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Alter Reality Chap.7 : Appétit Jurassic p.2

Voici le chapitre 7 du tome 1 de mon Light Novel Alter Reality.
Toutes les deux semaines, un chapitre sera posté. N’hésitez pas à donner votre avis.

Vous pouvez lire les chapitres précédents ici :
Chapitre 1 – Catastrophe p.1
Chapitre 2 – Catastrophe p.2
Chapitre 3 – Rescapé p.1
Chapitre 4 – Rescapé p.2
Chapitre 5 – Rescapé p.3
Chapitre 6 – Appétit Jurassic p.1

Je fus surprise de constater que Vick et moi n’étions pas les premiers arrivés au point de rendez-vous. L’homme au bonnet kaki et une femme aux cheveux ébène nous attendaient. À notre arrivée, ils sourirent tous les deux. Sur le moment, je ne savais pas comment entamer la conversation, préférant juste leur renvoyer une expression amicale.

Quant aux autres, ils ne prirent pas longtemps à apparaître. De brèves salutations furent échangées, mais pas de vraies présentations. Pour la plupart je ne savais même pas leur nom. Je me demandais comment je pourrais gagner leur confiance. C’était important de le faire, d’autant plus que j’allais peut-être combattre à leur côté.

En tête de file, je me mis à réfléchir à différents scénarios pour entamer un début de discussion. Vick n’était pas d’une grande aide, il observait avec une grande attention le paysage, cherchant sûrement une créature.

J’allais désespérer quand une main se posa sur mon épaule. Étonnée, je me retournai pour voir l’homme au bonnet, ses yeux gris me fixaient gentiment.

— Kate ? Je m’appelle Alex, je voulais m’excuser pour tout à l’heure.

Je le regardai, confuse. Que voulait-il dire par tout à l’heure ?

Je réfléchis deux secondes et repensai à son intervention lors de la réunion, quand il avait parlé des secours.

— Ah oui ! Ce n’est rien… En fait, je voudrais savoir. Vous m’avez testé, non ?

Ses yeux devinrent ronds comme des billes, puis il laissa échapper un rire maladroit.

— Ça s’est vu alors ? Je suis vraiment désolé. Mais je devais faire ça pour que les gens soient plus confiants.

Je souris.

— Vous savez Alex. Je ne cherche pas à devenir un leadeur, ou quoi que ce soit dans cette trempe.

Il baissa les yeux pendant une seconde.

— Je vois. Pourtant vos paroles ont rassuré beaucoup de personnes.

Je rigolai, gênée.

— Pour le moment, je veux juste survivre.

— Je comprends. J’espère que l’on va bien s’entendre.

Il me proposa sa main, que je serrai.

— Moi aussi.

— Au moindre problème, appelez-moi.

J’acquiesçai à son offre et il sourit de nouveau. Ce jeune homme avait vraiment un visage étincelant de gentillesse. Il dégageait aussi quelque chose de rassurant, comme l’aura d’un grand frère.

Je profitai de l’occasion pour le regarder de plus près. Il avait un visage carré, mais avec des traits doux. Il était plutôt bien bâti. Vu sa carrure, il devait être un grand sportif ou un coach.

— Vous pouvez aussi compter sur moi.

Je sentis dans mon dos une petite tape. Je me retournai pour voir un homme aux cheveux bruns coiffé d’une petite tresse au niveau de l’oreille gauche. Il avait aussi un visage carré, mais avec une barbe de deux jours, le rendant très viril. À sa proposition, je souris maladroitement.

— Merci…

Il me montra un visage surpris, comprenant que son geste était peut-être mal convenu.

— Je suis désolé de m’immiscer dans la conversation. Je m’appelle Daniel. Comme je l’ai dit, si vous avez besoin d’aide, je serais là.

Daniel semblait être quelqu’un de très gentil. Je souris à sa proposition.

Ça faisait vraiment du bien de savoir que j’avais des alliés au sein du groupe. Personnellement, j’espère que le commandement irait à Alex ou Daniel.

Alex avait l’air de savoir se battre et d’avoir un esprit vif. Quant à Daniel, il savait sûrement se défendre au même titre qu’Alex vu sa musculature. Daniel avait également un certain charme, il avait réussi à me mettre en confiance avec quelques mots.

— À moi ! À moi, maintenant !

Une femme aux cheveux noirs et au sourire malicieux apparu devant moi, elle agitait énergiquement la main. Je la regardais perplexe devant tant de dynamisme.

— Oui ?

— Salut, je m’appelle Debora, 25 ans, toujours célibataire. Heureuse d’être ici. Ah oui ! Tu peux me tutoyer.

Entre-temps, elle prit mes deux mains et les secouant vigoureusement. Sur le moment, je ne savais pas quoi dire, souriant bêtement. Debora n’avait pas l’air de faire son âge avec toute cette énergie.

Elle était vraiment belle. Des cheveux noirs courts, des yeux émeraude, un joli visage. Par contre, son accoutrement était très sexy. Il épousait bien ses formes généreuses. Personnellement, je n’aurais jamais osé porter un pantalon noir en similicuir ni un blouson gris foncé ouvert au niveau de la poitrine.

J’avais vraiment l’impression de faire pâle figure face à elle. Elle était très lumineuse. Je ne sais pas pourquoi, mais je me suis tout de suite dit que je pourrais devenir amie avec elle.

— Soyons solidaires dans ce groupe d’homme, d’accord.

Les yeux étincelant d’excitation, elle attendait une réponse de ma part.

— Oui…

— Super !

Elle leva les bras en l’air, comme si elle avait gagné un prix. Puis elle se tourna vers Vick et lui tapota dynamiquement l’épaule, au point qu’il vacillait.

— Eh ! C’est quoi, ton petit nom à toi ?

Mon frère paru perdu par cette soudaine question.

— Hmmm… Vick, je suis son frère.

À cette phrase, il pointa un doigt vers moi.

— Je vois… Je vois…

Elle paraissait satisfaite de la réponse, et se tourna vers Jim, les yeux brillants comme un chat chassant une proie.

— Jim ! Je suis Jim !

Devant ce regard, Jim tremblait, répondant sur le coup. Debora n’avait même pas eu le temps d’intervenir. Elle sourit de toutes ses dents, pour finir par interpeler le dernier survivant du groupe.

— Hé ! Beau blond, c’est quoi ton nom ?

À ces mots, l’homme fronça des sourcils derrière ses lunettes et détourna son visage, ignorant Debora. À son geste désagréable, je me mis à son niveau.

— Peut-on savoir votre nom ? C’est normal de se présenter vu que l’on va se côtoyer un moment.

L’homme fit claquer sa langue et me regarda froidement.

— William… Pour ta gouverne, je n’ai pas choisi d’être ici de mon plein gré.

Je me souvins de son visage, il était là, lors de la réunion. Sur le coup, ses beaux traits, presque féminins, ses yeux bleus, me parurent très laids. Son comportement était détestable. Je voyais bien qu’il nous regardait de haut.

Peut-être se croyait-il le plus intelligent du groupe avec sa veste de scientifique blanche ?

Mais pour ma part, il avait l’air juste d’un homme stupide et hautain.

— Si tu n’es pas content d’être là, tu peux partir, tu sais.

Je ne suis clairement pas la seule à avoir pensé du mal de lui. Rapidement, Vick lui fit une réflexion piquante. William ne parut pas étonné.

— Alors que vous avez clairement besoin de moi.

À ces mots, William montra un Altereur blanc, et il offrit à Vick un sourire superficiel. Quant à mon frère, il afficha une expression amusée.

— Oh ! Mais tu sais tu peux donner ton Altereur à quelqu’un de plus utile que toi. Des personnes dans ton style sont juste bonnes à jouer au boulet.

J’entendis quelques gloussements, je crois que Vick avait fait mouche. William lui ne rigolait pas, une ride apparut entre ses sourcils tant il était contrarié. Voyant qu’une bataille verbale allait bientôt exploser, j’agrippai mon frère par le bras le ramenant vers moi. Je lui chuchotai alors à l’oreille.

— Vick arrête. J’ai l’habitude avec toi, mais certaines personnes ne sont pas aussi clémentes que moi. Ce n’est pas le moment de se faire des ennemis.

Choqué par ma demande, Vick marmonna quelques mots et s’avança. Je soupirai, heureusement j’avais évité le pire.

Je saluai William, qui afficha un sourire victorieux. Je ne sais pas pourquoi, mais j’ai eu une subite envie de le gifler. Je rejoignis Vick rapidement, pour m’empêcher de faire quelque chose d’inexcusable.

Sur le chemin, nous croisâmes des zombies semblables à ceux d’hier. Ils n’étaient pas très nombreux et plutôt dispersés. Ce qui était une aubaine pour notre petit groupe. Seuls Vick et moi avons combattu pour éviter de fatiguer tout le monde, mais aussi, car nous avions déjà eu affaire à eux.

Personne ne parut terrifié en face de ces monstres, ce qui était une bonne chose. Je m’imaginais mal gérer ces créatures avec des combattants criants et pleurants de peur.

Une petite chose me troubla. Bizarrement le nombre de monstres, que nous rencontrions, était relativement bas. J’en avais croisé le double hier. J’aimerais bien savoir où ils étaient passés.

Avaient-ils fui la ville ? Se cachaient-ils ? Étaient-ils morts ?

Si seulement ça pouvait être le cas.

Alors que je réfléchissais, nous étions enfin arrivés à destination. Je vérifiai l’état du centre commercial.

Cet endroit n’avait rien à voir avec les bâtiments américains à plusieurs étages. Ils y avaient des magasins, mais ils étaient tous alignés côte à côte. Le seul endroit où les visiteurs pouvaient se relaxer était un petit jardin se trouvant au centre de la rue piétonne.

Des murs en pierres, quelques poutres en bois apparentes, des fenêtres en fer forgé, tout ici rappelait les vestiges de l’ancienne ville. C’est d’ailleurs pour ça qu’on appelait cette zone le vieux quartier. La banque en faisait partie, d’où son architecture dépassée.

La seule pointe de modernité était un dôme en verre qui recouvrait l’ensemble de la rue commercial, permettant de rester au sec et au frais toute l’année.

Malheureusement, à cause de l’attaque, certaines façades étaient en ruine ou écroulés. Par endroits, le dôme avait même plusieurs trous.

Je ne sais pas quelles créatures avaient fait ça, mais vu la hauteur du plafond, elles étaient soit très grandes, soit elles volaient. J’espérais qu’elles n’avaient pas fait leur nid juste à côté.

— Bon d’après ce que je vois certains magasins sont inaccessibles. Vu la taille du centre commercial et la route de retour à faire, pensez à prendre des sacs ou des caddies pour transporter la marchandise.

Alex leva la main, attendant sagement.

— Oui ?

— Je voudrais savoir ce qui est prioritaire.

Je souris doucement.

— Je pense que ce serait la nourriture et l’eau.

Alex acquiesça, puis d’un coup frappa dans ces mains pour attirer notre attention.

— Comme la dit Kate, nous prenons ce qui est directement consommable et en petite quantité, par contre il faut se jeter sur les boîtes de conserve. Nous ne savons pas combien de temps on va rester ici. D’accord ? Sinon il faudrait prendre le nécessaire pour survivre, comme des sacs de couchage, des briquets, ou des médicaments. Bref tout ce qui va rendre notre séjour plus agréable.

Tout le monde hocha la tête, sauf William qui se contenta de fixer le vide.

— La rue n’est pas très grande, donc on se disperse. Criez aux moindres dangers, mais évitez tout de même de faire trop de bruit. Il y a peut-être des créatures aux alentours.

Alex emprunta aussitôt l’entrée principale. Je vis Vick me dépasser, alors que les autres prenaient des caddies. Surprise, je courus après mon frère. Je le rattrapai quand il s’arrêta devant un magasin vide.

— Mince, c’était le moment de faire faillite.

Vick secoua sa chevelure avec sa main. Agacé, il grimaça.

— Un problème ?

Vick se tourna vers moi et soupira.

— Rien de grave. Je croyais que je pourrais trouver des cartouches et des consoles. Mais le magasin a fermé.

— Tu sais que même s’il était encore là, sans électricité…

Vick leva les yeux au ciel.

— Je sais ! Je sais ! Mais dans le doute. Plus tard ça aurait pu nous servir et avoir le choix au niveau des armes aurait été utile.

Je tapotai son épaule, et lui lançai un regard compatissant.

— Je comprends. Mais pour l’instant, va chercher à manger. Moi, je m’occupe des médicaments.

Vick sourit timidement.

— Oui, ce serait le comble de mourir de faim ou d’une égratignure.

Je rigolai et laissai Vick derrière moi. Maintenant, direction la pharmacie, elle se trouvait à plusieurs mètres, après une dizaine de magasins.

Il ne fallut pas longtemps pour voir la croix verte indiquant son emplacement. Arrivée devant la vitrine, je vis que l’entrée était complètement obstruée par des gravats. Le magasin d’à côté s’était à moitié écroulé, fermant tout accès à la pharmacie.

Agacée, je me mis à chercher une entrée sur le côté. Mais le mur qui séparait les deux boutiques n’avait pas été ébranlé. Ce qui voulait dire que l’intérieur de la pharmacie était peut-être encore intact. De l’autre côté de ces pierres, se trouvait de quoi nous soigner. Mais je ne pouvais pas atteindre ce trésor. Pour l’instant, il faudra survivre sans soins médicaux.

Je mis mes deux mains sur le côté de ma bouche et pris une grande inspiration.

— La pharmacie est HS. Si quelqu’un trouve des médicaments, dites-le-moi.

Je sais qu’on avait dit de faire le moins de bruit possible. Mais n’ayant aucun moyen de communication, il fallait que j’avertisse les autres.

Je tendis l’oreille, entendant au loin l’écho de réponse. C’est bon, tout le monde m’avait entendue. Je n’avais plus qu’à faire une autre course.

— Hé… Hé… Au… On… là !!

Je me figeai. Il me semblait avoir entendu une voix. Je me retournai vers le tas de pierres et j’ouvris grand les yeux. Quelqu’un était dans la pharmacie. J’en étais sûre, j’avais entendu quelqu’un.

— Ohhh ! Il y a quelqu’un !! Répondez-moi !

Je hurlai quitte à me casser la voix. Puis je m’arrêtai brusquement, attendant une réponse.

— Ici… On est… Là… Derrière…

Comme j’étais plus attentive, je remarquai que la réponse était un mélange de nombreuse voix. Il y avait plusieurs survivants. Paniquée, je cherchai quoi faire.

La première chose qui me vint à l’esprit était de les avertir que j’allais les aider. Il fallait également que je réunisse les autres pour déblayer le chemin.

— Écoutez. Je vais vous aider, attendez quelques minutes. Je vais chercher d’autres personnes.

— Ok… D’accord… Ok…

Aussitôt, je criai à plein poumon au milieu de la rue. Rapidement, Vick arriva avec un visage troublé, suivis de Debora et d’Alex. William, Daniel et Jim arrivèrent de l’autre côté.

Essoufflé, Vick me regarda, cherchant à comprendre mon cri soudain.

— Qu’est-ce qui se passe ? Tu es attaqué ?

— Non ! Ça va ! Le problème, c’est ça !

Je pointai les pierres, Vick et les autres montrèrent un visage confus.

— Il y a des gens prisonniers dans le magasin.

Tout le monde fut étonné.

— Tu es sérieuse ?

Daniel me regarda avec un visage posé. Je hochai la tête.

— Ok, il va falloir faire vite alors ! Tout le monde va aider. On va bouger les pierres une par une.

Tout le groupe laissa en plan leurs provisions, préférant aider. En un rien de temps, le tas de pierres se retrouva de l’autre côté de la chaussée. Il ne restait que quelques-unes qui obstruaient l’entrée.

Nous savions que nous touchions au but, quand nous vîmes une main sortir d’un trou.

— On est là… Vous nous entendez mieux ?

La première chose que je fis, c’est de me rapprocher du trou.

— Oui, on vous entend. Éloignez-vous le plus possible, on va enlever les dernières pierres.

La main leva le pouce en l’air et disparut dans les ténèbres. Le cœur rempli d’excitation, nous nous pressâmes de retirer les derniers obstacles. Rapidement, le dessus de la porte fut dégagé. Daniel grâce à sa grande taille put y jeter un coup d’œil. Il se retourna ensuite vers nous, avec une expression troublée.

— Bon ! Bonne et mauvaise nouvelle.

Anxieuse, je le regardai, m’imaginant le pire.

Il y avait des monstres ? Des blessées ? Des morts ?

— Ils sont quatre et ils ont l’air en bonne santé. Le problème, c’est qu’il va falloir tout déblayer avant de les faire sortir de là.

Je le regardai perplexe. C’est alors que Vick m’ôta les mots de la bouche.

— Ils ne peuvent pas passer par-dessus ?

Daniel sourit maladroitement et jeta un coup d’œil en arrière.

— Il y a quelqu’un en fauteuil roulant là derrière.

Tout le groupe laissa échapper un hoquet de surprise. La situation était claire, nous allions transpirer encore un moment. Il était hors de question de laisser quelqu’un derrière nous.

Je pris une des pierres et la jetai sur le tas de gravats. Les autres firent de même.

À la fin, nous étions épuisés et en sueur. Mais, nous fûmes récompensées par des sourires chaleureux. L’entrée était complètement nettoyée.

Je rentrai dans la pharmacie pour vérifier l’état de tout le monde.

— Ça va ? Je m’appelle Kate. Voici Vick, Debora, William, Jim, Alex et Daniel.

Calmement, je présentais le groupe un à un. Les survivants nous regardâmes les yeux remplis de gratitude. Je vis même une des femmes pleurer de soulagement.

— Comment vous êtes-vous retrouvé là ?

Une femme en blouse bleue se rapprocha de moi.

— Lors de l’attaque, mes clients et moi, nous nous sommes retrouvés emprisonnés ici. Soudainement, le mur s’est écroulé. On a entendu des hurlements et des explosions. On a bien sûr attendu les secours. Mais personne n’est venu. C’était quoi ? Une attaque terroriste ? Où est la police ?

À ces questions, tout le monde se regarda et baissa les yeux. Ces gens n’étaient pas au courant de l’état actuel de la ville. Comment allait-il réagir en voyant l’extérieur ?

— C’est une histoire compliquée… Mais avant, essayez de vous calmer, d’accord ?

Quatre paires de yeux me regardèrent, confuse. Entre-temps, je me tournai vers les autres.

— Le temps que je leur parle, allez chercher la nourriture que vous avez réunie. On part d’ici dès que vous êtes tous revenu.

Le groupe acquiesça et se dispersa. Je soupirai et me tournai vers les autres survivants.

— Pour le moment, sortons de ce magasin.

Je jetai un coup d’œil vers l’homme en fauteuil roulant. Il avait l’air d’avoir dans la trentaine. Son visage était fin et délicat. De dos, on pourrait presque le confondre avec une femme, surtout à cause de ses longs cheveux blonds.

Je voyais bien qu’il avait du mal à bouger, je lui proposai ainsi mon aide.

— Vous voulez que je vous aide à avancer ?

Il me fixa avec ses doux yeux bleus et me sourit.

— Merci. Je suis désolé. Normalement, je me débrouille tout seul. Mais ce fauteuil a décidé de tomber en panne.

C’était rare de voir une personne handicapée avec un fauteuil roulant qui ne soit pas électrique. Actuellement, tous les appareils étaient créés pour être les plus fonctionnels possible et à la porter de tous. Ce n’était donc pas étonnant qu’il ne sache pas trop se déplacer librement sans l’aide du moteur. En plus, les quelques morceaux de pierres qui tapissaient le sol n’aidaient pas non plus.

— Merci. Au fait, je m’appelle Jimmy.

Enfin dehors, Jimmy me tendit la main que je serrai. Puis, je constatai que les autres n’étaient toujours pas de retour.

— Bon, je crois qu’on va avoir un moment pour discuter.

Je leur expliquai toute l’histoire. Au fur et à mesure de mon récit, ils devinrent troublés et effrayés.

— Je… Je suis désolée…

Gênée, je m’excusai en baissant les yeux.

— Pas besoin de ça. Ce n’est pas de votre faute. Vous nous avez même sauvés.

Un homme aux cheveux brun très court me sourit maladroitement. Je remarquai qu’il tenait fermement la main d’une des survivantes, qui retenait ses larmes. Il devait être en couple. Au moins, ils étaient ensemble pour surmonter cette épreuve.

— Vous savez ce qui a causé ça ? Avez-vous eu…

— Ehhhh

Alors que Jimmy me parlait avec une expression sérieuse, il fut interrompu par un cri au loin. Je me tournai, voyant Debora courir, à ses côtés se trouvait un jeune garçon aux cheveux noirs en bataille. Surprise, je m’avançai vers elle.

— Debora ? C’est…

Debora m’offrit un sourire victorieux.

— J’ai trouvé ce petit garçon. Il était recroquevillé, attendant sagement derrière le comptoir d’une boutique de chaussures.

Je n’osai pas lui demander ce qu’elle cherchait dans ce magasin, préférant me pencher vers le jeune garçon. Il ne devait pas avoir plus de dix ans. Ses yeux verts pétillaient d’excitation. Il n’avait pas l’air effrayé par la situation, ce qui me parut bizarre.

— Tu t’appelles ?

— Tam ! Debora m’a tout expliqué. Les monstres qui sont sortis de jeux vidéo… Le monde en apocalypse…

Tam sourit de plus en plus à chaque mot, comme s’il se forçait.

— Tu étais seul ici ? Pas de parent ? D’amis ?

À cette question, Tam se figea, ses yeux tombèrent et il ne dit rien. J’en concluais qu’il y avait bien eu des gens avec lui. Mais il ne semblait pas vouloir en parler. J’aurais bien voulu en savoir plus. Mais je ne continuai pas mon interrogatoire, de peur qu’il ne se braque. Je lui demanderais plus tard, quand il aura fait le tri dans sa tête.

Je regardai amicalement Debora.

— Bon travail !

Contente du compliment, Debora fit le signe de la victoire. Juste après, le reste du groupe nous rejoignit. Au total, nous avions cinq personnes, en plus, des sacs et des caddies remplies de provisions. Cette journée avait été fructueuse. Il ne restait plus qu’à rentrer à la base.

Alter Reality Chap.6 : Appétit Jurassic p.1

Voici le chapitre 6 du tome 1 de mon Light Novel Alter Reality.
Toutes les deux semaines, un chapitre sera posté. N’hésitez pas à donner votre avis.

Vous pouvez lire les chapitres précédents ici :
Chapitre 1 – Catastrophe p.1
Chapitre 2 – Catastrophe p.2
Chapitre 3 – Rescapé p.1
Chapitre 4 – Rescapé p.2
Chapitre 5 – Rescapé p.3

Kate – Dans la banque

J’étais épuisée. Comment bien dormir en sachant que des créatures vagabondaient juste à côté ?

J’ai donc passé la moitié de la nuit à monter la garde. Jean, le gardien, m’a gentiment relevé après cinq heures. Pour lui, c’était impensable qu’une jeune fille ne fasse pas ses huit heures de sommeil.

S’il savait le nombre de nuits blanches que j’ai à mon actif. Tout ça pour rendre mon travail à temps.

Lorsque j’ouvris les yeux, le soleil venait juste de se lever. Comme prévu, je n’avais pas dormi sereinement. Mon organisme tout entier m’a maintenue dans un sommeil semi-éveillé.

Je n’avais jamais ressenti ça. Depuis hier, mon instinct de survie essayait de s’approprier mon cerveau. J’avais l’impression de redevenir la proie que nous, humain, étions à l’âge de pierre. Tremblante, apeurée et désarmée face à de grands carnivores.

Toutefois, il fallait agir. Nous devions nous procurer de quoi boire, manger et dormir confortablement. Tout pour vivre avec un minium de décence. Je devais en parler aux autres survivants.

En premier lieu, j’en ai discuté avec notre cher gardien, qui a trouvé que l’idée était bonne. Il m’a même demandé de le faire. Alors que ce rôle était plutôt fait pour un homme de loi. Il m’a simplement répondu qu’un vieux rondouillard ne serait pas pris au sérieux.

Alors que devrait dire une gamine de 22 ans ?

Sur le coup, je me suis sentie bien seule.

J’informai également Vick de mon plan, qui salua mon initiative. Il jugea aussi que je devais le faire. Je crois qu’il voulait surtout me refiler la corvée. Il sait très bien que je n’aime pas parler devant un public.

Comme me l’avait suggéré Jean, je me mis devant la porte circulaire, pour que tout le monde puisse me voir.

— Excusez-moi. J’ai quelque chose à vous dire.

Aussitôt toutes les têtes se tournèrent vers moi. Je sentis une boule s’agiter à l’intérieur de mon estomac.

— Je me présente, je m’appelle Kate. Je suis la jeune fille qui est partie hier et revenue dans la soirée avec un groupe de survivants. Voilà…

Tous les regards étaient plongés dans le mien. La boule commençait à remonter le long de ma gorge. Mes mains devenaient de plus en plus moites.

— J’ai vu dans quel état était l’extérieur, je ne veux pas vous mentir, c’est… Vraiment… Catastrophique. Mais, mon excursion m’a permis de recueillir des informations.

Je pris une grande inspiration pour me donner du courage. Tout le monde m’écoutait en silence.

— Premièrement, il y a encore des créatures dehors et elles ne sont pas amicales.

Les gens se jetèrent des regards inquiets.

— Deuxièmement, on peut combattre ces créatures, avec ceci !

Je montrai alors mon Altereur. Les gens paraissaient perplexes. Une voix grave s’éleva.

— Avec un Altereur ?

Aussitôt je hochai la tête.

— Oui ! Je vais vous expliquer. Je ne sais pas pourquoi, mais, quand on utilise le mode Gameur, et qu’on s’équipe d’une arme, on peut les blesser.

La même voix répliqua. Je devinais que cette personne allait poser problème.

— Et pourquoi pas avec un flingue ou un couteau ?

Les gens acquiesçaient. Je mimai alors mon explication pour que tout le monde puisse comprendre.

— Si vous allez dehors et vous combattez avec une arme comme une tige en métal, vous verrez qu’elle rebondira sur la créature, sans rien lui faire.

— Attendez ! Quoi ?

Un homme au menton anguleux, aux cheveux mi-longs et blonds, se leva. Son visage était marqué par le mépris.

— Comment savez-vous ça ? Vous avez des preuves ?

Ses paroles étaient froides et ses yeux bleus me regardaient avec arrogance, comme s’il s’attendait que je m’excuse pour une erreur que je n’avais pas commise. J’aurais aimé tant l’envoyer balader, mais ce n’était pas vraiment le moment.

— Dehors, je me suis fait attaquer par ces créatures. Seul l’Altereur m’a permis de me défendre. Mais au pire, vous pouvez tester ça à l’extérieur.

L’homme ne dit rien, préférant s’asseoir en silence. Mais ses yeux ne me quittèrent pas. Il resta digne jusqu’à la fin.

— Bon… J’aimerais savoir qui ici à un Altereur et des cartouches ?

Plus d’une dizaine de mains se levèrent, dont celle de l’homme malpoli. Sans grande surprise, la moitié était des enfants ou des adolescents, il y avait très peu d’adultes. Même avec toute la volonté du monde, je n’allais sûrement pas envoyer des enfants au combat. Résultat, nous étions très peu nombreux pour défendre la base.

— Je vois… Dernière chose, il faudra qu’on aille chercher de la nourriture et de l’eau à l’extérieur, sans quoi, on mourra de faim avant que les secours arrivent…

— S’ils arrivent un jour !

Cette phrase ne venait pas de mon frère, Vick, mais d’une autre personne. D’un jeune homme coiffé d’un bonnet kaki. Son regard gris était franc et droit. Il faisait partie de ceux qui avaient en leur possession un Altereur pour combattre.

— Pardon ?

Face à ma confusion, il continua poliment.

— Je m’excuse de vous couper la parole. Mais j’aimerais mettre en avant une petite observation.

— Oui…

— Ça fait presque 24 h que cet évènement a eu lieu, on est d’accord ?

— Oui…

— Vous trouvez ça normal, qu’il n’y ait ni pompier ni flic. Je ne parle même pas des urgences.

J’avais l’impression de subir un interrogatoire, comme si j’étais la cause de ce chaos. Un peu stressée par la tournure de la discussion, je lui répondis rapidement.

— Peut-être que ces créatures les ralentissent.

— Ok ! Je veux bien. Mais les militaires ? Les journalistes ?

À cette question, mes joues se raidirent.

— Journalistes ?

Cet homme, il avait raison. Tout comme Vick, il avait remarqué que quelque chose clochait. Moi aussi, j’en étais consciente. Normalement, on aurait dû voir des secours, des pompiers, l’armée et des reporters. Ce silence n’était pas naturel et ça m’inquiétait bien plus que l’apparition de ces monstres.

— Dehors, il n’y a aucun hélicoptère ! Pas un bruit ! Comme si on était complètement en quarantaine. Personnellement, je crois que personne ne viendra nous sauver.

Les gens commençaient à parler entre eux, les voix s’élevaient. Ils étaient angoissés, apeurés. Ils avaient peur… De mourir.

De faim ? De soif ? De maladie ?

Ou dévorer par ces choses qui rôdaient dans la ville.

La panique allait bientôt les gagner. Il fallait que je les calme.

— STOP ! On se calme !

De ma plus grosse voix, j’arrêtai net tout le monde.

— J’avoue que moi-même, je ne sais pas s’il y aura des secours rapidement. Mais, je suis sûre qu’ils viendront. Ils ne savent rien de notre situation. On ne sait rien de la leur. Mais ça n’empêche pas qu’il faille se battre et survivre jusqu’à leur arriver. On doit manger, boire, dormir et on devra peut-être même combattre ces créatures. Mais ce n’est pas comme si on était désarmé. Si on s’organise, on peut survivre. Il faut juste ne pas paniquer et que tout le monde y mette du sien !

— Je suis d’accord avec la demoiselle.

Jean, l’homme de sécurité posa chaleureusement sa main sur mon épaule, appuyant mes propos.

— Pareil.

Vick me sourit et me montra son soutien. Telle une traînée de poudre, de nombreuses personnes acquiescèrent, les traits de leurs visages paraissaient soulagés. Même l’homme au bonnet fit un large sourire. À croire qu’il l’avait fait exprès.

Mais pourquoi ?

— Bref… Hein… Parmi ceux qui ont des Altereurs de combat, si on peut appeler ça comme ça… Qui est volontaire pour aller chercher des vivres ?

Presque toutes les mains se levèrent, dont celle de mon frère et des plus jeunes.

— Désolé, de vous dire ça. Mais je refuse les enfants… Vick c’est non, pareil pour vous !

Je fis signe aux plus jeunes de baisser leurs mains.

— Oh ! Eh ! Oh ! J’ai 17 ans maintenant, je suis plus un enfant !

Vick s’approcha de moi, mécontent. Je ripostai, essayant de lui faire comprendre mon point de vue.

— Peut-être, mais je ne prendrais pas le risque que tu sois blessé.

— Ce ne serait pas du favoritisme, ça ?

Je soupirai, et le regardai avec dédain.

— Tu te fiches de moi là ? Sérieusement !

— Oui, je suis sérieux. Je veux venir !

— Non !

J’étais catégorique, pourtant ça n’empêcha pas à mon frère de faire un sourire sarcastique.

— Écoute, que ce soit avec ou sans toi, j’irais dehors !

Sous le choc, mes yeux vacillèrent.

— Tu préfères que je meure dehors, ou que je sois avec toi et que tu puisses me protéger ?

— Tu n’oserais pas…

— Tu sais très bien que je suis têtu.

Je grinçai des dents. J’étais furieuse.

— Toi…

Je serrais le poing. J’étais si furieuse que mon corps tremblait. J’aimerais tellement lui donner une petite tape à l’épaule juste pour me calmer les nerfs. Mais ça ne se faisait pas.

Franchement, Vick avait le don de trouver les mots pour me mettre hors de moi. Le pire, c’est que je savais qu’il serait capable d’accomplir sa menace, juste pour me prouver que j’avais tort de le sous-estimer.

— Tu sais que j’ai envie de te frapper, là maintenant…

Mon frère montra un sourire malicieux. Il le savait, il avait gagné. Il avait cette habitude de jouer avec mes faiblesses. Je détestais ça. Un jour, c’est sûr, je n’arriverais pas à me retenir.

— Je sais…

Je soupirai, évacuant le plus de colère possible. Je posai ma main sur mon visage et penchai ma tête en arrière en signe de défaite.

— Bon, c’est d’accord.

Vick m’offrit son plus grand sourire, je pouvais presque le voir sautiller sur place tellement il était heureux.

Je sentis alors quelqu’un tirer ma manche.

— Oui ?

C’était Jim, le garçon aux cheveux teints. Il me regarda avec ses yeux noirs.

— Toi aussi, tu veux venir ?

Avec son visage inexpressif, il acquiesça. Moi qui ne voulais mettre aucun enfant en danger, je me retrouvais à en baby-sitter deux. Je savais que j’allais devoir surveiller attentivement Vick. Il était parfois tête en l’air.

Par contre, pour ce jeune garçon, je ne savais pas à quel point je devrais l’avoir à œil. Toutefois, il m’avait l’air mature…

Peut-être trop ? J’ai encore cette sensation bizarre vis-à-vis de lui.

Mais d’où vient-elle ?

Je me tournai vers Jean et les sept jeunes enfants. Ils devaient avoir respectivement entre huit et dix ans. Je n’allais sûrement pas céder avec eux. Heureusement, leur regard apeuré m’indiqua qu’ils n’allaient pas me forcer la main.

— Jean, je peux te laisser ces enfants.

Je m’accroupis pour être à leur niveau.

— Puis-je vous demander de rester là avec Jean pour protéger les lieux ? Je sais que ça peut faire peur. Mais vous êtes les seuls qui à pouvoir faire ça. Compris ?

Doucement, les enfants hochèrent de la tête. Ils avaient l’air heureux qu’on leur donne une mission moins dangereuse. Je me relevai, leur souriant une dernière fois. Puis je fixai Jean.

— Jean, je te les confie.

— Compte sur moi.

Jean frappa son poing contre sa poitrine. Son geste fut si violent qu’il se mit à tousser.

— Ça va ?

En réponse, il me fit signe que tout allait bien. Soulagée, je soupirai et regardai notre groupe d‘excursion. En nous comptant, moi et Vick, nous étions sept personnes. Je ne pouvais pas dire que nous étions nombreux. Je ne sais même pas s’il serait possible pour nous de ramener tout ce dont nous avions besoin du premier coup. Toutefois, une petite troupe voulait dire que les monstres allaient moins nous remarquer. Ce qui était une bonne chose.

Mais avant de partir, il fallait que je vérifie si tout le groupe avait de quoi se défendre dans l’éventualité où nous croisions une de ces créatures.

— Pouvez-vous tous invoquer une arme offensive ?

Tout le monde me répondit positivement, ce qui était un vrai soulagement. J’avais peur de devoir exclure une personne, ce qui aurait encore plus réduit notre groupe.

— Excuse-moi. Kate, c’est ça ?

L’homme au bonnet se rapprocha de moi, m’offrant un sourire amical. Je vis ainsi qu’il avait les cheveux noirs sous son couvre-chef.

— Oui ?

— Je voudrais savoir, où allons-nous ?

À mon tour, je souris, contente d’entendre une telle question. Je partageai alors mon idée.

— Je sais que non loin d’ici se trouve un centre commercial. On trouvera facilement là-bas de quoi manger, boire. Il y a aussi une pharmacie et d’autres boutiques. J’espère revenir avec de quoi rendre notre séjour plus confortable.

— Je vois ! Désolé de te demander ça. Mais, comme je ne connais pas la ville…

Je sursautai. Ainsi, cet homme n’était pas d’ici. L’idée qui soit un touriste me traversa l’esprit. C’est sûr, il vivait actuellement les pires vacances du monde. Il devait regretter d’être venu dans notre grande ville.

J’affichai un sourire désolé.

— Je comprends ! Vick et moi connaissons bien le quartier, donc on pourra vous guider.

L’homme au bonnet vert secoua la tête. La demande close, je me mis à réfléchir.

C’est vrai, je connais assez bien les alentours. Mais seulement une certaine section de la ville. Celle que mon frère et moi avions l’habitude de vivre. Par contre, s’il fallait sortir de notre zone de confort, comme se rendre dans le quartier industriel ou touristique. Je ne sais pas si je serais capable de trouver de la nourriture sans une carte. Il fallait absolument en prendre une lors de notre expédition.

Je regrettais de ne pas avoir un crayon et un bloc-notes à proximité. Avoir une liste de course aurait tellement été mieux pour éviter d’oublier quelque chose.

Pensive, je levai un sourcil tout en fixant le groupe.

— J’y pense, nous n’avons plus de moyen de communication. Donc il faudra faire vite pour éviter de nous mettre en danger. À l’extérieur, nous ne savons pas ce qui nous attend. Personne ne nous sauvera. Il faudrait donc revenir avant la tombée de la nuit.

Vick acquiesça à mes propos.

— Tu as raison. Vu le temps qu’il nous faudra pour y aller…

Je soupirai et coupai la parole à mon frère.

— Il faut que nous partions tout de suite.

Le silence tomba. Je ne sais pas ce que ces personnes pensaient. Mais je savais qu’ils s’inquiétaient. Malheureusement, nous n’avions pas le luxe de nous préparer mentalement. Nous devions nous jeter dans la gueule du loup au plus vite, sinon des problèmes surgiront.

— Bon, que chacun se prépare. Rendez-vous dans dix minutes derrière la grille. Tout le monde est Ok ?

Toutes les têtes approuvèrent. J’allais bientôt retourner en enfer. J’espérais que mon initiative ne nous conduirait pas vers une fin tragique.

Alter Reality Chap.5 : Rescapé p.3

Voici le chapitre 5 du tome 1 de mon Light Novel Alter Reality.
Toutes les deux semaines, un chapitre sera posté. N’hésitez pas à donner votre avis.

Vous pouvez lire les chapitres précédents ici :
Chapitre 1 – Catastrophe p.1
Chapitre 2 – Catastrophe p.2
Chapitre 3 – Rescapé p.1
Chapitre 4 – Rescapé p.2

Kate – Magasin de prêteur sur gage

Le récit de mon frère terminé, je me massai la tête digérant toute cette histoire. J’étais surtout effarée d’apprendre que mon frère aurait pu mourir. S’il n’avait pas eu cette armure ni cet homme…

Je… Je ne sais pas ce que je serais devenue.

— Malheureusement, je ne peux pas te dire la source de ce phénomène.

Toujours dans son histoire, mon frère me coupa dans mes pensées.

— Je m’en doute. Mais c’est quand même bizarre, ces créatures qui nous ont attaquées, elles viennent…

— De jeux vidéo, je sais…

Vick le dit avec une telle facilité et fierté que j’en étais désemparée. Cette situation avait l’air de lui plaire. Ses yeux brillaient de curiosité, comme  lorsqu’il avait une énigme à résoudre.

Je le sentais mal… Il faudrait que je le surveille de près.

— Mais comment ? Je veux dire amener un monde virtuel dans notre monde, c’est déjà une chose. Mais plusieurs.

— Et encore, il y a mieux. J’ai remarqué que ces monstres commençaient à établir une sorte d’écosystème. Certaines créatures qui ne s’étaient jamais croisées avant interagissent entre elles comme le feraient des animaux.

— Ça a l’air de te plaire.

Les yeux de mon frère étincelaient d’une lueur si intense qu’ils auraient pu rendre aveugle.

— Mais c’est génial, ça veut dire qu’elles sont douées d’une capacité d’adaptation. Une intelligence artificielle créée par l’homme n’est même pas encore capable de faire ça. On a seulement créé des IA qui pouvaient faire face à des problèmes déjà programmés en elles.

— Concrètement, ça veut dire ?

— Que ces choses, ces monstres ne sont pas des programmes, mais que ce sont des êtres vivants doués d’une conscience.

Une conscience ?

Ces créatures étaient donc vivantes. C’était impossible !

Elles étaient sorties de l’imagination de leur créateur. Elle ne venait pas de mère Nature. Aucun pixel n’avait jamais tué personne et n’avait encore moins le pouvoir de la réflexion.

Qui avait provoqué ça ? Pourquoi ? Comment ?

Ou alors…

Il y avait une autre explication. C’était dingue, mais…

Ces monstres venaient-ils vraiment de nos jeux ?

Où provenaient-ils d’un univers alternatif inconnu à nos yeux ?

Mon frère prit soudainement un air sérieux.

— Il y a aussi un autre phénomène bizarre, depuis cette attaque.

— Oui ?

— Il n’y a plus de réseau, et plus de production d’électricité.

— Oui, je l’ai remarqué, impossible de se connecter sur Speak.Net

— Exact. Par contre, les Altereurs, nos seules armes, marchent. Le hasard fait bien les choses, comme on dit.

Vick n’avait pas tort. L’Altereur était le seul outil à notre disposition pour nous défendre et il fonctionnait encore. À croire que la compagnie, qui l’avait mis sur le marché, avait prévu son coup.

Je me demande ce qu’elle aura à dire là-dessus. Une chose est sûre, la technologie provenant des Altereurs n’était pas toute blanche dans cette histoire.

— Vick, mis à part cette histoire, j’espère que tu n’essayeras plus de faire face à un dinosaure terrorisé à l’avenir.

Vick haussa des épaules, comme s’il n’était pas concerné.

— Il m’a attaqué par surprise, je te signale. Je n’ai jamais cherché à le combattre.

— Ce n’est pas ce que je voulais dire.

—…

— Je suis juste…

— Inquiète, je sais.

— Tu as eu de la chance que cette armure t’ait protégé. J’espère que tu te balades toujours avec, quand tu vas à l’extérieur.

— Je t’ai parlé de…

Mon frère leva les yeux au ciel, faisant mine de passer à autre chose.

— Vick !

— Oui…

— Tu la portais, quand tu me recherchais ?

— Heu… Non…

— Pourquoi ?

Ma colère commençait à monter et Vick devait le sentir, car son sourire se raidit.

— Alors, ce n’est pas contre ma volonté, je t’assure…

— Vick !

— Comme t’expliquer ça… L’armure était à utilisation unique. Je dois la recharger en jouant une partie sur console et comme il y a plus d’électricité… Pas d’armure.

Je le regardai avec une expression sombre.

— Donc tu étais dehors sans rien pour te protéger.

— Je ne dirais pas ça, j’avais mon autre jeu, Metalboy.

— Hmmm…

Je ne sais pas ce qui m’énervait le plus, le fait que mon frère soit sorti sans aucune protection dans un monde rempli de créatures assoiffées de sang, ou qu’il soit complètement inconscient.

Bon, c’est vrai, ce n’était pas de sa faute. Le système actuel faisait que certaines cartouches devaient être rechargées en ressource en passant par une console.

Ce système de jeu était dû à un traité commercial entre Alteria et les éditeurs de jeux vidéo. C’était pour ces derniers une garantie de ne pas voir leurs technologies être développées par des concurrents. Ainsi, les joueurs devaient acheter, en plus de l’Altereur, les consoles liées au jeu.

Si, pendant d’une bataille, on se retrouvait sans munitions ou sans protection, il fallait recharger en branchant la cartouche sur la console et y jouer. De même, pour débloquer de nouveaux armements pour l’Altereur, il fallait avancer dans le jeu.

Certaines licences allaient même jusqu’à offrir des bonus comme des accessoires visuels, si le jeu était fini à 100 %. Je ne parle même pas des DLC, qui permettaient parfois de remettre un jeu au goût du jour.

Bref, un système purement commercial, qui faisait parfois débat.

Le problème c’est que nous n’avions aucune console ni électricité à disposition. Heureusement un de mes jeux avait une arme aux munitions infinies.

— Je suis désolé de vous interrompre, mais c’est moi qui ai autorisé votre frère à sortir.

Ben s’interposa gentiment entre mon frère et moi. Je pouvais voir dans ses yeux qu’il n’aimait pas les disputes.

— Je parie qu’il vous a harcelé pendant des heures.

Ben rit maladroitement.

— Vous connaissez bien votre frère. Mais il était vraiment inquiet.

— Je sais… Je sais… Mais j’aurais préféré qu’il attende sagement.

Vick se leva pour prendre sa défense.

— Attends ! Si je n’étais pas sortie, tu serais sûrement morte déchiquetée par ces reptiles.

— Oui, sûrement, mais…

— On se calme, les jeunes !

Alors que le ton recommençait à monter, Ben nous apaisa de nouveau.

— Je crois que tout le monde a compris que vous teniez l’un à l’autre.

— …

Le silence régna un petit moment, jusqu’à ce que Vick laissa échapper un petit rire.

— Héhéhé

— Ça te fait rire Vick ?

— Oui. Ça me fait plaisir de te revoir saine et sauve.

Je ne pus que sourire.

— Moi aussi.

— Bon, bah voilà. Je préfère ça. Kate !

Alors que mon frère et moi redevenions complices, Ben me montra visage grave. Il avait l’air de vouloir me demander quelque chose.

— Oui ?

— Je sais que ce n’est pas vraiment le moment pour cette conversation. Mais y avait-il avec toi d’autres survivants ? Je pourrais les abriter ici.

— Oui. Ils sont même assez nombreux.

— C’est vrai !

En entendant ma réponse, les adolescents derrière moi se levèrent pour s’approcher. Leurs yeux étaient remplis d’espoir, comme s’ils s’attendaient à avoir une bonne nouvelle. Certains d’entre eux devaient espérer voir un proche vivant. Nerveuse, je continuai de parler.

— Ils sont actuellement à l’abri dans une banque.

— Une banque ?

— Plus exactement à l’intérieur d’un coffre-fort. Ils sont sûrement plus en sécurité qu’ici, sans être offensante.

En réponse, Ben secoua sa main de gauche à droite.

— Non, non, je sais bien que ma boutique ne peut rien faire face à ce qu’il y a dehors.

De nouveau, je souris, fixant Ben.

— J’aimerais vous demander si vous voulez venir avec moi là-bas. J’avais prévu de m’y réfugier avec Vick.

— C’est assez loin ?

— Non, pas tant que ça. En plus, je n’ai pas vu beaucoup de ces créatures sur le chemin.

— Mhhhh.

— Le plus important, c’est d’être discret.

— Je vois…

Ben réfléchit, tout en regardant autour de lui.

— Il y a une possibilité d’amener du matériel ?

— Il faudrait qu’il soit transportable dans un sac à dos et léger. Car, en cas d’attaque…

— Il faudra courir. Je comprends.

Vick regarda Ben et fronça des sourcils.

— Ma sœur et moi, on peut vous défendre, mais dans le cas d’une grosse attaque.

J’acquiesçai.

— Oui. Voilà pourquoi il faut être discret.

— Moi aussi, je peux aider !

À cette voix, je tournai ma tête en direction d’un jeune garçon aux cheveux rouges, quelques mèches noires prouvaient qu’ils étaient teints.

— Tu es sûr ?

— Je ne suis pas du genre à aider les autres. Mais là, c’est une question de survie.

Le garçon avait une voix froide et claire. Je ne sais pas s’il avait une confiance parfaite en lui, ou s’il n’était pas conscient du danger. Pour appuyer ces propos, il montra son Altereur, qui était attaché à son poignet.

Je devais accepter son aide. Nous n’étions pas de trop pour protéger tout le monde. Un garde du corps en plus ne se refusait pas.

Néanmoins, quelque chose me gênait chez lui. Ce garçon était vraiment en mauvais état, ses vêtements étaient sales et troués. Son visage était fatigué, et son regard éteint, comme s’il avait vécu beaucoup trop de choses pour son âge.

Qu’avait-il vu ?

Qu’avait-il vécu ?

Je ne le saurais peut-être jamais.

— D’accord. Donc on sera trois à défendre.

Ben baissa les yeux convaincus.

— De toute façon, je crois qu’on n’a pas le choix, il faut se rassembler. Plus on sera nombreux, plus on pourra facilement être secouru. Si on se disperse, on aura du mal à nous trouver.

Vick hocha de la tête.

— C’est sûr qu’il vaut mieux faciliter les recherches.

Je fixai Ben, et lui posai la question qui me brûlait les lèvres depuis un bon moment.

— Quand voulez-vous y aller ?

— Maintenant !

J’affichai une expression perplexe face à cette réponse.

— Vous êtes sûr ?

— Oui, le plus tôt sera le mieux.

Ben se tourna vers le groupe et tapa dans ses mains, comme un professeur voulant attirer l’attention de ses élèves.

— Allez, tout le monde, préparez vos affaires et attendez-moi devant la porte de devant.

Tout le groupe se mit en action, prenant sacs, manteaux et le reste. Pendant ce temps, je sortis à l’extérieur, pour regarder les alentours.

Vick me suivit. Je lui fis un grand sourire.

— Je suis vraiment contente que tu ailles bien, Vick.

— Ton petit frère est plus solide que tu le crois, tu sais.

— Oui. Mais… Tout ça… Tous ces événements… J’ai vraiment imaginé le pire.

— Arrête d’angoisser. Toute cette histoire vient juste de commencer, il va falloir survivre jusqu’à l’arrivée des secours. Du moins s’ils viennent un jour.

Je grimaçai.

— Qu’est-ce que tu veux dire par là ?

— Ce phénomène ne touche peut-être que notre ville, ou alors le monde entier. Si c’est le cas…

Je lui lançai un regard abattu et lui coupai la parole.

— Personne ne viendra nous sauver… C’est ce que tu veux dire.

Vick soupira.

— Peut-être même que ce monde deviendra notre quotidien.

Je me mis alors à rire nerveusement.

— Tu parles comme si on était dans une de ces séries télé, où l’histoire se passe après une attaque de zombie.

— J’espère que je me trompe.

— Moi aussi…

Nous restâmes silencieux pendant un moment, méditant sur nos paroles.

Notre quotidien ?

Franchement, je ne souhaitais pas ça. Une vie où il fallait surveiller nos arrières, où il fallait se battre pour manger, boire ou vivre. Personne ne voulait ça. C’était même impensable.

C’est alors que Ben sortit sa tête de la porte, nous faisant signe de la main. Grâce à lui, je remis mes idées noires au placard.

— Eh ! C’est bon, nous sommes tous prêts.

Je pris une grande inspiration et lui répondis calmement.

— Alors, on y va !

Comme je connaissais le chemin, je me retrouvai en tête de file, accompagné de l’autre jeune garçon. Quant à Vick, il surveillait nos arrières en cas d’attaque-surprise.

Après plusieurs minutes de marche silencieuse, je décidai de commencer une conversation, pour essayer de briser la glace avec mes futurs camarades.

— En fait, comment vous appelez-vous ?

Pour commencer, je regardai mon compagnon de route aux cheveux rouges.

— Jim.

Jim ne se donna même pas la peine de me regarder. Il observait juste l’horizon, tout en remontant son écharpe rouge au niveau de sa bouche. Je fixai ensuite la fille de gauche se trouvant derrière moi.

— Et vous ?

— Sarah

La jeune fille sourit timidement, aussitôt un des garçons continua les présentations.

— Moi, je suis Jake, et lui, c’est Max

À mon tour, je souris. Vu leurs ressemblances, je me permis de leur poser une question indiscrète.

— Enchantée. Vous êtes frère ?

— Non ! Pas vraiment, nous sommes amis. On était en train de sortir de cours, quand…

Le visage des trois adolescents s’assombrit. Je préférai arrêter là, la discussion. Je sentais que leurs esprits étaient encore perturbés par les événements.

La cicatrisation allait être longue pour certains. Surtout pour des enfants qui n’avaient jamais vécu de guerre ou de catastrophe. En fait, j’étais dans le même bateau.

Heureusement, sur le chemin aucun de nous ne fut blessé. Nous n’avions subi aucune attaque. Nous croisâmes qu’une seule créature sur notre route.

À première vue, elle avait l’air inoffensive. Pourtant, Vick nous arrêta et demanda à l’observer. Au début, je ne compris pas sa requête. Mais comme il était celui qui connaissait le plus l’univers des jeux vidéo, je préférais l’écouter.

Cachée, derrière des gravats avec le reste du groupe, je regardai en silence cette petite créature. Elle était aussi grande qu’un petit ballon de football. Sa forme rappelait grossièrement celle d’un crabe. Sa carapace était de couleur crème.

La créature se déplaçait comme un chiot maladroit relevant ses pattes plus haut que nécessaire. Quand d’un coup le crabe sauta sur un cadavre humain. Sur le dos du mort, il rampa jusqu’au sommet de la tête, puis il engloba tout le crâne avec son corps. C’est alors que le cadavre fut pris de violents spasmes musculaires.

Je regardai la scène horrifiée. Cette chose était en train de dévorer le corps d’un être humain. Ce qui expliquait certainement le peu de cadavres que j’avais vu.

— On part. Il ne va pas s’occuper de nous. Mais, il vaut mieux ne pas être là quand il aura fini.

J’étais d’accord avec lui. Nous continuâmes notre route, jusqu’à atteindre les portes vitrées de la banque.

Soulagée d’être à bon port, je jetais une dernière fois un coup d’œil à la rue. Le soleil couchant embrasait de ses rayons les immeubles, dessinant de grandes ombres sur le sol. Ce paysage aurait fait une belle photo, si tout autour de nous s’il n’y avait pas que des ruines.

Le pire était d’entendre au loin le hurlement d’une créature non identifiée. Suivi d’une cacophonie de grognements qui s’éleva en réponse.

Mon corps frissonna. Bizarrement, je sentis que nous n’étions pas en sécurité, même dans cette banque.

J’espérai que Vick avait tort. Que ce nouveau monde ne deviendrait pas notre quotidien.