Voici le chapitre 6 du tome 1 de mon Light Novel Alter Reality.
Toutes les deux semaines, un chapitre sera posté. N’hésitez pas à donner votre avis.
Vous pouvez lire les chapitres précédents ici :
– Chapitre 1 – Catastrophe p.1
– Chapitre 2 – Catastrophe p.2
– Chapitre 3 – Rescapé p.1
– Chapitre 4 – Rescapé p.2
– Chapitre 5 – Rescapé p.3
Kate – Dans la banque
J’étais épuisée. Comment bien dormir en sachant que des créatures vagabondaient juste à côté ?
J’ai donc passé la moitié de la nuit à monter la garde. Jean, le gardien, m’a gentiment relevé après cinq heures. Pour lui, c’était impensable qu’une jeune fille ne fasse pas ses huit heures de sommeil.
S’il savait le nombre de nuits blanches que j’ai à mon actif. Tout ça pour rendre mon travail à temps.
Lorsque j’ouvris les yeux, le soleil venait juste de se lever. Comme prévu, je n’avais pas dormi sereinement. Mon organisme tout entier m’a maintenue dans un sommeil semi-éveillé.
Je n’avais jamais ressenti ça. Depuis hier, mon instinct de survie essayait de s’approprier mon cerveau. J’avais l’impression de redevenir la proie que nous, humain, étions à l’âge de pierre. Tremblante, apeurée et désarmée face à de grands carnivores.
Toutefois, il fallait agir. Nous devions nous procurer de quoi boire, manger et dormir confortablement. Tout pour vivre avec un minium de décence. Je devais en parler aux autres survivants.
En premier lieu, j’en ai discuté avec notre cher gardien, qui a trouvé que l’idée était bonne. Il m’a même demandé de le faire. Alors que ce rôle était plutôt fait pour un homme de loi. Il m’a simplement répondu qu’un vieux rondouillard ne serait pas pris au sérieux.
Alors que devrait dire une gamine de 22 ans ?
Sur le coup, je me suis sentie bien seule.
J’informai également Vick de mon plan, qui salua mon initiative. Il jugea aussi que je devais le faire. Je crois qu’il voulait surtout me refiler la corvée. Il sait très bien que je n’aime pas parler devant un public.
Comme me l’avait suggéré Jean, je me mis devant la porte circulaire, pour que tout le monde puisse me voir.
— Excusez-moi. J’ai quelque chose à vous dire.
Aussitôt toutes les têtes se tournèrent vers moi. Je sentis une boule s’agiter à l’intérieur de mon estomac.
— Je me présente, je m’appelle Kate. Je suis la jeune fille qui est partie hier et revenue dans la soirée avec un groupe de survivants. Voilà…
Tous les regards étaient plongés dans le mien. La boule commençait à remonter le long de ma gorge. Mes mains devenaient de plus en plus moites.
— J’ai vu dans quel état était l’extérieur, je ne veux pas vous mentir, c’est… Vraiment… Catastrophique. Mais, mon excursion m’a permis de recueillir des informations.
Je pris une grande inspiration pour me donner du courage. Tout le monde m’écoutait en silence.
— Premièrement, il y a encore des créatures dehors et elles ne sont pas amicales.
Les gens se jetèrent des regards inquiets.
— Deuxièmement, on peut combattre ces créatures, avec ceci !
Je montrai alors mon Altereur. Les gens paraissaient perplexes. Une voix grave s’éleva.
— Avec un Altereur ?
Aussitôt je hochai la tête.
— Oui ! Je vais vous expliquer. Je ne sais pas pourquoi, mais, quand on utilise le mode Gameur, et qu’on s’équipe d’une arme, on peut les blesser.
La même voix répliqua. Je devinais que cette personne allait poser problème.
— Et pourquoi pas avec un flingue ou un couteau ?
Les gens acquiesçaient. Je mimai alors mon explication pour que tout le monde puisse comprendre.
— Si vous allez dehors et vous combattez avec une arme comme une tige en métal, vous verrez qu’elle rebondira sur la créature, sans rien lui faire.
— Attendez ! Quoi ?
Un homme au menton anguleux, aux cheveux mi-longs et blonds, se leva. Son visage était marqué par le mépris.
— Comment savez-vous ça ? Vous avez des preuves ?
Ses paroles étaient froides et ses yeux bleus me regardaient avec arrogance, comme s’il s’attendait que je m’excuse pour une erreur que je n’avais pas commise. J’aurais aimé tant l’envoyer balader, mais ce n’était pas vraiment le moment.
— Dehors, je me suis fait attaquer par ces créatures. Seul l’Altereur m’a permis de me défendre. Mais au pire, vous pouvez tester ça à l’extérieur.
L’homme ne dit rien, préférant s’asseoir en silence. Mais ses yeux ne me quittèrent pas. Il resta digne jusqu’à la fin.
— Bon… J’aimerais savoir qui ici à un Altereur et des cartouches ?
Plus d’une dizaine de mains se levèrent, dont celle de l’homme malpoli. Sans grande surprise, la moitié était des enfants ou des adolescents, il y avait très peu d’adultes. Même avec toute la volonté du monde, je n’allais sûrement pas envoyer des enfants au combat. Résultat, nous étions très peu nombreux pour défendre la base.
— Je vois… Dernière chose, il faudra qu’on aille chercher de la nourriture et de l’eau à l’extérieur, sans quoi, on mourra de faim avant que les secours arrivent…
— S’ils arrivent un jour !
Cette phrase ne venait pas de mon frère, Vick, mais d’une autre personne. D’un jeune homme coiffé d’un bonnet kaki. Son regard gris était franc et droit. Il faisait partie de ceux qui avaient en leur possession un Altereur pour combattre.
— Pardon ?
Face à ma confusion, il continua poliment.
— Je m’excuse de vous couper la parole. Mais j’aimerais mettre en avant une petite observation.
— Oui…
— Ça fait presque 24 h que cet évènement a eu lieu, on est d’accord ?
— Oui…
— Vous trouvez ça normal, qu’il n’y ait ni pompier ni flic. Je ne parle même pas des urgences.
J’avais l’impression de subir un interrogatoire, comme si j’étais la cause de ce chaos. Un peu stressée par la tournure de la discussion, je lui répondis rapidement.
— Peut-être que ces créatures les ralentissent.
— Ok ! Je veux bien. Mais les militaires ? Les journalistes ?
À cette question, mes joues se raidirent.
— Journalistes ?
Cet homme, il avait raison. Tout comme Vick, il avait remarqué que quelque chose clochait. Moi aussi, j’en étais consciente. Normalement, on aurait dû voir des secours, des pompiers, l’armée et des reporters. Ce silence n’était pas naturel et ça m’inquiétait bien plus que l’apparition de ces monstres.
— Dehors, il n’y a aucun hélicoptère ! Pas un bruit ! Comme si on était complètement en quarantaine. Personnellement, je crois que personne ne viendra nous sauver.
Les gens commençaient à parler entre eux, les voix s’élevaient. Ils étaient angoissés, apeurés. Ils avaient peur… De mourir.
De faim ? De soif ? De maladie ?
Ou dévorer par ces choses qui rôdaient dans la ville.
La panique allait bientôt les gagner. Il fallait que je les calme.
— STOP ! On se calme !
De ma plus grosse voix, j’arrêtai net tout le monde.
— J’avoue que moi-même, je ne sais pas s’il y aura des secours rapidement. Mais, je suis sûre qu’ils viendront. Ils ne savent rien de notre situation. On ne sait rien de la leur. Mais ça n’empêche pas qu’il faille se battre et survivre jusqu’à leur arriver. On doit manger, boire, dormir et on devra peut-être même combattre ces créatures. Mais ce n’est pas comme si on était désarmé. Si on s’organise, on peut survivre. Il faut juste ne pas paniquer et que tout le monde y mette du sien !
— Je suis d’accord avec la demoiselle.
Jean, l’homme de sécurité posa chaleureusement sa main sur mon épaule, appuyant mes propos.
— Pareil.
Vick me sourit et me montra son soutien. Telle une traînée de poudre, de nombreuses personnes acquiescèrent, les traits de leurs visages paraissaient soulagés. Même l’homme au bonnet fit un large sourire. À croire qu’il l’avait fait exprès.
Mais pourquoi ?
— Bref… Hein… Parmi ceux qui ont des Altereurs de combat, si on peut appeler ça comme ça… Qui est volontaire pour aller chercher des vivres ?
Presque toutes les mains se levèrent, dont celle de mon frère et des plus jeunes.
— Désolé, de vous dire ça. Mais je refuse les enfants… Vick c’est non, pareil pour vous !
Je fis signe aux plus jeunes de baisser leurs mains.
— Oh ! Eh ! Oh ! J’ai 17 ans maintenant, je suis plus un enfant !
Vick s’approcha de moi, mécontent. Je ripostai, essayant de lui faire comprendre mon point de vue.
— Peut-être, mais je ne prendrais pas le risque que tu sois blessé.
— Ce ne serait pas du favoritisme, ça ?
Je soupirai, et le regardai avec dédain.
— Tu te fiches de moi là ? Sérieusement !
— Oui, je suis sérieux. Je veux venir !
— Non !
J’étais catégorique, pourtant ça n’empêcha pas à mon frère de faire un sourire sarcastique.
— Écoute, que ce soit avec ou sans toi, j’irais dehors !
Sous le choc, mes yeux vacillèrent.
— Tu préfères que je meure dehors, ou que je sois avec toi et que tu puisses me protéger ?
— Tu n’oserais pas…
— Tu sais très bien que je suis têtu.
Je grinçai des dents. J’étais furieuse.
— Toi…
Je serrais le poing. J’étais si furieuse que mon corps tremblait. J’aimerais tellement lui donner une petite tape à l’épaule juste pour me calmer les nerfs. Mais ça ne se faisait pas.
Franchement, Vick avait le don de trouver les mots pour me mettre hors de moi. Le pire, c’est que je savais qu’il serait capable d’accomplir sa menace, juste pour me prouver que j’avais tort de le sous-estimer.
— Tu sais que j’ai envie de te frapper, là maintenant…
Mon frère montra un sourire malicieux. Il le savait, il avait gagné. Il avait cette habitude de jouer avec mes faiblesses. Je détestais ça. Un jour, c’est sûr, je n’arriverais pas à me retenir.
— Je sais…
Je soupirai, évacuant le plus de colère possible. Je posai ma main sur mon visage et penchai ma tête en arrière en signe de défaite.
— Bon, c’est d’accord.
Vick m’offrit son plus grand sourire, je pouvais presque le voir sautiller sur place tellement il était heureux.
Je sentis alors quelqu’un tirer ma manche.
— Oui ?
C’était Jim, le garçon aux cheveux teints. Il me regarda avec ses yeux noirs.
— Toi aussi, tu veux venir ?
Avec son visage inexpressif, il acquiesça. Moi qui ne voulais mettre aucun enfant en danger, je me retrouvais à en baby-sitter deux. Je savais que j’allais devoir surveiller attentivement Vick. Il était parfois tête en l’air.
Par contre, pour ce jeune garçon, je ne savais pas à quel point je devrais l’avoir à œil. Toutefois, il m’avait l’air mature…
Peut-être trop ? J’ai encore cette sensation bizarre vis-à-vis de lui.
Mais d’où vient-elle ?
Je me tournai vers Jean et les sept jeunes enfants. Ils devaient avoir respectivement entre huit et dix ans. Je n’allais sûrement pas céder avec eux. Heureusement, leur regard apeuré m’indiqua qu’ils n’allaient pas me forcer la main.
— Jean, je peux te laisser ces enfants.
Je m’accroupis pour être à leur niveau.
— Puis-je vous demander de rester là avec Jean pour protéger les lieux ? Je sais que ça peut faire peur. Mais vous êtes les seuls qui à pouvoir faire ça. Compris ?
Doucement, les enfants hochèrent de la tête. Ils avaient l’air heureux qu’on leur donne une mission moins dangereuse. Je me relevai, leur souriant une dernière fois. Puis je fixai Jean.
— Jean, je te les confie.
— Compte sur moi.
Jean frappa son poing contre sa poitrine. Son geste fut si violent qu’il se mit à tousser.
— Ça va ?
En réponse, il me fit signe que tout allait bien. Soulagée, je soupirai et regardai notre groupe d‘excursion. En nous comptant, moi et Vick, nous étions sept personnes. Je ne pouvais pas dire que nous étions nombreux. Je ne sais même pas s’il serait possible pour nous de ramener tout ce dont nous avions besoin du premier coup. Toutefois, une petite troupe voulait dire que les monstres allaient moins nous remarquer. Ce qui était une bonne chose.
Mais avant de partir, il fallait que je vérifie si tout le groupe avait de quoi se défendre dans l’éventualité où nous croisions une de ces créatures.
— Pouvez-vous tous invoquer une arme offensive ?
Tout le monde me répondit positivement, ce qui était un vrai soulagement. J’avais peur de devoir exclure une personne, ce qui aurait encore plus réduit notre groupe.
— Excuse-moi. Kate, c’est ça ?
L’homme au bonnet se rapprocha de moi, m’offrant un sourire amical. Je vis ainsi qu’il avait les cheveux noirs sous son couvre-chef.
— Oui ?
— Je voudrais savoir, où allons-nous ?
À mon tour, je souris, contente d’entendre une telle question. Je partageai alors mon idée.
— Je sais que non loin d’ici se trouve un centre commercial. On trouvera facilement là-bas de quoi manger, boire. Il y a aussi une pharmacie et d’autres boutiques. J’espère revenir avec de quoi rendre notre séjour plus confortable.
— Je vois ! Désolé de te demander ça. Mais, comme je ne connais pas la ville…
Je sursautai. Ainsi, cet homme n’était pas d’ici. L’idée qui soit un touriste me traversa l’esprit. C’est sûr, il vivait actuellement les pires vacances du monde. Il devait regretter d’être venu dans notre grande ville.
J’affichai un sourire désolé.
— Je comprends ! Vick et moi connaissons bien le quartier, donc on pourra vous guider.
L’homme au bonnet vert secoua la tête. La demande close, je me mis à réfléchir.
C’est vrai, je connais assez bien les alentours. Mais seulement une certaine section de la ville. Celle que mon frère et moi avions l’habitude de vivre. Par contre, s’il fallait sortir de notre zone de confort, comme se rendre dans le quartier industriel ou touristique. Je ne sais pas si je serais capable de trouver de la nourriture sans une carte. Il fallait absolument en prendre une lors de notre expédition.
Je regrettais de ne pas avoir un crayon et un bloc-notes à proximité. Avoir une liste de course aurait tellement été mieux pour éviter d’oublier quelque chose.
Pensive, je levai un sourcil tout en fixant le groupe.
— J’y pense, nous n’avons plus de moyen de communication. Donc il faudra faire vite pour éviter de nous mettre en danger. À l’extérieur, nous ne savons pas ce qui nous attend. Personne ne nous sauvera. Il faudrait donc revenir avant la tombée de la nuit.
Vick acquiesça à mes propos.
— Tu as raison. Vu le temps qu’il nous faudra pour y aller…
Je soupirai et coupai la parole à mon frère.
— Il faut que nous partions tout de suite.
Le silence tomba. Je ne sais pas ce que ces personnes pensaient. Mais je savais qu’ils s’inquiétaient. Malheureusement, nous n’avions pas le luxe de nous préparer mentalement. Nous devions nous jeter dans la gueule du loup au plus vite, sinon des problèmes surgiront.
— Bon, que chacun se prépare. Rendez-vous dans dix minutes derrière la grille. Tout le monde est Ok ?
Toutes les têtes approuvèrent. J’allais bientôt retourner en enfer. J’espérais que mon initiative ne nous conduirait pas vers une fin tragique.