groupe.

— Hé ! Beau blond, c’est quoi ton nom ?

À ces mots, l’homme fronça des sourcils derrière ses lunettes et détourna son visage, ignorant Debora. À son geste désagréable, je me mis à son niveau.

— Peut-on savoir votre nom ? C’est normal de se présenter vu que l’on va se côtoyer un moment.

L’homme fit claquer sa langue et me regarda froidement.

— William… Pour ta gouverne, je n’ai pas choisi d’être ici de mon plein gré.

Je me souvins de son visage, il était là, lors de la réunion. Sur le coup, ses beaux traits, presque féminins, ses yeux bleus, me parurent très laids. Son comportement était détestable. Je voyais bien qu’il nous regardait de haut.

Peut-être se croyait-il le plus intelligent du groupe avec sa veste de scientifique blanche ?

Mais pour ma part, il avait l’air juste d’un homme stupide et hautain.

— Si tu n’es pas content d’être là, tu peux partir, tu sais.

Je ne suis clairement pas la seule à avoir pensé du mal de lui. Rapidement, Vick lui fit une réflexion piquante. William ne parut pas étonné.

— Alors que vous avez clairement besoin de moi.

À ces mots, William montra un Altereur blanc, et il offrit à Vick un sourire superficiel. Quant à mon frère, il afficha une expression amusée.

— Oh ! Mais tu sais tu peux donner ton Altereur à quelqu’un de plus utile que toi. Des personnes dans ton style sont juste bonnes à jouer au boulet.

J’entendis quelques gloussements, je crois que Vick avait fait mouche. William lui ne rigolait pas, une ride apparut entre ses sourcils tant il était contrarié. Voyant qu’une bataille verbale allait bientôt exploser, j’agrippai mon frère par le bras le ramenant vers moi. Je lui chuchotai alors à l’oreille.

— Vick arrête. J’ai l’habitude avec toi, mais certaines personnes ne sont pas aussi clémentes que moi. Ce n’est pas le moment de se faire des ennemis.

Choqué par ma demande, Vick marmonna quelques mots et s’avança. Je soupirai, heureusement j’avais évité le pire.

Je saluai William, qui afficha un sourire victorieux. Je ne sais pas pourquoi, mais j’ai eu une subite envie de le gifler. Je rejoignis Vick rapidement, pour m’empêcher de faire quelque chose d’inexcusable.

Sur le chemin, nous croisâmes des zombies semblables à ceux d’hier. Ils n’étaient pas très nombreux et plutôt dispersés. Ce qui était une aubaine pour notre petit groupe. Seuls Vick et moi avons combattu pour éviter de fatiguer tout le monde, mais aussi, car nous avions déjà eu affaire à eux.

Personne ne parut terrifié en face de ces monstres, ce qui était une bonne chose. Je m’imaginais mal gérer ces créatures avec des combattants criants et pleurants de peur.

Une petite chose me troubla. Bizarrement le nombre de monstres, que nous rencontrions, était relativement bas. J’en avais croisé le double hier. J’aimerais bien savoir où ils étaient passés.

Avaient-ils fui la ville ? Se cachaient-ils ? Étaient-ils morts ?

Si seulement ça pouvait être le cas.

Alors que je réfléchissais, nous étions enfin arrivés à destination. Je vérifiai l’état du centre commercial.

Cet endroit n’avait rien à voir avec les bâtiments américains à plusieurs étages. Ils y avaient des magasins, mais ils étaient tous alignés côte à côte. Le seul endroit où les visiteurs pouvaient se relaxer était un petit jardin se trouvant au centre de la rue piétonne.

Des murs en pierres, quelques poutres en bois apparentes, des fenêtres en fer forgé, tout ici rappelait les vestiges de l’ancienne ville. C’est d’ailleurs pour ça qu’on appelait cette zone le vieux quartier. La banque en faisait partie, d’où son architecture dépassée.

La seule pointe de modernité était un dôme en verre qui recouvrait l’ensemble de la rue commercial, permettant de rester au sec et au frais toute l’année.

Malheureusement, à cause de l’attaque, certaines façades étaient en ruine ou écroulés. Par endroits, le dôme avait même plusieurs trous.

Je ne sais pas quelles créatures avaient fait ça, mais vu la hauteur du plafond, elles étaient soit très grandes, soit elles volaient. J’espérais qu’elles n’avaient pas fait leur nid juste à côté.

— Bon d’après ce que je vois certains magasins sont inaccessibles. Vu la taille du centre commercial et la route de retour à faire, pensez à prendre des sacs ou des caddies pour transporter la marchandise.

Alex leva la main, attendant sagement.

— Oui ?

— Je voudrais savoir ce qui est prioritaire.

Je souris doucement.

— Je pense que ce serait la nourriture et l’eau.

Alex acquiesça, puis d’un coup frappa dans ces mains pour attirer notre attention.

— Comme la dit Kate, nous prenons ce qui est directement consommable et en petite quantité, par contre il faut se jeter sur les boîtes de conserve. Nous ne savons pas combien de temps on va rester ici. D’accord ? Sinon il faudrait prendre le nécessaire pour survivre, comme des sacs de couchage, des briquets, ou des médicaments. Bref tout ce qui va rendre notre séjour plus agréable.

Tout le monde hocha la tête, sauf William qui se contenta de fixer le vide.

— La rue n’est pas très grande, donc on se disperse. Criez aux moindres dangers, mais évitez tout de même de faire trop de bruit. Il y a peut-être des créatures aux alentours.

Alex emprunta aussitôt l’entrée principale. Je vis Vick me dépasser, alors que les autres prenaient des caddies. Surprise, je courus après mon frère. Je le rattrapai quand il s’arrêta devant un magasin vide.

— Mince, c’était le moment de faire faillite.

Vick secoua sa chevelure avec sa main. Agacé, il grimaça.

— Un problème ?

Vick se tourna vers moi et soupira.

— Rien de grave. Je croyais que je pourrais trouver des cartouches et des consoles. Mais le magasin a fermé.

— Tu sais que même s’il était encore là, sans électricité…

Vick leva les yeux au ciel.

— Je sais ! Je sais ! Mais dans le doute. Plus tard ça aurait pu nous servir et avoir le choix au niveau des armes aurait été utile.

Je tapotai son épaule, et lui lançai un regard compatissant.

— Je comprends. Mais pour l’instant, va chercher à manger. Moi, je m’occupe des médicaments.

Vick sourit timidement.

— Oui, ce serait le comble de mourir de faim ou d’une égratignure.

Je rigolai et laissai Vick derrière moi. Maintenant, direction la pharmacie, elle se trouvait à plusieurs mètres, après une dizaine de magasins.

Il ne fallut pas longtemps pour voir la croix verte indiquant son emplacement. Arrivée devant la vitrine, je vis que l’entrée était complètement obstruée par des gravats. Le magasin d’à côté s’était à moitié écroulé, fermant tout accès à la pharmacie.

Agacée, je me mis à chercher une entrée sur le côté. Mais le mur qui séparait les deux boutiques n’avait pas été ébranlé. Ce qui voulait dire que l’intérieur de la pharmacie était peut-être encore intact. De l’autre côté de ces pierres, se trouvait de quoi nous soigner. Mais je ne pouvais pas atteindre ce trésor. Pour l’instant, il faudra survivre sans soins médicaux.

Je mis mes deux mains sur le côté de ma bouche et pris une grande inspiration.

— La pharmacie est HS. Si quelqu’un trouve des médicaments, dites-le-moi.

Je sais qu’on avait dit de faire le moins de bruit possible. Mais n’ayant aucun moyen de communication, il fallait que j’avertisse les autres.

Je tendis l’oreille, entendant au loin l’écho de réponse. C’est bon, tout le monde m’avait entendue. Je n’avais plus qu’à faire une autre course.

— Hé… Hé… Au… On… là !!

Je me figeai. Il me semblait avoir entendu une voix. Je me retournai vers le tas de pierres et j’ouvris grand les yeux. Quelqu’un était dans la pharmacie. J’en étais sûre, j’avais entendu quelqu’un.

— Ohhh ! Il y a quelqu’un !! Répondez-moi !

Je hurlai quitte à me casser la voix. Puis je m’arrêtai brusquement, attendant une réponse.

— Ici… On est… Là… Derrière…

Comme j’étais plus attentive, je remarquai que la réponse était un mélange de nombreuse voix. Il y avait plusieurs survivants. Paniquée, je cherchai quoi faire.

La première chose qui me vint à l’esprit était de les avertir que j’allais les aider. Il fallait également que je réunisse les autres pour déblayer le chemin.

— Écoutez. Je vais vous aider, attendez quelques minutes. Je vais chercher d’autres personnes.

— Ok… D’accord… Ok…

Aussitôt, je criai à plein poumon au milieu de la rue. Rapidement, Vick arriva avec un visage troublé, suivis de Debora et d’Alex. William, Daniel et Jim arrivèrent de l’autre côté.

Essoufflé, Vick me regarda, cherchant à comprendre mon cri soudain.

— Qu’est-ce qui se passe ? Tu es attaqué ?

— Non ! Ça va ! Le problème, c’est ça !

Je pointai les pierres, Vick et les autres montrèrent un visage confus.

— Il y a des gens prisonniers dans le magasin.

Tout le monde fut étonné.

— Tu es sérieuse ?

Daniel me regarda avec un visage posé. Je hochai la tête.

— Ok, il va falloir faire vite alors ! Tout le monde va aider. On va bouger les pierres une par une.

Tout le groupe laissa en plan leurs provisions, préférant aider. En un rien de temps, le tas de pierres se retrouva de l’autre côté de la chaussée. Il ne restait que quelques-unes qui obstruaient l’entrée.

Nous savions que nous touchions au but, quand nous vîmes une main sortir d’un trou.

— On est là… Vous nous entendez mieux ?

La première chose que je fis, c’est de me rapprocher du trou.

— Oui, on vous entend. Éloignez-vous le plus possible, on va enlever les dernières pierres.

La main leva le pouce en l’air et disparut dans les ténèbres. Le cœur rempli d’excitation, nous nous pressâmes de retirer les derniers obstacles. Rapidement, le dessus de la porte fut dégagé. Daniel grâce à sa grande taille put y jeter un coup d’œil. Il se retourna ensuite vers nous, avec une expression troublée.

— Bon ! Bonne et mauvaise nouvelle.

Anxieuse, je le regardai, m’imaginant le pire.

Il y avait des monstres ? Des blessées ? Des morts ?

— Ils sont quatre et ils ont l’air en bonne santé. Le problème, c’est qu’il va falloir tout déblayer avant de les faire sortir de là.

Je le regardai perplexe. C’est alors que Vick m’ôta les mots de la bouche.

— Ils ne peuvent pas passer par-dessus ?

Daniel sourit maladroitement et jeta un coup d’œil en arrière.

— Il y a quelqu’un en fauteuil roulant là derrière.

Tout le groupe laissa échapper un hoquet de surprise. La situation était claire, nous allions transpirer encore un moment. Il était hors de question de laisser quelqu’un derrière nous.

Je pris une des pierres et la jetai sur le tas de gravats. Les autres firent de même.

À la fin, nous étions épuisés et en sueur. Mais, nous fûmes récompensées par des sourires chaleureux. L’entrée était complètement nettoyée.

Je rentrai dans la pharmacie pour vérifier l’état de tout le monde.

— Ça va ? Je m’appelle Kate. Voici Vick, Debora, William, Jim, Alex et Daniel.

Calmement, je présentais le groupe un à un. Les survivants nous regardâmes les yeux remplis de gratitude. Je vis même une des femmes pleurer de soulagement.

— Comment vous êtes-vous retrouvé là ?

Une femme en blouse bleue se rapprocha de moi.

— Lors de l’attaque, mes clients et moi, nous nous sommes retrouvés emprisonnés ici. Soudainement, le mur s’est écroulé. On a entendu des hurlements et des explosions. On a bien sûr attendu les secours. Mais personne n’est venu. C’était quoi ? Une attaque terroriste ? Où est la police ?

À ces questions, tout le monde se regarda et baissa les yeux. Ces gens n’étaient pas au courant de l’état actuel de la ville. Comment allait-il réagir en voyant l’extérieur ?

— C’est une histoire compliquée… Mais avant, essayez de vous calmer, d’accord ?

Quatre paires de yeux me regardèrent, confuse. Entre-temps, je me tournai vers les autres.

— Le temps que je leur parle, allez chercher la nourriture que vous avez réunie. On part d’ici dès que vous êtes tous revenu.

Le groupe acquiesça et se dispersa. Je soupirai et me tournai vers les autres survivants.

— Pour le moment, sortons de ce magasin.

Je jetai un coup d’œil vers l’homme en fauteuil roulant. Il avait l’air d’avoir dans la trentaine. Son visage était fin et délicat. De dos, on pourrait presque le confondre avec une femme, surtout à cause de ses longs cheveux blonds.

Je voyais bien qu’il avait du mal à bouger, je lui proposai ainsi mon aide.

— Vous voulez que je vous aide à avancer ?

Il me fixa avec ses doux yeux bleus et me sourit.

— Merci. Je suis désolé. Normalement, je me débrouille tout seul. Mais ce fauteuil a décidé de tomber en panne.

C’était rare de voir une personne handicapée avec un fauteuil roulant qui ne soit pas électrique. Actuellement, tous les appareils étaient créés pour être les plus fonctionnels possible et à la porter de tous. Ce n’était donc pas étonnant qu’il ne sache pas trop se déplacer librement sans l’aide du moteur. En plus, les quelques morceaux de pierres qui tapissaient le sol n’aidaient pas non plus.

— Merci. Au fait, je m’appelle Jimmy.

Enfin dehors, Jimmy me tendit la main que je serrai. Puis, je constatai que les autres n’étaient toujours pas de retour.

— Bon, je crois qu’on va avoir un moment pour discuter.

Je leur expliquai toute l’histoire. Au fur et à mesure de mon récit, ils devinrent troublés et effrayés.

— Je… Je suis désolée…

Gênée, je m’excusai en baissant les yeux.

— Pas besoin de ça. Ce n’est pas de votre faute. Vous nous avez même sauvés.

Un homme aux cheveux brun très court me sourit maladroitement. Je remarquai qu’il tenait fermement la main d’une des survivantes, qui retenait ses larmes. Il devait être en couple. Au moins, ils étaient ensemble pour surmonter cette épreuve.

— Vous savez ce qui a causé ça ? Avez-vous eu…

— Ehhhh

Alors que Jimmy me parlait avec une expression sérieuse, il fut interrompu par un cri au loin. Je me tournai, voyant Debora courir, à ses côtés se trouvait un jeune garçon aux cheveux noirs en bataille. Surprise, je m’avançai vers elle.

— Debora ? C’est…

Debora m’offrit un sourire victorieux.

— J’ai trouvé ce petit garçon. Il était recroquevillé, attendant sagement derrière le comptoir d’une boutique de chaussures.

Je n’osai pas lui demander ce qu’elle cherchait dans ce magasin, préférant me pencher vers le jeune garçon. Il ne devait pas avoir plus de dix ans. Ses yeux verts pétillaient d’excitation. Il n’avait pas l’air effrayé par la situation, ce qui me parut bizarre.

— Tu t’appelles ?

— Tam ! Debora m’a tout expliqué. Les monstres qui sont sortis de jeux vidéo… Le monde en apocalypse…

Tam sourit de plus en plus à chaque mot, comme s’il se forçait.

— Tu étais seul ici ? Pas de parent ? D’amis ?

À cette question, Tam se figea, ses yeux tombèrent et il ne dit rien. J’en concluais qu’il y avait bien eu des gens avec lui. Mais il ne semblait pas vouloir en parler. J’aurais bien voulu en savoir plus. Mais je ne continuai pas mon interrogatoire, de peur qu’il ne se braque. Je lui demanderais plus tard, quand il aura fait le tri dans sa tête.

Je regardai amicalement Debora.

— Bon travail !

Contente du compliment, Debora fit le signe de la victoire. Juste après, le reste du groupe nous rejoignit. Au total, nous avions cinq personnes, en plus, des sacs et des caddies remplies de provisions. Cette journée avait été fructueuse. Il ne restait plus qu’à rentrer à la base.

Review : Muyoku no Seijo wa Okane ni Tokimeku

Présentation

Muyoku no Seijo wa Okane ni Tokimeku traduit grossièrement en français « La Sainte altruiste est ravie par l’argent » est un Light Novel japonais écrit par Nakamura Satsuki. L’histoire compte actuellement 4 tomes.
Il faut savoir que ce Light Novel est à la base un Web Novel de 107 chapitres. Je n’ai lu pour le moment que jusqu’au deuxième tome, donc la review n’inclura pas la fin de l’histoire.

La quatrième de couverture

« Leo, un jeune orphelin qui aime l’argent plus que tout, dont son corps a été échangé de façon inattendue avec une belle jeune fille nommée Leonora.
Leonora était la jeune fille d’une famille de marquis déchus qui, par le passé, avait été chassée de la société noble par de fausses accusations. Maintenant, à cause de diverses circonstances, elle devait fréquenter l’académie pour jeunes nobles, Mais, comme elle ne le voulait pas, elle usa de la magie noire pour essayer d’échapper à son destin.

En compensation, elle offrit à notre héros une pièce d’or, pour qu’il aille à l’académie à sa place.
Leo, maintenant “Leonora”, avait seulement prévu de montrer son visage à l’académie avant de s’enfuir. Cependant, avec une beauté inégalée et des valeurs particulières, “Leonora” s’est fait connaître à tort comme une “vierge pure”. Attirant l’attention non seulement d’un couple de marquis et de la princesse impériale, mais également du premier prince impérial de l’empire.

C’est l’histoire de Leonora von Harkenberg qui sera connue plus tard sous le nom de “Sainte altruiste”. »

Avis

Avant de commencer, sachez qu’il existe beaucoup de personnages dans ce livre, je ne peux pas les présenter sans gâcher l’intrigue du Light Novel. Donc je vais surtout parler de notre héros/héroïne.
Léo est un jeune orphelin, qui adore l’argent. Il faut dire qu’il a vécu dans un milieu où en avoir est très important pour survivre. Mais son amour de l’or va parfois au-delà de tout, même de sa propre morale.
Un jour, il se retrouve pris dans un cercle magique et échange de corps avec Leonora. Une très belle jeune fille, née d’une femme bannie de la noblesse, car elle a été accusée de harceler une jeune dame favorisée par certains hommes haut placés.
La jeune fille explique à notre héros, qu’elle a voulu changer de corps à cause d’une seule raison : son sang noble. Car l’académie lors de sa rentrée des classes invoquera via un sort les enfants nobles, où qu’il soit. Ainsi, les gens qui ont banni sa mère l’attendent de pied ferme. Leonora explique qu’elle ne veut pas d’un tel destin, et propose à Leo de prendre sa place, contre une pièce d’or. Elle explique aussi qu’elle changera de nouveau leurs corps lorsque son énergie reviendra. En passant, elle lui jette un autre sortilège pour que Léo parle plus poliment et moins comme un enfant de rue.
C’est alors que Léo est invoqué et que les problèmes commencent, ainsi que les malentendus.

Tout le long du livre, les équivoques tournent autour de Léo. Comme, il est une fille très belle, mince et délicate, beaucoup de gens le voient comme faible. Puis, à cause du sort de langage, il dit « Mère » au lieu « d’or » (jeu de mots en japonais). Beaucoup de gens croient alors qu’il pleure sa mère décédée (alors qu’elle est vivante) et qu’elle a vécu des années misérables, entourées d’hommes salés qui voulaient profiter de sa beauté. Bref, beaucoup de nobles, ainsi que la royauté croient que Leonora est une jeune fille fragile, déterminée, pure et courageuse. Alors que ce n’est pas le cas. Léo aime l’or, respire l’or, pense au profit et à une manière hors des normes de la noblesse. Le pire, c’est qu’il ne se cache pas. Il ne complote rien, c’est juste les autres personnages qui se montent un film. C’est justement ça qui est drôle. Voir la bêtise des autres, qui s’imaginent les penser d’un jeune homme sans le connaître.

L’écriture est relativement simple. On a plaisir à lire les dialogues et les pensées des personnages. Par contre, le personnage principal est vraiment Léo. Leonora n’apparaît pas beaucoup dans l’histoire, à part pour dire qu’elle profite bien de la vie et du corps de Léo.
Le plus intéressant dans ce Light Novel est l’utilisation de la magie. Nous sommes loin de la magie classique avec du mana, ou des sorts. Dans ce livre, ce sont les esprits qui régirent le monde. Ils sont si importants, qu’ils sont souvent le point central d’une intrigue.

Conclusion

Ce Light Novel est intéressant à cause des quiproquos créés entre les personnages. Le héros n’est pas très travaillé, mais c’est l’ensemble de tous les personnages qui rend l’histoire intéressante et drôle. Pour le moment, il n’y a pas beaucoup de romance ni de combat intense. Il y a tout de même des intrigues, surtout au niveau politique.
Mais ce livre, raconte surtout l’histoire quotidienne, d’un jeune garçon essayant de faire illusion dans un corps de fille, entouré de gens avec beaucoup trop d’imagination. Certains pourraient dire qu’au bout d’un moment, cet humour est lourd. Mais personnellement, je ne m’en suis pas lassée.
Dans la version Light Novel, on retrouve de très belles illustrations de Cuteg, qui rajoute une touche de délicatesse et d’humour par moments. J’aimerais bien voir ce livre en mangas, pour voir les expressions de certains personnages.

Si vous avez des questions, un avis sur le Light Novel, ou que vous voulez juste en parler, n’hésitez pas à écrire un commentaire.

Interview d’Aurélien Martinez – Directeur éditorial de Mahô Éditions

Il existe en France des maisons d’édition qui ont fait le choix de publier des Light Novels et de les faire connaitre. C’est le cas de Mahô Éditions, qui a gentiment accepté de répondre à cette interview et vous dévoiler tous leurs secrets.

Pouvez-vous présenter votre maison d’édition aux lecteurs ?

Aurélien : C’est simple : Mahô éditions est une maison d’édition de Mangas et de Light Novels. La particularité, c’est qu’on fait aussi de la création originale comme pour notre premier titre : Les Enfants de Gorre. On va donc contacter les ayants-droits pour acheter des titres, mais aussi rechercher des auteurs et illustrateurs pour nos propres créations.

Pourquoi choisir de publier des Light Novels?

Aurélien : C’est un format que j’apprécie beaucoup. C’est rythmé, facile à lire et les illustrations sont magnifiques. C’est donc avant tout une question de goût et un choix du cœur. Cela m’a mené à un constat : « c’est dommage que le LN ne se développe pas en France ». Quelques grands titres sont ensuite arrivés en France grâce à Ofelbe, mais la concurrence ne se pressait pas pour emboiter le pas. Quand j’ai décidé de me lancer dans l’édition, je me suis naturellement dirigé vers le Light Novel. A l’origine, Mahô éditions n’était qu’une maison d’édition de Light Novel. C’est seulement après avoir rencontré mon associé Jeremy qu’on a décidé de faire du manga.

Vous publiez des Light Novels écrits par des écrivains français, comment choisissez-vous les manuscrits ? Quels sont les critères ? Comment vous contacter ?

Aurélien : Déjà en les lisant ! Ahahah ! Plus sérieusement, quand on crée une maison d’édition, on reçoit beaucoup de demandes de la part d’auteurs (de proches, d’amis, d’amis d’amis). Lorsqu’on a annoncé la maison sur les réseaux sociaux, on est passé à un autre stade et actuellement on tourne entre deux à trois demandes par semaine avec par ailleurs beaucoup de romans. On n’a pas forcément de critères ou de styles particuliers. On recherche des histoires intéressantes, qui nous plaisent et surtout qui soient bien écrites/dessinés. Malgré tout, si un auteur veut avoir plus de chances que son manuscrit soit retenu, il faut envoyer un dossier complet et joli : présentation générale, personnages, synopsis, le squelette de l’histoire, etc. C’est un conseil que je donne pour Mahô éditions, mais qui est valable pour toutes les maisons d’éditions. Pour nous contacter à ce sujet, nous avons une adresse mail : manuscrits@maho-editions.fr.

Quelle est la position de votre maison d’édition par rapport au numérique ?

Aurélien : Par principe, tous nos titres ont vocation à être disponible en version numérique. Pour notre cas, les Light Novels ont plus vocation à être sur des plateformes généralistes (Kobo, Kindle, google, etc.) tandis que les mangas vont être présents davantage sur des plateformes plus spécialisées BD-Mangas… Un choix très classique en somme.

A titre personnel, combien de Light Novel (ou Web novel) lisez-vous par an ?

Aurélien : Je ne compte pas vraiment à vrai dire… Quand on devient éditeur, on lit beaucoup, mais pas forcément pour le plaisir. Donc on a envie parfois de changer d’air et on compte plus notre pile-à-lire de la même façon. Je prends l’exemple des mangas, mais je dois en lire une dizaine par semaine, mais seulement moins de la moitié pour le plaisir. C’est pareil pour le LN avec des ratios un peu moins grands.

Comment avez-vous connu les Light Novels ?

Aurélien : Houlà… Je dirais que le premier a été la version Web Novel de Sword Art Online. J’étais déjà un grand fan de mangas et d’animes, mais quelques années ont passées avant que je me décide à sauter le pas du LN. Depuis il y en a eu beaucoup d’autres.

Si vous pouviez choisir un Light Novel Japonais à éditer absolument, lequel serait-ce et pourquoi ?

Aurélien : Ce n’est pas à proprement parlé un Light Novel, mais un roman qui a eu de multiples adaptations en mangas et animes. Sans une once d’hésitation, ce serait Les Héros de la Galaxie de Yoshiki Tanaka. C’est un monument de la Japanime, une histoire extraordinaire à base de complots, politiques et batailles stellaires. Un excellent roman de science-fiction. L’avenir nous dira si un jour il arrivera dans notre contrée !

Pouvez-vous nous présenter vos toutes dernières publications ?

Aurélien : Notre premier titre Les Enfants de Gorre est un Light Novel écrit par Sylvain Ferrieu et Navigavi. C’est une création originale qui porte sur la légende du roi Arthur. On y suit l’histoire de trois frères qui vivent dans le royaume de Gorre au nord de la Bretagne. Ils vont devoir faire face aux bouleversements qui vont secouer le pays avec l’arrivée d’Arthur. Le Hic ? Ils ne sont pas forcément du bon côté de l’histoire… Et je ne dirais rien de plus sur l’histoire ! C’est un livre qui se lit assez facilement. Ça bouge : il y a de l’action, des complots et on ne s’ennuie jamais. Le livre est sorti le 26 juin et est donc déjà disponible dans vos librairies. Il est également disponible au format numérique.

En ce moment en France, le marché des Light Novels est compliqué. Comment voyez-vous son avenir ?

Aurélien : Ce n’est que mon avis, mais à mon sens, le marché des Light Novels est encore embryonnaire. Il est donc trop tôt pour dire qu’il s’agit d’un marché compliqué : le Light Novel a à peine 10 ans en France, la concurrence y est encore peu présente, l’offre est faible et le public peu connaisseur. Mais, c’est un marché qui évolue ! Petit à petit, les maisons d’édition s’ouvrent à ce format et mécaniquement, les libraires commencent à s’y intéresser aussi. Je pense que le format va aussi se développer davantage pour deux raisons : premièrement, car le public, désormais habitué aux mangas, voudra étancher sa soif d’univers étendu et de style japonisant. Deuxièmement, car le Light Novel touche un public plus large qui est celui du livre jeunesse et adolescent. 

Comment, voyez-vous votre maison d’édition dans 2 ans ? 5 ans ?

Aurélien : Vivante déjà ! Ce serait la meilleure des choses à concrétiser. Comme beaucoup de monde dans ce milieu, on est des passionnés donc on souhaite pouvoir proposer toujours plus de nouvelles séries ! Si en plus, ce sont des créations originales, c’est encore mieux ! Et si elles ont du succès, ce serait parfait !

Merci, pour vos réponses. Avez-vous un dernier mot pour la fin ?

Aurélien : Merci pour cet interview et merci aux lecteurs ! Ce sont eux les vrais héros et les meilleurs ambassadeurs du Light Novel ! 

Vous pouvez retrouver Mahô éditions via ces différents liens :

Alter Reality Chap.6 : Appétit Jurassic p.1

Voici le chapitre 6 du tome 1 de mon Light Novel Alter Reality.
Toutes les deux semaines, un chapitre sera posté. N’hésitez pas à donner votre avis.

Vous pouvez lire les chapitres précédents ici :
Chapitre 1 – Catastrophe p.1
Chapitre 2 – Catastrophe p.2
Chapitre 3 – Rescapé p.1
Chapitre 4 – Rescapé p.2
Chapitre 5 – Rescapé p.3

Kate – Dans la banque

J’étais épuisée. Comment bien dormir en sachant que des créatures vagabondaient juste à côté ?

J’ai donc passé la moitié de la nuit à monter la garde. Jean, le gardien, m’a gentiment relevé après cinq heures. Pour lui, c’était impensable qu’une jeune fille ne fasse pas ses huit heures de sommeil.

S’il savait le nombre de nuits blanches que j’ai à mon actif. Tout ça pour rendre mon travail à temps.

Lorsque j’ouvris les yeux, le soleil venait juste de se lever. Comme prévu, je n’avais pas dormi sereinement. Mon organisme tout entier m’a maintenue dans un sommeil semi-éveillé.

Je n’avais jamais ressenti ça. Depuis hier, mon instinct de survie essayait de s’approprier mon cerveau. J’avais l’impression de redevenir la proie que nous, humain, étions à l’âge de pierre. Tremblante, apeurée et désarmée face à de grands carnivores.

Toutefois, il fallait agir. Nous devions nous procurer de quoi boire, manger et dormir confortablement. Tout pour vivre avec un minium de décence. Je devais en parler aux autres survivants.

En premier lieu, j’en ai discuté avec notre cher gardien, qui a trouvé que l’idée était bonne. Il m’a même demandé de le faire. Alors que ce rôle était plutôt fait pour un homme de loi. Il m’a simplement répondu qu’un vieux rondouillard ne serait pas pris au sérieux.

Alors que devrait dire une gamine de 22 ans ?

Sur le coup, je me suis sentie bien seule.

J’informai également Vick de mon plan, qui salua mon initiative. Il jugea aussi que je devais le faire. Je crois qu’il voulait surtout me refiler la corvée. Il sait très bien que je n’aime pas parler devant un public.

Comme me l’avait suggéré Jean, je me mis devant la porte circulaire, pour que tout le monde puisse me voir.

— Excusez-moi. J’ai quelque chose à vous dire.

Aussitôt toutes les têtes se tournèrent vers moi. Je sentis une boule s’agiter à l’intérieur de mon estomac.

— Je me présente, je m’appelle Kate. Je suis la jeune fille qui est partie hier et revenue dans la soirée avec un groupe de survivants. Voilà…

Tous les regards étaient plongés dans le mien. La boule commençait à remonter le long de ma gorge. Mes mains devenaient de plus en plus moites.

— J’ai vu dans quel état était l’extérieur, je ne veux pas vous mentir, c’est… Vraiment… Catastrophique. Mais, mon excursion m’a permis de recueillir des informations.

Je pris une grande inspiration pour me donner du courage. Tout le monde m’écoutait en silence.

— Premièrement, il y a encore des créatures dehors et elles ne sont pas amicales.

Les gens se jetèrent des regards inquiets.

— Deuxièmement, on peut combattre ces créatures, avec ceci !

Je montrai alors mon Altereur. Les gens paraissaient perplexes. Une voix grave s’éleva.

— Avec un Altereur ?

Aussitôt je hochai la tête.

— Oui ! Je vais vous expliquer. Je ne sais pas pourquoi, mais, quand on utilise le mode Gameur, et qu’on s’équipe d’une arme, on peut les blesser.

La même voix répliqua. Je devinais que cette personne allait poser problème.

— Et pourquoi pas avec un flingue ou un couteau ?

Les gens acquiesçaient. Je mimai alors mon explication pour que tout le monde puisse comprendre.

— Si vous allez dehors et vous combattez avec une arme comme une tige en métal, vous verrez qu’elle rebondira sur la créature, sans rien lui faire.

— Attendez ! Quoi ?

Un homme au menton anguleux, aux cheveux mi-longs et blonds, se leva. Son visage était marqué par le mépris.

— Comment savez-vous ça ? Vous avez des preuves ?

Ses paroles étaient froides et ses yeux bleus me regardaient avec arrogance, comme s’il s’attendait que je m’excuse pour une erreur que je n’avais pas commise. J’aurais aimé tant l’envoyer balader, mais ce n’était pas vraiment le moment.

— Dehors, je me suis fait attaquer par ces créatures. Seul l’Altereur m’a permis de me défendre. Mais au pire, vous pouvez tester ça à l’extérieur.

L’homme ne dit rien, préférant s’asseoir en silence. Mais ses yeux ne me quittèrent pas. Il resta digne jusqu’à la fin.

— Bon… J’aimerais savoir qui ici à un Altereur et des cartouches ?

Plus d’une dizaine de mains se levèrent, dont celle de l’homme malpoli. Sans grande surprise, la moitié était des enfants ou des adolescents, il y avait très peu d’adultes. Même avec toute la volonté du monde, je n’allais sûrement pas envoyer des enfants au combat. Résultat, nous étions très peu nombreux pour défendre la base.

— Je vois… Dernière chose, il faudra qu’on aille chercher de la nourriture et de l’eau à l’extérieur, sans quoi, on mourra de faim avant que les secours arrivent…

— S’ils arrivent un jour !

Cette phrase ne venait pas de mon frère, Vick, mais d’une autre personne. D’un jeune homme coiffé d’un bonnet kaki. Son regard gris était franc et droit. Il faisait partie de ceux qui avaient en leur possession un Altereur pour combattre.

— Pardon ?

Face à ma confusion, il continua poliment.

— Je m’excuse de vous couper la parole. Mais j’aimerais mettre en avant une petite observation.

— Oui…

— Ça fait presque 24 h que cet évènement a eu lieu, on est d’accord ?

— Oui…

— Vous trouvez ça normal, qu’il n’y ait ni pompier ni flic. Je ne parle même pas des urgences.

J’avais l’impression de subir un interrogatoire, comme si j’étais la cause de ce chaos. Un peu stressée par la tournure de la discussion, je lui répondis rapidement.

— Peut-être que ces créatures les ralentissent.

— Ok ! Je veux bien. Mais les militaires ? Les journalistes ?

À cette question, mes joues se raidirent.

— Journalistes ?

Cet homme, il avait raison. Tout comme Vick, il avait remarqué que quelque chose clochait. Moi aussi, j’en étais consciente. Normalement, on aurait dû voir des secours, des pompiers, l’armée et des reporters. Ce silence n’était pas naturel et ça m’inquiétait bien plus que l’apparition de ces monstres.

— Dehors, il n’y a aucun hélicoptère ! Pas un bruit ! Comme si on était complètement en quarantaine. Personnellement, je crois que personne ne viendra nous sauver.

Les gens commençaient à parler entre eux, les voix s’élevaient. Ils étaient angoissés, apeurés. Ils avaient peur… De mourir.

De faim ? De soif ? De maladie ?

Ou dévorer par ces choses qui rôdaient dans la ville.

La panique allait bientôt les gagner. Il fallait que je les calme.

— STOP ! On se calme !

De ma plus grosse voix, j’arrêtai net tout le monde.

— J’avoue que moi-même, je ne sais pas s’il y aura des secours rapidement. Mais, je suis sûre qu’ils viendront. Ils ne savent rien de notre situation. On ne sait rien de la leur. Mais ça n’empêche pas qu’il faille se battre et survivre jusqu’à leur arriver. On doit manger, boire, dormir et on devra peut-être même combattre ces créatures. Mais ce n’est pas comme si on était désarmé. Si on s’organise, on peut survivre. Il faut juste ne pas paniquer et que tout le monde y mette du sien !

— Je suis d’accord avec la demoiselle.

Jean, l’homme de sécurité posa chaleureusement sa main sur mon épaule, appuyant mes propos.

— Pareil.

Vick me sourit et me montra son soutien. Telle une traînée de poudre, de nombreuses personnes acquiescèrent, les traits de leurs visages paraissaient soulagés. Même l’homme au bonnet fit un large sourire. À croire qu’il l’avait fait exprès.

Mais pourquoi ?

— Bref… Hein… Parmi ceux qui ont des Altereurs de combat, si on peut appeler ça comme ça… Qui est volontaire pour aller chercher des vivres ?

Presque toutes les mains se levèrent, dont celle de mon frère et des plus jeunes.

— Désolé, de vous dire ça. Mais je refuse les enfants… Vick c’est non, pareil pour vous !

Je fis signe aux plus jeunes de baisser leurs mains.

— Oh ! Eh ! Oh ! J’ai 17 ans maintenant, je suis plus un enfant !

Vick s’approcha de moi, mécontent. Je ripostai, essayant de lui faire comprendre mon point de vue.

— Peut-être, mais je ne prendrais pas le risque que tu sois blessé.

— Ce ne serait pas du favoritisme, ça ?

Je soupirai, et le regardai avec dédain.

— Tu te fiches de moi là ? Sérieusement !

— Oui, je suis sérieux. Je veux venir !

— Non !

J’étais catégorique, pourtant ça n’empêcha pas à mon frère de faire un sourire sarcastique.

— Écoute, que ce soit avec ou sans toi, j’irais dehors !

Sous le choc, mes yeux vacillèrent.

— Tu préfères que je meure dehors, ou que je sois avec toi et que tu puisses me protéger ?

— Tu n’oserais pas…

— Tu sais très bien que je suis têtu.

Je grinçai des dents. J’étais furieuse.

— Toi…

Je serrais le poing. J’étais si furieuse que mon corps tremblait. J’aimerais tellement lui donner une petite tape à l’épaule juste pour me calmer les nerfs. Mais ça ne se faisait pas.

Franchement, Vick avait le don de trouver les mots pour me mettre hors de moi. Le pire, c’est que je savais qu’il serait capable d’accomplir sa menace, juste pour me prouver que j’avais tort de le sous-estimer.

— Tu sais que j’ai envie de te frapper, là maintenant…

Mon frère montra un sourire malicieux. Il le savait, il avait gagné. Il avait cette habitude de jouer avec mes faiblesses. Je détestais ça. Un jour, c’est sûr, je n’arriverais pas à me retenir.

— Je sais…

Je soupirai, évacuant le plus de colère possible. Je posai ma main sur mon visage et penchai ma tête en arrière en signe de défaite.

— Bon, c’est d’accord.

Vick m’offrit son plus grand sourire, je pouvais presque le voir sautiller sur place tellement il était heureux.

Je sentis alors quelqu’un tirer ma manche.

— Oui ?

C’était Jim, le garçon aux cheveux teints. Il me regarda avec ses yeux noirs.

— Toi aussi, tu veux venir ?

Avec son visage inexpressif, il acquiesça. Moi qui ne voulais mettre aucun enfant en danger, je me retrouvais à en baby-sitter deux. Je savais que j’allais devoir surveiller attentivement Vick. Il était parfois tête en l’air.

Par contre, pour ce jeune garçon, je ne savais pas à quel point je devrais l’avoir à œil. Toutefois, il m’avait l’air mature…

Peut-être trop ? J’ai encore cette sensation bizarre vis-à-vis de lui.

Mais d’où vient-elle ?

Je me tournai vers Jean et les sept jeunes enfants. Ils devaient avoir respectivement entre huit et dix ans. Je n’allais sûrement pas céder avec eux. Heureusement, leur regard apeuré m’indiqua qu’ils n’allaient pas me forcer la main.

— Jean, je peux te laisser ces enfants.

Je m’accroupis pour être à leur niveau.

— Puis-je vous demander de rester là avec Jean pour protéger les lieux ? Je sais que ça peut faire peur. Mais vous êtes les seuls qui à pouvoir faire ça. Compris ?

Doucement, les enfants hochèrent de la tête. Ils avaient l’air heureux qu’on leur donne une mission moins dangereuse. Je me relevai, leur souriant une dernière fois. Puis je fixai Jean.

— Jean, je te les confie.

— Compte sur moi.

Jean frappa son poing contre sa poitrine. Son geste fut si violent qu’il se mit à tousser.

— Ça va ?

En réponse, il me fit signe que tout allait bien. Soulagée, je soupirai et regardai notre groupe d‘excursion. En nous comptant, moi et Vick, nous étions sept personnes. Je ne pouvais pas dire que nous étions nombreux. Je ne sais même pas s’il serait possible pour nous de ramener tout ce dont nous avions besoin du premier coup. Toutefois, une petite troupe voulait dire que les monstres allaient moins nous remarquer. Ce qui était une bonne chose.

Mais avant de partir, il fallait que je vérifie si tout le groupe avait de quoi se défendre dans l’éventualité où nous croisions une de ces créatures.

— Pouvez-vous tous invoquer une arme offensive ?

Tout le monde me répondit positivement, ce qui était un vrai soulagement. J’avais peur de devoir exclure une personne, ce qui aurait encore plus réduit notre groupe.

— Excuse-moi. Kate, c’est ça ?

L’homme au bonnet se rapprocha de moi, m’offrant un sourire amical. Je vis ainsi qu’il avait les cheveux noirs sous son couvre-chef.

— Oui ?

— Je voudrais savoir, où allons-nous ?

À mon tour, je souris, contente d’entendre une telle question. Je partageai alors mon idée.

— Je sais que non loin d’ici se trouve un centre commercial. On trouvera facilement là-bas de quoi manger, boire. Il y a aussi une pharmacie et d’autres boutiques. J’espère revenir avec de quoi rendre notre séjour plus confortable.

— Je vois ! Désolé de te demander ça. Mais, comme je ne connais pas la ville…

Je sursautai. Ainsi, cet homme n’était pas d’ici. L’idée qui soit un touriste me traversa l’esprit. C’est sûr, il vivait actuellement les pires vacances du monde. Il devait regretter d’être venu dans notre grande ville.

J’affichai un sourire désolé.

— Je comprends ! Vick et moi connaissons bien le quartier, donc on pourra vous guider.

L’homme au bonnet vert secoua la tête. La demande close, je me mis à réfléchir.

C’est vrai, je connais assez bien les alentours. Mais seulement une certaine section de la ville. Celle que mon frère et moi avions l’habitude de vivre. Par contre, s’il fallait sortir de notre zone de confort, comme se rendre dans le quartier industriel ou touristique. Je ne sais pas si je serais capable de trouver de la nourriture sans une carte. Il fallait absolument en prendre une lors de notre expédition.

Je regrettais de ne pas avoir un crayon et un bloc-notes à proximité. Avoir une liste de course aurait tellement été mieux pour éviter d’oublier quelque chose.

Pensive, je levai un sourcil tout en fixant le groupe.

— J’y pense, nous n’avons plus de moyen de communication. Donc il faudra faire vite pour éviter de nous mettre en danger. À l’extérieur, nous ne savons pas ce qui nous attend. Personne ne nous sauvera. Il faudrait donc revenir avant la tombée de la nuit.

Vick acquiesça à mes propos.

— Tu as raison. Vu le temps qu’il nous faudra pour y aller…

Je soupirai et coupai la parole à mon frère.

— Il faut que nous partions tout de suite.

Le silence tomba. Je ne sais pas ce que ces personnes pensaient. Mais je savais qu’ils s’inquiétaient. Malheureusement, nous n’avions pas le luxe de nous préparer mentalement. Nous devions nous jeter dans la gueule du loup au plus vite, sinon des problèmes surgiront.

— Bon, que chacun se prépare. Rendez-vous dans dix minutes derrière la grille. Tout le monde est Ok ?

Toutes les têtes approuvèrent. J’allais bientôt retourner en enfer. J’espérais que mon initiative ne nous conduirait pas vers une fin tragique.