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Alter Reality Chap.8 : Appétit Jurassic p.3

Voici le chapitre 8 du tome 1 de mon Light Novel Alter Reality.
Toutes les deux semaines, un chapitre sera posté. N’hésitez pas à donner votre avis.

Vous pouvez lire les chapitres précédents ici :
Chapitre 1 – Catastrophe p.1
Chapitre 2 – Catastrophe p.2
Chapitre 3 – Rescapé p.1
Chapitre 4 – Rescapé p.2
Chapitre 5 – Rescapé p.3
Chapitre 6 – Appétit Jurassic p.1
Chapitre 7 – Appétit Jurassic p.2

J’aurais tellement voulu que cette sortie se termine sans accroc. Mais, le destin en avait décidé autrement.
Alors que nous étions enfin réunis et sur le départ, nous entendîmes du bruit. C’était semblable au son que ferait une armée de femmes en talons haut. C’était assez étrange, d’autant plus que nous étions les seuls humains ici.

Quelque chose de dangereux s’approchait. Le tout était de connaître le nombre et la puissance de cette menace.

Daniel fit signe aux autres de ne pas bouger.

— Ne courez pas ! Ne vous séparez pas ! Tous ceux qui peuvent se battre, préparez vos Altereurs.

Mes camarades acquiescèrent, armant leurs montres et leurs cartouches. Nous étions prêts à en découdre.

C’est alors que je les vis. Ils nous encerclaient complètement, empêchant toute fuite.

À ma gauche, je reconnus les lézards orange que Vick avait fait fuir, leur nom était Laggi. Par contre, ceux, à droite, étaient différents. Mais, ils provenaient du même univers.

Ils étaient semblables aux raptors, mais leur corps était plus fin et souple. Leurs écailles étaient rouges avec des taches noires. Ils avaient également une bosse arrondie au niveau du museau. Si on ne voyait pas leurs nombreuses canines, on aurait presque tendance à vouloir se moquer de leur tête.

Toutefois, ces petits reptiles étaient aussi dangereux que les Laggi. C’étaient de vrais carnivores, qui chassaient en bande. Mais ils ne le faisaient jamais avec des Laggi. Pour eux, ils étaient des rivaux pour la nourriture.

En clair, nous étions en plein milieu d’une dispute de territoire. Ils avaient décidé de faire de nous un casse-croûte et une excuse pour se battre. Nous étions mal tombés.

Tout en les regardant, je pris une grande inspiration, doucement je sortis de ma poche mon deuxième jeu, puis j’appuyai sur le cadran.

— MODE GAME ACTIVE !

La voix synthétique se répéta plusieurs fois, montrant que tout le monde avait fait comme moi. Alors que les monstres nous regardaient avec une grande vigilance. Daniel fit signe d’activer nos armes. Le gagnant de ce combat sera celui qui attaquera en premier.

— ACTIVATION DU JEU MONSTER KILLER !

Cette fois, je ne pris pas mon jeu Shiranui. Mon choix, c’était porté sur la grande licence Monster Killer. Ces créatures venant de ce jeu vidéo, il y avait de quoi les combattre dedans.

D’un coup, deux armes apparurent dans mes mains. Deux belles épées, une était faite d’écailles vertes, alors que l’autre, bien plus grande, était recouverte d’écailles cramoisies. Ces deux lames provenaient de deux Wyvernes, qui étaient connues pour être des âmes sœurs. D’où leur nom : Flamme sœur.

Contrairement à Shiranui, je n’avais pas de décoration pour agrémenter mon apparence. J’avais juste mes armes, ainsi qu’une petite arbalète sur mon avant-bras gauche. Celle-ci permettait d’utiliser un panel d’accessoires.

J’activai l’interface de mon arbalète et fit apparaître une petite fenêtre bleue semi-transparente. Dessus je vis les objets que j’avais en stock. Mon doigt s’arrêta sur une balle jaune. Je la sélectionnai et elle s’insèrera à l’intérieur de mon arbalète.

— Je vais utiliser une bombe flash dans 3 secondes, fermez les yeux et courez vers la gauche.

Je pointai mon arbalète vers les créatures, qui commençaient à grommeler d’impatience et à se rapprocher dangereusement.

— 1…

— 2…

— 3 !

J’appuyai sur la détente et fermai les yeux. J’entendis alors la balle touchait le sol, suivis de hurlements reptiliens. J’ouvris aussitôt les paupières pour constater que les monstres étaient complètement sonnés et perdus.

La bombe flash était une arme redoutable. Elle consistait à faire une lumière intense dès que la munition était éjectée, rentrant l’adversaire aveugle et confus pendant quelques minutes.

C’était notre chance, nous devions fuir pendant que l’ennemi était désorienté.

— On y va !

Tout en écoutant les ordres d’Alex, je courus, fendant l’air avec mes armes. Je profitai de l’occasion pour tuer ces créatures. En quelques coups, plusieurs de ces monstres tombèrent à terre, agonisants.

Je n’étais pas la seule à combattre. Vick lançait des boules d’énergie, désintégrant tout sur son passage. Debora tirait des balles à l’aide de deux pistolets bleus. Alex utilisait un simple fusil-mitrailleur. Ceux qui détenaient les armes corps à corps étaient William, Jim, Daniel et moi.

Alors que William se battait avec des gants de boxe bleus montés sur ressort. Jim et Daniel avaient chacun respectivement une épée. Un, avait une magnifique rapière, alors que l’autre avait une digne lame de chevalier.

Malheureusement, je ne pouvais pas dire d’où ces armes provenaient. Même si je suis certaine que Vick, lui, le savait.

Nous avancions ainsi rapidement vers la sortie. Elle n’était pas loin, je voyais presque l’arche en pierre qui débouchait vers l’extérieur.

Cependant, notre joie fut de courte durée. Un rugissement aigu résonna dans toute la rue, nous obligeant à nous couvrir les oreilles. Puis, une immense silhouette cramoisie apparue.

C’était un Aydrome, un reptile semblable aux petits raptors rouges. C’était en fait le mâle Alpha de la meute. Il avait donc quelques caractéristiques qui le différenciaient des autres.

Déjà sa taille : il devait faire plus de trois mètres de haut. Il avait aussi une très longue queue contrairement à ses semblables. Il avait également une peau rouge, rappelant celle des salamandres, qui se dégradait vers le violet.

Sa particularité était une grande crête en forme de hache au sommet de son crâne. Ainsi que les deux excroissances à l’arrière semblable à deux cornes.

C’était, une créature connue pour être rapide et agile. Ce n’était pas le genre de monstre que je souhaitais croiser en ce moment. Pourtant il était bien là, nous barrant le chemin.

L’Aydrome nous fixa avec ses yeux jaunes, cherchant à nous intimider. Il fit un pas en avant, se faisant le plus imposant possible. Il ne voulait pas que nous sortions de son territoire.

Je ne sais pas comment nous pouvions le combattre dans l’état actuel des choses. Sa meute, composée d’Ayprey, allait bientôt reprendre ses esprits. Les Laggi allaient en faire de même. Nous serions pris bientôt en sandwich.

Que pouvions-nous faire ? Passer sur le côté ? Faire une diversion ?

Alors que les reptiles s’agitaient derrière nous, j’essayais de penser à un plan.

C’est alors qu’un autre hurlement se fit entendre. Il était plus fort et féroce. Je me raidis, un autre grand monstre allait entrer en scène.

Dans un grand vacarme, un reptile ressemblant à un vélociraptor géant sortit d’un magasin en pulvérisant sa façade. Il avait une longue queue criblée de pics et une collerette violette et orange surplombée sa tête. Il était également recouvert d’une magnifique crête de poils blancs qui descendaient de son flanc jusqu’au bout de sa queue.

Il avait une allure féroce et digne à la fois, tout le contraire de l’Aydrome. Cette créature était connue sous le nom de Grand Laggi. Il était le mâle Alpha des Laggi. Un chef connu pour sa mâchoire robuste et son intelligence.

Nous avions là des champions. Deux créatures puissantes prêtes à batailler pour un morceau d’humain. Je ne sais même pas si nous avions la capacité de les battre. Toutefois, la venue de ce Grand Laggi était une opportunité en or. C’était la diversion que nous attendions.

Le Grand Laggi hurla sa rage contre son rival l’Aydrome. Celui-ci répondit aux provocations. Pour le moment, nous n’étions plus le centre d’intérêt. Nous avions qu’une opportunité et nous devions la saisir.

— Fuyez, en contournant le grand rouge !

Ma bouche était pâteuse, mais ça ne m’empêcha pas de crier de toutes mes forces. Comme réveillé par mon ordre, tout le monde se mit à courir. Malheureusement, notre fuite attira l’attention du grand Laggi, qui profita de l’occasion, pour happer la pharmacienne en pleine course.

Avec sa grande gueule, il l’attrapa par la tête et la jeta contre un mur. Son corps à moitié dévoré glissa le long de la pierre pour terminer par terre. Son sang rouge ruisselait entre des dalles grises.

Face à cette scène macabre, nous criâmes de peur et de surprise. Pendant ce temps, les petits Laggis se précipitèrent sur le cadavre pour profiter du festin. Les Ayprey, jalousant ce dîner, se jetèrent aussi dessus. C’est alors qu’une querelle à coups de mâchoires et de griffes s’entama entre les deux bandes.

Alors qu’ils se battaient pour savoir qui terminerait les restes, l’Aydrome nous fixa. Il était encore en chasse.

— On court et on les contourne !

Alex pointa du doigt la sortie. Nous devions absolument partir vers une zone plus large. Dans cette rue étroite, il était impossible de combattre, ou de fuir facilement. Nous étions emprisonnés sur place.

Le groupe se divisa en deux, un contourna les monstres par la gauche et l’autre par la droite. J’avais choisi la deuxième option. Malheureusement, le grand Laggi se tourna vers moi, m’immobilisant sur place.

Ce monstre m’avait choisie comme sa prochaine proie. Il fit un bond en avant, pour me barrer la route. Bien décidée à me défendre, je courus vers lui et lui donnai quelques coups au niveau de ses pattes arrière.

En réponse, il riposta avec un violent coup de patte, me faisant tomber par terre. Puis, il me répliqua avec un coup de queue. L’attaque était si puissante qu’elle m’éjecta en arrière, me faisant percuter la porte d’une boutique.

Mon dos me faisait mal, j’étais effrayée et sonnée. Alors que je relevais la tête pour reprendre mes esprits, je vis deux yeux orange qui me fixaient.

Sa mâchoire était à quelque centimètre de moi. Je pouvais sentir la chaleur de son souffle et l’odeur de son haleine. Un fin filet de bave coulait entre ses canines. Il avait faim. Il allait bientôt me dévorer.

J’avais envie de pleurer, de crier, de me débattre, mais je restai là, figée, comme si j’admirais une œuvre d’art à couper le souffle. Pendant un instant, le temps s’est arrêté. Je repensais à ma vie. Mon travail… Vick… Mon avenir…

Mon esprit fut rempli de tellement de pensées que j’aurais pu en vomir. Mais à la fin, mon cerveau se vida. J’allais mourir.

Je fermai les yeux, voulant éviter de voir la mort en face. Je ne pris même pas la peine de me protéger. C’était la fin.

Le grand Laggi releva sa tête, ouvrit sa mâchoire et se rapprocha au-dessus de moi. Je sentais sa salive tomber sur mes cheveux. Je tremblais. Je priais…

Un coup de feu retentit, percutant la gueule du monstre. Déboussolé, le grand Laggi fit plusieurs pas en arrière. Quand il releva sa tête, je vis qu’il était blessé au niveau du museau.

Troublée par ce sauvetage in extrémiste, je cherchai mon sauveur du regard. C’était Jimmy. Il tenait entre ses mains un fusil sniper. Il avait réussi à passer derrière L’Aydrome.

J’ai eu de la chance. Je me relevai, expirant toutes mes angoisses, et couru loin de mon prédateur.

En plus de moi, il restait trois autres personnes prises au piège par l’Aydrome. Il était le dernier obstacle entre nous et la sortie. Ceux de l’autre côté tentaient d’attirer son attention. Mais le dinosaure semblait faire une fixation sur nous quatre.

Soudain, j’entendis des pas lourds derrière moi. Le grand Laggi était déterminé à me cibler de nouveau. Je tentai de fuir, quand une masse informe et violette se précipita vers moi. Je l’évitai en bondissant sur le côté. L’objet finit sa course en percutant de plein fouet la tête de mon poursuivant.

Énervé par cette attaque, il se mit à hurler. Aussitôt, une autre bulle mauve fut lancée. Elle provenait de l’Aydrome. Je me rappelai alors que ce projectile pouvait empoisonner.

L’Aydrome avait-il tenté de m’intoxiquer ou visait-il le grand Laggi ?

Fou de colère, le grand Laggi rugit une deuxième fois. Son cri de guerre ameuta les petits Ayprey, qui en représailles se mirent à lui mordre les chevilles. En retour, les Laggi ripostèrent, défendant leur chef.

Une masse de lézard se rassemblait derrière moi, faisant claquer leurs mâchoires et bondissant les uns sur les autres. Tout ça me laissa un peu de répit. Je me levai et regardai Aydrome qui m’observait silencieusement. Lui aussi réfléchissait à son prochain mouvement. Il avait l’air de prendre son temps.

Dans mon cas, je n’avais pas ce luxe. Je courus sur le côté. Surpris par mon approche, l’Aydrome cracha plusieurs petits projectiles empoisonnés. Je reculai pour éviter la première salve. Mais je ne pus esquiver la seconde. Impuissante, je vis l’attaque m’arriver en pleine figure.

C’est alors qu’une épée fendit l’air, détruisant la plupart des bulles. Je reconnus Daniel qui après m’avoir défendue se tourna vers moi.

— Allez, on y va !

Il me prit brusquement par la main et se mit à courir.

— MAINTENANT !

Daniel hurla en direction du groupe se trouvant derrière l’Aydrome. S’en suivirent, des bruits de détonation. Tout le monde tirait sur le monstre rouge, le faisait reculer loin de nous. Ainsi, Daniel, moi et le couple de survivants, nous avons pu passer cet obstacle cramoisi.

De l’autre côté, Daniel me lâcha. En remerciement, je lui souris. Puis je courus vers Vick.

— Ça va ?

Mon frère fronça les sourcils.

— C’est plutôt moi qui devrais dire ça !

Alors que j’étais prête à répliquer, nous entendîmes plusieurs hurlements. Le grand Laggi et L’Aydrome étaient toujours là. Ils avaient encore envie de nous chasser.

Heureusement, maintenant, nous avions le champ libre. Nous pouvions sortir de cet endroit.

Tout le groupe couru vers la sortie. Nous mettions toute notre énergie à creuser un écart entre eux et nous. Cependant avec leurs grandes pattes, c’étaient facile pour eux de nous rattraper. Nous le sentions, ils étaient juste derrière nous. Un faux pas, une chute, tout pouvait nous conduire à faire connaissance avec leurs mâchoires.

Certains avaient fait le choix difficile de laisser tomber leur sac à dos rempli de provisions. Quant aux caddies, ils étaient depuis longtemps abandonnés. Personne n’avait eu l’idée de les garder.

Enfin à l’extérieur, je fis volte-face et pointai du doigt l’arche qui servait de porte d’entrée.

— Il faut la faire s’écrouler, vite !

Si nous arrivions à la faire tomber sur elle-même, elle boucherait le passage évitant que la course-poursuite ne s’éternise. C’est dommage, nous allions perdre un lieu de ravitaillement. Mais il fallait bien faire ce sacrifice pour survivre.

Je ne sais pas comment nous pouvions le faire. En dehors des Altereurs, nous n’avions ni armes ni explosifs.

Je vis Alex matérialiser un lance-grenades dans ses mains. Il visa l’arche et tira une grenade qui explosa au contact de la pierre. Normalement, avec une vraie grenade l’arche aurait déjà été détruite.

Mais dans ce cas, c’était inutile. Les armes créées par un Altereur n’avaient aucun impact sur le monde réel. C’était une perte de temps et de ressource. Il fallait que je stoppe Alex.

Je m’approchai de lui pour tenter d’arrêter sa tentative désespérée.

— Ça marche, ça marche. Encore ! Encore, Alex !

Soudain, Vick encouragea Alex. Je levai les yeux et remarquai qu’une petite fissure s’était formée sur l’arche. Choquée, je vérifiai plusieurs fois ce que je venais de voir.

Non ! C’était impossible.

Cette fente était sûrement là avant. C’était juste, un mirage créé par le désespoir.

Alex continua, tirant d’autres grenades. Étonnamment, après trois explosions l’arche commença à s’effriter.

Comment ? Pourquoi ?

Si on y pense, ces créatures irréelles avaient maintenant un impact sur notre monde.

Alors, peut-être…

Peut-être que les objets créés avec un Altereur avaient également la même capacité, mais plus faiblement.

Cela voulait dire que nous pouvions nous blesser avec nos Altereurs ?

Perdue dans mes pensées, je fus réveillée par les cris enragés des deux gros reptiles. Ils n’étaient plus qu’à quelques mètres de nous.

L’arche était encore debout. Nous n’avions plus le temps de fuir. Soit la pierre tombait au sol et nous sauvait, soit nos vies étaient fichues. En désespoir de cause, tous ceux qui avaient à leur disposition des armes de gros calibre tirèrent sur la roche.

Après une farandole d’explosions, l’arche s’effondra enfin. Les deux monstres disparurent derrière un amas de poussières et de pierres. Nous laissant seuls avec nos cris de joie.

Certains d’entre nous tombèrent à terre pour récupérer, d’autres épongèrent leurs sueurs et leurs larmes.

Nous étions vivants. Nous étions sauvés.

J’avais envie de revenir à notre base, et dormir deux jours complets. Cette journée me paraissait atrocement longue.

En signe de défaite, les deux créatures hurlèrent de colère avant de se taire. Les bêtes étaient parties. Elles étaient vaincues.

— Bon, il est temps de rentrer.

Alex fit signe aux autres de partir. Nous ne devions pas rester plus longtemps dans les parages. Qui sait, il y avait peut-être d’autres créatures. Nous n’avions certainement pas la force pour une deuxième bataille.

Au bout d’un moment, Alex arrêta le cortège, pour vérifier l’état de tout le monde et les ressources que nous avions réuni.

La plupart des survivants étaient en forme. Ils avaient juste des égratignures et des ecchymoses.

Quant à nos provisions, elles étaient bien maigres. Quelques boîtes de conserve, des snacks, des bandages. Au niveau de l’eau, nous ne disposions que dix bouteilles. Nous ne pouvions pas tenir plusieurs semaines avec ça. Il faudra peut-être envisager de boire l’eau des robinets venant de la banque.

Une fois nos ressources évaluées, il était temps de reprendre la route vers la base.

— Daniel ! Ça va ?

Je remarquai que Daniel traînait derrière le groupe. Son visage était pâle. Il n’avait pas l’air en forme. J’accourus vers lui, inquiète. Il leva son visage vers moi et m’offrit un sourire troublé.

— Je dois être épuisée… Pourtant, j’ai… L’habitude des situations extrêmes, mais là… Je ne sais pas, je…

D’un coup, il toussa, puis tomba à genoux. Je m’approchai de lui pour le rattraper.

— Daniel ! Daniel ?

Sans crier gare, Daniel vomit un liquide violet, puis il s’effondra dans mes bras. Son visage était blanc et son regard vide.

— Daniel ? Daniel ?

Je le secouai plusieurs fois. Le reste du groupe accouru vers moi, complètement paniqué. William mit un genou à terre, et posa son doigt au niveau du cou de Daniel.

— Je ne comprends pas, il…

William tourna son visage vers moi.

— Il est mort !

Je regardai le jeune homme aux cheveux blonds, la bouche grande ouverte.

— Quoi ?

William hocha la tête. Je compris que je tenais entre mes mains le corps inerte de notre compagnon Daniel. Il était mort…

— Comment ? Pourquoi ?

Troublée, je demandai une explication à William. Il soupira et examina le corps délicatement.

— Pas de blessure apparente…

Il se figea alors en regardant derrière le cou de Daniel.

— C’est peut-être ça.

Il montra à tout le monde une tache violette qui s’était incrustée sous la peau de Daniel. Je savais ce que c’était.

L’Aydrome avait empoissonné Daniel. Ce poison l’avait dévoré petit à petit jusqu’à le conduire à la mort.

Mais quand avait-il été touché ?

Peut-être… Qu’au moment où il m’avait défendue en coupant en deux les balles de poison, une goutte de cette mixture toxique l’avait touché. C’était possible.

Je regardai mon sauveur mort, j’avais envie de pleurer. Pourtant aucune larme ne tomba, je ne le connaissais malheureusement pas assez pour avoir ce privilège. Je ne pouvais que le remercier de son aide et souhaiter qu’il soit maintenant heureux là où il était.

Par respect, ou à cause du choc, tout le monde resta silencieux. Nous fixâmes Daniel, attendant une réaction. Mais elle ne viendra jamais. Nous devions enterrer son corps. C’était la moindre des choses que je pouvais faire. Lui donner une tombe.

— Hmmm… Je ne veux pas être affreux… Mais on est censé attendre combien de temps avant de récupérer son Altereur et ses cartouches, sans être mal vu ?

Toutes les têtes se tournèrent vers Vick. Je le regardai, choquée.

— Vick ?!

Mon frère haussa des épaules.

— Quoi ! Tout le monde pense ça !

J’essayais d’effacer de mes oreilles ce que je venais t’entendre. Je déposai délicatement le corps de Daniel au sol et me levai.

Je posai un doigt accusateur sur le torse de mon frère, alors que j’étais prête à lui faire la morale, je sentis une main se poser sur mon épaule.

— C’est bon !

Je me retournai pour voir le visage triste d’Alex.

— On rentre !

Je soupirai et me pinçai le nez pour me calmer.

— D’accord…

Avant de rentrer à la base, nous enterrâmes comme prévu Daniel, lui faisant une petite tombe. J’espère avoir le temps, plus tard, de l’agrémenter de fleur.

Vick a récupéré l’Altereur et les deux cartouches de Daniel sous mon regard accusateur. Il ne parut pas culpabilisé de son action. Il restait fidèle à lui-même.

Sur le chemin du retour, je me demandais si Daniel avait de la famille.

Il ne semblait pas marié vu qu’il n’avait pas de bague. Mais il pouvait quand même avoir une copine ou des enfants.

Mince ! Qu’est-ce que je pourrais leur dire ?

Alter Reality Chap.7 : Appétit Jurassic p.2

Voici le chapitre 7 du tome 1 de mon Light Novel Alter Reality.
Toutes les deux semaines, un chapitre sera posté. N’hésitez pas à donner votre avis.

Vous pouvez lire les chapitres précédents ici :
Chapitre 1 – Catastrophe p.1
Chapitre 2 – Catastrophe p.2
Chapitre 3 – Rescapé p.1
Chapitre 4 – Rescapé p.2
Chapitre 5 – Rescapé p.3
Chapitre 6 – Appétit Jurassic p.1

Je fus surprise de constater que Vick et moi n’étions pas les premiers arrivés au point de rendez-vous. L’homme au bonnet kaki et une femme aux cheveux ébène nous attendaient. À notre arrivée, ils sourirent tous les deux. Sur le moment, je ne savais pas comment entamer la conversation, préférant juste leur renvoyer une expression amicale.

Quant aux autres, ils ne prirent pas longtemps à apparaître. De brèves salutations furent échangées, mais pas de vraies présentations. Pour la plupart je ne savais même pas leur nom. Je me demandais comment je pourrais gagner leur confiance. C’était important de le faire, d’autant plus que j’allais peut-être combattre à leur côté.

En tête de file, je me mis à réfléchir à différents scénarios pour entamer un début de discussion. Vick n’était pas d’une grande aide, il observait avec une grande attention le paysage, cherchant sûrement une créature.

J’allais désespérer quand une main se posa sur mon épaule. Étonnée, je me retournai pour voir l’homme au bonnet, ses yeux gris me fixaient gentiment.

— Kate ? Je m’appelle Alex, je voulais m’excuser pour tout à l’heure.

Je le regardai, confuse. Que voulait-il dire par tout à l’heure ?

Je réfléchis deux secondes et repensai à son intervention lors de la réunion, quand il avait parlé des secours.

— Ah oui ! Ce n’est rien… En fait, je voudrais savoir. Vous m’avez testé, non ?

Ses yeux devinrent ronds comme des billes, puis il laissa échapper un rire maladroit.

— Ça s’est vu alors ? Je suis vraiment désolé. Mais je devais faire ça pour que les gens soient plus confiants.

Je souris.

— Vous savez Alex. Je ne cherche pas à devenir un leadeur, ou quoi que ce soit dans cette trempe.

Il baissa les yeux pendant une seconde.

— Je vois. Pourtant vos paroles ont rassuré beaucoup de personnes.

Je rigolai, gênée.

— Pour le moment, je veux juste survivre.

— Je comprends. J’espère que l’on va bien s’entendre.

Il me proposa sa main, que je serrai.

— Moi aussi.

— Au moindre problème, appelez-moi.

J’acquiesçai à son offre et il sourit de nouveau. Ce jeune homme avait vraiment un visage étincelant de gentillesse. Il dégageait aussi quelque chose de rassurant, comme l’aura d’un grand frère.

Je profitai de l’occasion pour le regarder de plus près. Il avait un visage carré, mais avec des traits doux. Il était plutôt bien bâti. Vu sa carrure, il devait être un grand sportif ou un coach.

— Vous pouvez aussi compter sur moi.

Je sentis dans mon dos une petite tape. Je me retournai pour voir un homme aux cheveux bruns coiffé d’une petite tresse au niveau de l’oreille gauche. Il avait aussi un visage carré, mais avec une barbe de deux jours, le rendant très viril. À sa proposition, je souris maladroitement.

— Merci…

Il me montra un visage surpris, comprenant que son geste était peut-être mal convenu.

— Je suis désolé de m’immiscer dans la conversation. Je m’appelle Daniel. Comme je l’ai dit, si vous avez besoin d’aide, je serais là.

Daniel semblait être quelqu’un de très gentil. Je souris à sa proposition.

Ça faisait vraiment du bien de savoir que j’avais des alliés au sein du groupe. Personnellement, j’espère que le commandement irait à Alex ou Daniel.

Alex avait l’air de savoir se battre et d’avoir un esprit vif. Quant à Daniel, il savait sûrement se défendre au même titre qu’Alex vu sa musculature. Daniel avait également un certain charme, il avait réussi à me mettre en confiance avec quelques mots.

— À moi ! À moi, maintenant !

Une femme aux cheveux noirs et au sourire malicieux apparu devant moi, elle agitait énergiquement la main. Je la regardais perplexe devant tant de dynamisme.

— Oui ?

— Salut, je m’appelle Debora, 25 ans, toujours célibataire. Heureuse d’être ici. Ah oui ! Tu peux me tutoyer.

Entre-temps, elle prit mes deux mains et les secouant vigoureusement. Sur le moment, je ne savais pas quoi dire, souriant bêtement. Debora n’avait pas l’air de faire son âge avec toute cette énergie.

Elle était vraiment belle. Des cheveux noirs courts, des yeux émeraude, un joli visage. Par contre, son accoutrement était très sexy. Il épousait bien ses formes généreuses. Personnellement, je n’aurais jamais osé porter un pantalon noir en similicuir ni un blouson gris foncé ouvert au niveau de la poitrine.

J’avais vraiment l’impression de faire pâle figure face à elle. Elle était très lumineuse. Je ne sais pas pourquoi, mais je me suis tout de suite dit que je pourrais devenir amie avec elle.

— Soyons solidaires dans ce groupe d’homme, d’accord.

Les yeux étincelant d’excitation, elle attendait une réponse de ma part.

— Oui…

— Super !

Elle leva les bras en l’air, comme si elle avait gagné un prix. Puis elle se tourna vers Vick et lui tapota dynamiquement l’épaule, au point qu’il vacillait.

— Eh ! C’est quoi, ton petit nom à toi ?

Mon frère paru perdu par cette soudaine question.

— Hmmm… Vick, je suis son frère.

À cette phrase, il pointa un doigt vers moi.

— Je vois… Je vois…

Elle paraissait satisfaite de la réponse, et se tourna vers Jim, les yeux brillants comme un chat chassant une proie.

— Jim ! Je suis Jim !

Devant ce regard, Jim tremblait, répondant sur le coup. Debora n’avait même pas eu le temps d’intervenir. Elle sourit de toutes ses dents, pour finir par interpeler le dernier survivant du groupe.

— Hé ! Beau blond, c’est quoi ton nom ?

À ces mots, l’homme fronça des sourcils derrière ses lunettes et détourna son visage, ignorant Debora. À son geste désagréable, je me mis à son niveau.

— Peut-on savoir votre nom ? C’est normal de se présenter vu que l’on va se côtoyer un moment.

L’homme fit claquer sa langue et me regarda froidement.

— William… Pour ta gouverne, je n’ai pas choisi d’être ici de mon plein gré.

Je me souvins de son visage, il était là, lors de la réunion. Sur le coup, ses beaux traits, presque féminins, ses yeux bleus, me parurent très laids. Son comportement était détestable. Je voyais bien qu’il nous regardait de haut.

Peut-être se croyait-il le plus intelligent du groupe avec sa veste de scientifique blanche ?

Mais pour ma part, il avait l’air juste d’un homme stupide et hautain.

— Si tu n’es pas content d’être là, tu peux partir, tu sais.

Je ne suis clairement pas la seule à avoir pensé du mal de lui. Rapidement, Vick lui fit une réflexion piquante. William ne parut pas étonné.

— Alors que vous avez clairement besoin de moi.

À ces mots, William montra un Altereur blanc, et il offrit à Vick un sourire superficiel. Quant à mon frère, il afficha une expression amusée.

— Oh ! Mais tu sais tu peux donner ton Altereur à quelqu’un de plus utile que toi. Des personnes dans ton style sont juste bonnes à jouer au boulet.

J’entendis quelques gloussements, je crois que Vick avait fait mouche. William lui ne rigolait pas, une ride apparut entre ses sourcils tant il était contrarié. Voyant qu’une bataille verbale allait bientôt exploser, j’agrippai mon frère par le bras le ramenant vers moi. Je lui chuchotai alors à l’oreille.

— Vick arrête. J’ai l’habitude avec toi, mais certaines personnes ne sont pas aussi clémentes que moi. Ce n’est pas le moment de se faire des ennemis.

Choqué par ma demande, Vick marmonna quelques mots et s’avança. Je soupirai, heureusement j’avais évité le pire.

Je saluai William, qui afficha un sourire victorieux. Je ne sais pas pourquoi, mais j’ai eu une subite envie de le gifler. Je rejoignis Vick rapidement, pour m’empêcher de faire quelque chose d’inexcusable.

Sur le chemin, nous croisâmes des zombies semblables à ceux d’hier. Ils n’étaient pas très nombreux et plutôt dispersés. Ce qui était une aubaine pour notre petit groupe. Seuls Vick et moi avons combattu pour éviter de fatiguer tout le monde, mais aussi, car nous avions déjà eu affaire à eux.

Personne ne parut terrifié en face de ces monstres, ce qui était une bonne chose. Je m’imaginais mal gérer ces créatures avec des combattants criants et pleurants de peur.

Une petite chose me troubla. Bizarrement le nombre de monstres, que nous rencontrions, était relativement bas. J’en avais croisé le double hier. J’aimerais bien savoir où ils étaient passés.

Avaient-ils fui la ville ? Se cachaient-ils ? Étaient-ils morts ?

Si seulement ça pouvait être le cas.

Alors que je réfléchissais, nous étions enfin arrivés à destination. Je vérifiai l’état du centre commercial.

Cet endroit n’avait rien à voir avec les bâtiments américains à plusieurs étages. Ils y avaient des magasins, mais ils étaient tous alignés côte à côte. Le seul endroit où les visiteurs pouvaient se relaxer était un petit jardin se trouvant au centre de la rue piétonne.

Des murs en pierres, quelques poutres en bois apparentes, des fenêtres en fer forgé, tout ici rappelait les vestiges de l’ancienne ville. C’est d’ailleurs pour ça qu’on appelait cette zone le vieux quartier. La banque en faisait partie, d’où son architecture dépassée.

La seule pointe de modernité était un dôme en verre qui recouvrait l’ensemble de la rue commercial, permettant de rester au sec et au frais toute l’année.

Malheureusement, à cause de l’attaque, certaines façades étaient en ruine ou écroulés. Par endroits, le dôme avait même plusieurs trous.

Je ne sais pas quelles créatures avaient fait ça, mais vu la hauteur du plafond, elles étaient soit très grandes, soit elles volaient. J’espérais qu’elles n’avaient pas fait leur nid juste à côté.

— Bon d’après ce que je vois certains magasins sont inaccessibles. Vu la taille du centre commercial et la route de retour à faire, pensez à prendre des sacs ou des caddies pour transporter la marchandise.

Alex leva la main, attendant sagement.

— Oui ?

— Je voudrais savoir ce qui est prioritaire.

Je souris doucement.

— Je pense que ce serait la nourriture et l’eau.

Alex acquiesça, puis d’un coup frappa dans ces mains pour attirer notre attention.

— Comme la dit Kate, nous prenons ce qui est directement consommable et en petite quantité, par contre il faut se jeter sur les boîtes de conserve. Nous ne savons pas combien de temps on va rester ici. D’accord ? Sinon il faudrait prendre le nécessaire pour survivre, comme des sacs de couchage, des briquets, ou des médicaments. Bref tout ce qui va rendre notre séjour plus agréable.

Tout le monde hocha la tête, sauf William qui se contenta de fixer le vide.

— La rue n’est pas très grande, donc on se disperse. Criez aux moindres dangers, mais évitez tout de même de faire trop de bruit. Il y a peut-être des créatures aux alentours.

Alex emprunta aussitôt l’entrée principale. Je vis Vick me dépasser, alors que les autres prenaient des caddies. Surprise, je courus après mon frère. Je le rattrapai quand il s’arrêta devant un magasin vide.

— Mince, c’était le moment de faire faillite.

Vick secoua sa chevelure avec sa main. Agacé, il grimaça.

— Un problème ?

Vick se tourna vers moi et soupira.

— Rien de grave. Je croyais que je pourrais trouver des cartouches et des consoles. Mais le magasin a fermé.

— Tu sais que même s’il était encore là, sans électricité…

Vick leva les yeux au ciel.

— Je sais ! Je sais ! Mais dans le doute. Plus tard ça aurait pu nous servir et avoir le choix au niveau des armes aurait été utile.

Je tapotai son épaule, et lui lançai un regard compatissant.

— Je comprends. Mais pour l’instant, va chercher à manger. Moi, je m’occupe des médicaments.

Vick sourit timidement.

— Oui, ce serait le comble de mourir de faim ou d’une égratignure.

Je rigolai et laissai Vick derrière moi. Maintenant, direction la pharmacie, elle se trouvait à plusieurs mètres, après une dizaine de magasins.

Il ne fallut pas longtemps pour voir la croix verte indiquant son emplacement. Arrivée devant la vitrine, je vis que l’entrée était complètement obstruée par des gravats. Le magasin d’à côté s’était à moitié écroulé, fermant tout accès à la pharmacie.

Agacée, je me mis à chercher une entrée sur le côté. Mais le mur qui séparait les deux boutiques n’avait pas été ébranlé. Ce qui voulait dire que l’intérieur de la pharmacie était peut-être encore intact. De l’autre côté de ces pierres, se trouvait de quoi nous soigner. Mais je ne pouvais pas atteindre ce trésor. Pour l’instant, il faudra survivre sans soins médicaux.

Je mis mes deux mains sur le côté de ma bouche et pris une grande inspiration.

— La pharmacie est HS. Si quelqu’un trouve des médicaments, dites-le-moi.

Je sais qu’on avait dit de faire le moins de bruit possible. Mais n’ayant aucun moyen de communication, il fallait que j’avertisse les autres.

Je tendis l’oreille, entendant au loin l’écho de réponse. C’est bon, tout le monde m’avait entendue. Je n’avais plus qu’à faire une autre course.

— Hé… Hé… Au… On… là !!

Je me figeai. Il me semblait avoir entendu une voix. Je me retournai vers le tas de pierres et j’ouvris grand les yeux. Quelqu’un était dans la pharmacie. J’en étais sûre, j’avais entendu quelqu’un.

— Ohhh ! Il y a quelqu’un !! Répondez-moi !

Je hurlai quitte à me casser la voix. Puis je m’arrêtai brusquement, attendant une réponse.

— Ici… On est… Là… Derrière…

Comme j’étais plus attentive, je remarquai que la réponse était un mélange de nombreuse voix. Il y avait plusieurs survivants. Paniquée, je cherchai quoi faire.

La première chose qui me vint à l’esprit était de les avertir que j’allais les aider. Il fallait également que je réunisse les autres pour déblayer le chemin.

— Écoutez. Je vais vous aider, attendez quelques minutes. Je vais chercher d’autres personnes.

— Ok… D’accord… Ok…

Aussitôt, je criai à plein poumon au milieu de la rue. Rapidement, Vick arriva avec un visage troublé, suivis de Debora et d’Alex. William, Daniel et Jim arrivèrent de l’autre côté.

Essoufflé, Vick me regarda, cherchant à comprendre mon cri soudain.

— Qu’est-ce qui se passe ? Tu es attaqué ?

— Non ! Ça va ! Le problème, c’est ça !

Je pointai les pierres, Vick et les autres montrèrent un visage confus.

— Il y a des gens prisonniers dans le magasin.

Tout le monde fut étonné.

— Tu es sérieuse ?

Daniel me regarda avec un visage posé. Je hochai la tête.

— Ok, il va falloir faire vite alors ! Tout le monde va aider. On va bouger les pierres une par une.

Tout le groupe laissa en plan leurs provisions, préférant aider. En un rien de temps, le tas de pierres se retrouva de l’autre côté de la chaussée. Il ne restait que quelques-unes qui obstruaient l’entrée.

Nous savions que nous touchions au but, quand nous vîmes une main sortir d’un trou.

— On est là… Vous nous entendez mieux ?

La première chose que je fis, c’est de me rapprocher du trou.

— Oui, on vous entend. Éloignez-vous le plus possible, on va enlever les dernières pierres.

La main leva le pouce en l’air et disparut dans les ténèbres. Le cœur rempli d’excitation, nous nous pressâmes de retirer les derniers obstacles. Rapidement, le dessus de la porte fut dégagé. Daniel grâce à sa grande taille put y jeter un coup d’œil. Il se retourna ensuite vers nous, avec une expression troublée.

— Bon ! Bonne et mauvaise nouvelle.

Anxieuse, je le regardai, m’imaginant le pire.

Il y avait des monstres ? Des blessées ? Des morts ?

— Ils sont quatre et ils ont l’air en bonne santé. Le problème, c’est qu’il va falloir tout déblayer avant de les faire sortir de là.

Je le regardai perplexe. C’est alors que Vick m’ôta les mots de la bouche.

— Ils ne peuvent pas passer par-dessus ?

Daniel sourit maladroitement et jeta un coup d’œil en arrière.

— Il y a quelqu’un en fauteuil roulant là derrière.

Tout le groupe laissa échapper un hoquet de surprise. La situation était claire, nous allions transpirer encore un moment. Il était hors de question de laisser quelqu’un derrière nous.

Je pris une des pierres et la jetai sur le tas de gravats. Les autres firent de même.

À la fin, nous étions épuisés et en sueur. Mais, nous fûmes récompensées par des sourires chaleureux. L’entrée était complètement nettoyée.

Je rentrai dans la pharmacie pour vérifier l’état de tout le monde.

— Ça va ? Je m’appelle Kate. Voici Vick, Debora, William, Jim, Alex et Daniel.

Calmement, je présentais le groupe un à un. Les survivants nous regardâmes les yeux remplis de gratitude. Je vis même une des femmes pleurer de soulagement.

— Comment vous êtes-vous retrouvé là ?

Une femme en blouse bleue se rapprocha de moi.

— Lors de l’attaque, mes clients et moi, nous nous sommes retrouvés emprisonnés ici. Soudainement, le mur s’est écroulé. On a entendu des hurlements et des explosions. On a bien sûr attendu les secours. Mais personne n’est venu. C’était quoi ? Une attaque terroriste ? Où est la police ?

À ces questions, tout le monde se regarda et baissa les yeux. Ces gens n’étaient pas au courant de l’état actuel de la ville. Comment allait-il réagir en voyant l’extérieur ?

— C’est une histoire compliquée… Mais avant, essayez de vous calmer, d’accord ?

Quatre paires de yeux me regardèrent, confuse. Entre-temps, je me tournai vers les autres.

— Le temps que je leur parle, allez chercher la nourriture que vous avez réunie. On part d’ici dès que vous êtes tous revenu.

Le groupe acquiesça et se dispersa. Je soupirai et me tournai vers les autres survivants.

— Pour le moment, sortons de ce magasin.

Je jetai un coup d’œil vers l’homme en fauteuil roulant. Il avait l’air d’avoir dans la trentaine. Son visage était fin et délicat. De dos, on pourrait presque le confondre avec une femme, surtout à cause de ses longs cheveux blonds.

Je voyais bien qu’il avait du mal à bouger, je lui proposai ainsi mon aide.

— Vous voulez que je vous aide à avancer ?

Il me fixa avec ses doux yeux bleus et me sourit.

— Merci. Je suis désolé. Normalement, je me débrouille tout seul. Mais ce fauteuil a décidé de tomber en panne.

C’était rare de voir une personne handicapée avec un fauteuil roulant qui ne soit pas électrique. Actuellement, tous les appareils étaient créés pour être les plus fonctionnels possible et à la porter de tous. Ce n’était donc pas étonnant qu’il ne sache pas trop se déplacer librement sans l’aide du moteur. En plus, les quelques morceaux de pierres qui tapissaient le sol n’aidaient pas non plus.

— Merci. Au fait, je m’appelle Jimmy.

Enfin dehors, Jimmy me tendit la main que je serrai. Puis, je constatai que les autres n’étaient toujours pas de retour.

— Bon, je crois qu’on va avoir un moment pour discuter.

Je leur expliquai toute l’histoire. Au fur et à mesure de mon récit, ils devinrent troublés et effrayés.

— Je… Je suis désolée…

Gênée, je m’excusai en baissant les yeux.

— Pas besoin de ça. Ce n’est pas de votre faute. Vous nous avez même sauvés.

Un homme aux cheveux brun très court me sourit maladroitement. Je remarquai qu’il tenait fermement la main d’une des survivantes, qui retenait ses larmes. Il devait être en couple. Au moins, ils étaient ensemble pour surmonter cette épreuve.

— Vous savez ce qui a causé ça ? Avez-vous eu…

— Ehhhh

Alors que Jimmy me parlait avec une expression sérieuse, il fut interrompu par un cri au loin. Je me tournai, voyant Debora courir, à ses côtés se trouvait un jeune garçon aux cheveux noirs en bataille. Surprise, je m’avançai vers elle.

— Debora ? C’est…

Debora m’offrit un sourire victorieux.

— J’ai trouvé ce petit garçon. Il était recroquevillé, attendant sagement derrière le comptoir d’une boutique de chaussures.

Je n’osai pas lui demander ce qu’elle cherchait dans ce magasin, préférant me pencher vers le jeune garçon. Il ne devait pas avoir plus de dix ans. Ses yeux verts pétillaient d’excitation. Il n’avait pas l’air effrayé par la situation, ce qui me parut bizarre.

— Tu t’appelles ?

— Tam ! Debora m’a tout expliqué. Les monstres qui sont sortis de jeux vidéo… Le monde en apocalypse…

Tam sourit de plus en plus à chaque mot, comme s’il se forçait.

— Tu étais seul ici ? Pas de parent ? D’amis ?

À cette question, Tam se figea, ses yeux tombèrent et il ne dit rien. J’en concluais qu’il y avait bien eu des gens avec lui. Mais il ne semblait pas vouloir en parler. J’aurais bien voulu en savoir plus. Mais je ne continuai pas mon interrogatoire, de peur qu’il ne se braque. Je lui demanderais plus tard, quand il aura fait le tri dans sa tête.

Je regardai amicalement Debora.

— Bon travail !

Contente du compliment, Debora fit le signe de la victoire. Juste après, le reste du groupe nous rejoignit. Au total, nous avions cinq personnes, en plus, des sacs et des caddies remplies de provisions. Cette journée avait été fructueuse. Il ne restait plus qu’à rentrer à la base.

Alter Reality Chap.6 : Appétit Jurassic p.1

Voici le chapitre 6 du tome 1 de mon Light Novel Alter Reality.
Toutes les deux semaines, un chapitre sera posté. N’hésitez pas à donner votre avis.

Vous pouvez lire les chapitres précédents ici :
Chapitre 1 – Catastrophe p.1
Chapitre 2 – Catastrophe p.2
Chapitre 3 – Rescapé p.1
Chapitre 4 – Rescapé p.2
Chapitre 5 – Rescapé p.3

Kate – Dans la banque

J’étais épuisée. Comment bien dormir en sachant que des créatures vagabondaient juste à côté ?

J’ai donc passé la moitié de la nuit à monter la garde. Jean, le gardien, m’a gentiment relevé après cinq heures. Pour lui, c’était impensable qu’une jeune fille ne fasse pas ses huit heures de sommeil.

S’il savait le nombre de nuits blanches que j’ai à mon actif. Tout ça pour rendre mon travail à temps.

Lorsque j’ouvris les yeux, le soleil venait juste de se lever. Comme prévu, je n’avais pas dormi sereinement. Mon organisme tout entier m’a maintenue dans un sommeil semi-éveillé.

Je n’avais jamais ressenti ça. Depuis hier, mon instinct de survie essayait de s’approprier mon cerveau. J’avais l’impression de redevenir la proie que nous, humain, étions à l’âge de pierre. Tremblante, apeurée et désarmée face à de grands carnivores.

Toutefois, il fallait agir. Nous devions nous procurer de quoi boire, manger et dormir confortablement. Tout pour vivre avec un minium de décence. Je devais en parler aux autres survivants.

En premier lieu, j’en ai discuté avec notre cher gardien, qui a trouvé que l’idée était bonne. Il m’a même demandé de le faire. Alors que ce rôle était plutôt fait pour un homme de loi. Il m’a simplement répondu qu’un vieux rondouillard ne serait pas pris au sérieux.

Alors que devrait dire une gamine de 22 ans ?

Sur le coup, je me suis sentie bien seule.

J’informai également Vick de mon plan, qui salua mon initiative. Il jugea aussi que je devais le faire. Je crois qu’il voulait surtout me refiler la corvée. Il sait très bien que je n’aime pas parler devant un public.

Comme me l’avait suggéré Jean, je me mis devant la porte circulaire, pour que tout le monde puisse me voir.

— Excusez-moi. J’ai quelque chose à vous dire.

Aussitôt toutes les têtes se tournèrent vers moi. Je sentis une boule s’agiter à l’intérieur de mon estomac.

— Je me présente, je m’appelle Kate. Je suis la jeune fille qui est partie hier et revenue dans la soirée avec un groupe de survivants. Voilà…

Tous les regards étaient plongés dans le mien. La boule commençait à remonter le long de ma gorge. Mes mains devenaient de plus en plus moites.

— J’ai vu dans quel état était l’extérieur, je ne veux pas vous mentir, c’est… Vraiment… Catastrophique. Mais, mon excursion m’a permis de recueillir des informations.

Je pris une grande inspiration pour me donner du courage. Tout le monde m’écoutait en silence.

— Premièrement, il y a encore des créatures dehors et elles ne sont pas amicales.

Les gens se jetèrent des regards inquiets.

— Deuxièmement, on peut combattre ces créatures, avec ceci !

Je montrai alors mon Altereur. Les gens paraissaient perplexes. Une voix grave s’éleva.

— Avec un Altereur ?

Aussitôt je hochai la tête.

— Oui ! Je vais vous expliquer. Je ne sais pas pourquoi, mais, quand on utilise le mode Gameur, et qu’on s’équipe d’une arme, on peut les blesser.

La même voix répliqua. Je devinais que cette personne allait poser problème.

— Et pourquoi pas avec un flingue ou un couteau ?

Les gens acquiesçaient. Je mimai alors mon explication pour que tout le monde puisse comprendre.

— Si vous allez dehors et vous combattez avec une arme comme une tige en métal, vous verrez qu’elle rebondira sur la créature, sans rien lui faire.

— Attendez ! Quoi ?

Un homme au menton anguleux, aux cheveux mi-longs et blonds, se leva. Son visage était marqué par le mépris.

— Comment savez-vous ça ? Vous avez des preuves ?

Ses paroles étaient froides et ses yeux bleus me regardaient avec arrogance, comme s’il s’attendait que je m’excuse pour une erreur que je n’avais pas commise. J’aurais aimé tant l’envoyer balader, mais ce n’était pas vraiment le moment.

— Dehors, je me suis fait attaquer par ces créatures. Seul l’Altereur m’a permis de me défendre. Mais au pire, vous pouvez tester ça à l’extérieur.

L’homme ne dit rien, préférant s’asseoir en silence. Mais ses yeux ne me quittèrent pas. Il resta digne jusqu’à la fin.

— Bon… J’aimerais savoir qui ici à un Altereur et des cartouches ?

Plus d’une dizaine de mains se levèrent, dont celle de l’homme malpoli. Sans grande surprise, la moitié était des enfants ou des adolescents, il y avait très peu d’adultes. Même avec toute la volonté du monde, je n’allais sûrement pas envoyer des enfants au combat. Résultat, nous étions très peu nombreux pour défendre la base.

— Je vois… Dernière chose, il faudra qu’on aille chercher de la nourriture et de l’eau à l’extérieur, sans quoi, on mourra de faim avant que les secours arrivent…

— S’ils arrivent un jour !

Cette phrase ne venait pas de mon frère, Vick, mais d’une autre personne. D’un jeune homme coiffé d’un bonnet kaki. Son regard gris était franc et droit. Il faisait partie de ceux qui avaient en leur possession un Altereur pour combattre.

— Pardon ?

Face à ma confusion, il continua poliment.

— Je m’excuse de vous couper la parole. Mais j’aimerais mettre en avant une petite observation.

— Oui…

— Ça fait presque 24 h que cet évènement a eu lieu, on est d’accord ?

— Oui…

— Vous trouvez ça normal, qu’il n’y ait ni pompier ni flic. Je ne parle même pas des urgences.

J’avais l’impression de subir un interrogatoire, comme si j’étais la cause de ce chaos. Un peu stressée par la tournure de la discussion, je lui répondis rapidement.

— Peut-être que ces créatures les ralentissent.

— Ok ! Je veux bien. Mais les militaires ? Les journalistes ?

À cette question, mes joues se raidirent.

— Journalistes ?

Cet homme, il avait raison. Tout comme Vick, il avait remarqué que quelque chose clochait. Moi aussi, j’en étais consciente. Normalement, on aurait dû voir des secours, des pompiers, l’armée et des reporters. Ce silence n’était pas naturel et ça m’inquiétait bien plus que l’apparition de ces monstres.

— Dehors, il n’y a aucun hélicoptère ! Pas un bruit ! Comme si on était complètement en quarantaine. Personnellement, je crois que personne ne viendra nous sauver.

Les gens commençaient à parler entre eux, les voix s’élevaient. Ils étaient angoissés, apeurés. Ils avaient peur… De mourir.

De faim ? De soif ? De maladie ?

Ou dévorer par ces choses qui rôdaient dans la ville.

La panique allait bientôt les gagner. Il fallait que je les calme.

— STOP ! On se calme !

De ma plus grosse voix, j’arrêtai net tout le monde.

— J’avoue que moi-même, je ne sais pas s’il y aura des secours rapidement. Mais, je suis sûre qu’ils viendront. Ils ne savent rien de notre situation. On ne sait rien de la leur. Mais ça n’empêche pas qu’il faille se battre et survivre jusqu’à leur arriver. On doit manger, boire, dormir et on devra peut-être même combattre ces créatures. Mais ce n’est pas comme si on était désarmé. Si on s’organise, on peut survivre. Il faut juste ne pas paniquer et que tout le monde y mette du sien !

— Je suis d’accord avec la demoiselle.

Jean, l’homme de sécurité posa chaleureusement sa main sur mon épaule, appuyant mes propos.

— Pareil.

Vick me sourit et me montra son soutien. Telle une traînée de poudre, de nombreuses personnes acquiescèrent, les traits de leurs visages paraissaient soulagés. Même l’homme au bonnet fit un large sourire. À croire qu’il l’avait fait exprès.

Mais pourquoi ?

— Bref… Hein… Parmi ceux qui ont des Altereurs de combat, si on peut appeler ça comme ça… Qui est volontaire pour aller chercher des vivres ?

Presque toutes les mains se levèrent, dont celle de mon frère et des plus jeunes.

— Désolé, de vous dire ça. Mais je refuse les enfants… Vick c’est non, pareil pour vous !

Je fis signe aux plus jeunes de baisser leurs mains.

— Oh ! Eh ! Oh ! J’ai 17 ans maintenant, je suis plus un enfant !

Vick s’approcha de moi, mécontent. Je ripostai, essayant de lui faire comprendre mon point de vue.

— Peut-être, mais je ne prendrais pas le risque que tu sois blessé.

— Ce ne serait pas du favoritisme, ça ?

Je soupirai, et le regardai avec dédain.

— Tu te fiches de moi là ? Sérieusement !

— Oui, je suis sérieux. Je veux venir !

— Non !

J’étais catégorique, pourtant ça n’empêcha pas à mon frère de faire un sourire sarcastique.

— Écoute, que ce soit avec ou sans toi, j’irais dehors !

Sous le choc, mes yeux vacillèrent.

— Tu préfères que je meure dehors, ou que je sois avec toi et que tu puisses me protéger ?

— Tu n’oserais pas…

— Tu sais très bien que je suis têtu.

Je grinçai des dents. J’étais furieuse.

— Toi…

Je serrais le poing. J’étais si furieuse que mon corps tremblait. J’aimerais tellement lui donner une petite tape à l’épaule juste pour me calmer les nerfs. Mais ça ne se faisait pas.

Franchement, Vick avait le don de trouver les mots pour me mettre hors de moi. Le pire, c’est que je savais qu’il serait capable d’accomplir sa menace, juste pour me prouver que j’avais tort de le sous-estimer.

— Tu sais que j’ai envie de te frapper, là maintenant…

Mon frère montra un sourire malicieux. Il le savait, il avait gagné. Il avait cette habitude de jouer avec mes faiblesses. Je détestais ça. Un jour, c’est sûr, je n’arriverais pas à me retenir.

— Je sais…

Je soupirai, évacuant le plus de colère possible. Je posai ma main sur mon visage et penchai ma tête en arrière en signe de défaite.

— Bon, c’est d’accord.

Vick m’offrit son plus grand sourire, je pouvais presque le voir sautiller sur place tellement il était heureux.

Je sentis alors quelqu’un tirer ma manche.

— Oui ?

C’était Jim, le garçon aux cheveux teints. Il me regarda avec ses yeux noirs.

— Toi aussi, tu veux venir ?

Avec son visage inexpressif, il acquiesça. Moi qui ne voulais mettre aucun enfant en danger, je me retrouvais à en baby-sitter deux. Je savais que j’allais devoir surveiller attentivement Vick. Il était parfois tête en l’air.

Par contre, pour ce jeune garçon, je ne savais pas à quel point je devrais l’avoir à œil. Toutefois, il m’avait l’air mature…

Peut-être trop ? J’ai encore cette sensation bizarre vis-à-vis de lui.

Mais d’où vient-elle ?

Je me tournai vers Jean et les sept jeunes enfants. Ils devaient avoir respectivement entre huit et dix ans. Je n’allais sûrement pas céder avec eux. Heureusement, leur regard apeuré m’indiqua qu’ils n’allaient pas me forcer la main.

— Jean, je peux te laisser ces enfants.

Je m’accroupis pour être à leur niveau.

— Puis-je vous demander de rester là avec Jean pour protéger les lieux ? Je sais que ça peut faire peur. Mais vous êtes les seuls qui à pouvoir faire ça. Compris ?

Doucement, les enfants hochèrent de la tête. Ils avaient l’air heureux qu’on leur donne une mission moins dangereuse. Je me relevai, leur souriant une dernière fois. Puis je fixai Jean.

— Jean, je te les confie.

— Compte sur moi.

Jean frappa son poing contre sa poitrine. Son geste fut si violent qu’il se mit à tousser.

— Ça va ?

En réponse, il me fit signe que tout allait bien. Soulagée, je soupirai et regardai notre groupe d‘excursion. En nous comptant, moi et Vick, nous étions sept personnes. Je ne pouvais pas dire que nous étions nombreux. Je ne sais même pas s’il serait possible pour nous de ramener tout ce dont nous avions besoin du premier coup. Toutefois, une petite troupe voulait dire que les monstres allaient moins nous remarquer. Ce qui était une bonne chose.

Mais avant de partir, il fallait que je vérifie si tout le groupe avait de quoi se défendre dans l’éventualité où nous croisions une de ces créatures.

— Pouvez-vous tous invoquer une arme offensive ?

Tout le monde me répondit positivement, ce qui était un vrai soulagement. J’avais peur de devoir exclure une personne, ce qui aurait encore plus réduit notre groupe.

— Excuse-moi. Kate, c’est ça ?

L’homme au bonnet se rapprocha de moi, m’offrant un sourire amical. Je vis ainsi qu’il avait les cheveux noirs sous son couvre-chef.

— Oui ?

— Je voudrais savoir, où allons-nous ?

À mon tour, je souris, contente d’entendre une telle question. Je partageai alors mon idée.

— Je sais que non loin d’ici se trouve un centre commercial. On trouvera facilement là-bas de quoi manger, boire. Il y a aussi une pharmacie et d’autres boutiques. J’espère revenir avec de quoi rendre notre séjour plus confortable.

— Je vois ! Désolé de te demander ça. Mais, comme je ne connais pas la ville…

Je sursautai. Ainsi, cet homme n’était pas d’ici. L’idée qui soit un touriste me traversa l’esprit. C’est sûr, il vivait actuellement les pires vacances du monde. Il devait regretter d’être venu dans notre grande ville.

J’affichai un sourire désolé.

— Je comprends ! Vick et moi connaissons bien le quartier, donc on pourra vous guider.

L’homme au bonnet vert secoua la tête. La demande close, je me mis à réfléchir.

C’est vrai, je connais assez bien les alentours. Mais seulement une certaine section de la ville. Celle que mon frère et moi avions l’habitude de vivre. Par contre, s’il fallait sortir de notre zone de confort, comme se rendre dans le quartier industriel ou touristique. Je ne sais pas si je serais capable de trouver de la nourriture sans une carte. Il fallait absolument en prendre une lors de notre expédition.

Je regrettais de ne pas avoir un crayon et un bloc-notes à proximité. Avoir une liste de course aurait tellement été mieux pour éviter d’oublier quelque chose.

Pensive, je levai un sourcil tout en fixant le groupe.

— J’y pense, nous n’avons plus de moyen de communication. Donc il faudra faire vite pour éviter de nous mettre en danger. À l’extérieur, nous ne savons pas ce qui nous attend. Personne ne nous sauvera. Il faudrait donc revenir avant la tombée de la nuit.

Vick acquiesça à mes propos.

— Tu as raison. Vu le temps qu’il nous faudra pour y aller…

Je soupirai et coupai la parole à mon frère.

— Il faut que nous partions tout de suite.

Le silence tomba. Je ne sais pas ce que ces personnes pensaient. Mais je savais qu’ils s’inquiétaient. Malheureusement, nous n’avions pas le luxe de nous préparer mentalement. Nous devions nous jeter dans la gueule du loup au plus vite, sinon des problèmes surgiront.

— Bon, que chacun se prépare. Rendez-vous dans dix minutes derrière la grille. Tout le monde est Ok ?

Toutes les têtes approuvèrent. J’allais bientôt retourner en enfer. J’espérais que mon initiative ne nous conduirait pas vers une fin tragique.

Alter Reality Chap.5 : Rescapé p.3

Voici le chapitre 5 du tome 1 de mon Light Novel Alter Reality.
Toutes les deux semaines, un chapitre sera posté. N’hésitez pas à donner votre avis.

Vous pouvez lire les chapitres précédents ici :
Chapitre 1 – Catastrophe p.1
Chapitre 2 – Catastrophe p.2
Chapitre 3 – Rescapé p.1
Chapitre 4 – Rescapé p.2

Kate – Magasin de prêteur sur gage

Le récit de mon frère terminé, je me massai la tête digérant toute cette histoire. J’étais surtout effarée d’apprendre que mon frère aurait pu mourir. S’il n’avait pas eu cette armure ni cet homme…

Je… Je ne sais pas ce que je serais devenue.

— Malheureusement, je ne peux pas te dire la source de ce phénomène.

Toujours dans son histoire, mon frère me coupa dans mes pensées.

— Je m’en doute. Mais c’est quand même bizarre, ces créatures qui nous ont attaquées, elles viennent…

— De jeux vidéo, je sais…

Vick le dit avec une telle facilité et fierté que j’en étais désemparée. Cette situation avait l’air de lui plaire. Ses yeux brillaient de curiosité, comme  lorsqu’il avait une énigme à résoudre.

Je le sentais mal… Il faudrait que je le surveille de près.

— Mais comment ? Je veux dire amener un monde virtuel dans notre monde, c’est déjà une chose. Mais plusieurs.

— Et encore, il y a mieux. J’ai remarqué que ces monstres commençaient à établir une sorte d’écosystème. Certaines créatures qui ne s’étaient jamais croisées avant interagissent entre elles comme le feraient des animaux.

— Ça a l’air de te plaire.

Les yeux de mon frère étincelaient d’une lueur si intense qu’ils auraient pu rendre aveugle.

— Mais c’est génial, ça veut dire qu’elles sont douées d’une capacité d’adaptation. Une intelligence artificielle créée par l’homme n’est même pas encore capable de faire ça. On a seulement créé des IA qui pouvaient faire face à des problèmes déjà programmés en elles.

— Concrètement, ça veut dire ?

— Que ces choses, ces monstres ne sont pas des programmes, mais que ce sont des êtres vivants doués d’une conscience.

Une conscience ?

Ces créatures étaient donc vivantes. C’était impossible !

Elles étaient sorties de l’imagination de leur créateur. Elle ne venait pas de mère Nature. Aucun pixel n’avait jamais tué personne et n’avait encore moins le pouvoir de la réflexion.

Qui avait provoqué ça ? Pourquoi ? Comment ?

Ou alors…

Il y avait une autre explication. C’était dingue, mais…

Ces monstres venaient-ils vraiment de nos jeux ?

Où provenaient-ils d’un univers alternatif inconnu à nos yeux ?

Mon frère prit soudainement un air sérieux.

— Il y a aussi un autre phénomène bizarre, depuis cette attaque.

— Oui ?

— Il n’y a plus de réseau, et plus de production d’électricité.

— Oui, je l’ai remarqué, impossible de se connecter sur Speak.Net

— Exact. Par contre, les Altereurs, nos seules armes, marchent. Le hasard fait bien les choses, comme on dit.

Vick n’avait pas tort. L’Altereur était le seul outil à notre disposition pour nous défendre et il fonctionnait encore. À croire que la compagnie, qui l’avait mis sur le marché, avait prévu son coup.

Je me demande ce qu’elle aura à dire là-dessus. Une chose est sûre, la technologie provenant des Altereurs n’était pas toute blanche dans cette histoire.

— Vick, mis à part cette histoire, j’espère que tu n’essayeras plus de faire face à un dinosaure terrorisé à l’avenir.

Vick haussa des épaules, comme s’il n’était pas concerné.

— Il m’a attaqué par surprise, je te signale. Je n’ai jamais cherché à le combattre.

— Ce n’est pas ce que je voulais dire.

—…

— Je suis juste…

— Inquiète, je sais.

— Tu as eu de la chance que cette armure t’ait protégé. J’espère que tu te balades toujours avec, quand tu vas à l’extérieur.

— Je t’ai parlé de…

Mon frère leva les yeux au ciel, faisant mine de passer à autre chose.

— Vick !

— Oui…

— Tu la portais, quand tu me recherchais ?

— Heu… Non…

— Pourquoi ?

Ma colère commençait à monter et Vick devait le sentir, car son sourire se raidit.

— Alors, ce n’est pas contre ma volonté, je t’assure…

— Vick !

— Comme t’expliquer ça… L’armure était à utilisation unique. Je dois la recharger en jouant une partie sur console et comme il y a plus d’électricité… Pas d’armure.

Je le regardai avec une expression sombre.

— Donc tu étais dehors sans rien pour te protéger.

— Je ne dirais pas ça, j’avais mon autre jeu, Metalboy.

— Hmmm…

Je ne sais pas ce qui m’énervait le plus, le fait que mon frère soit sorti sans aucune protection dans un monde rempli de créatures assoiffées de sang, ou qu’il soit complètement inconscient.

Bon, c’est vrai, ce n’était pas de sa faute. Le système actuel faisait que certaines cartouches devaient être rechargées en ressource en passant par une console.

Ce système de jeu était dû à un traité commercial entre Alteria et les éditeurs de jeux vidéo. C’était pour ces derniers une garantie de ne pas voir leurs technologies être développées par des concurrents. Ainsi, les joueurs devaient acheter, en plus de l’Altereur, les consoles liées au jeu.

Si, pendant d’une bataille, on se retrouvait sans munitions ou sans protection, il fallait recharger en branchant la cartouche sur la console et y jouer. De même, pour débloquer de nouveaux armements pour l’Altereur, il fallait avancer dans le jeu.

Certaines licences allaient même jusqu’à offrir des bonus comme des accessoires visuels, si le jeu était fini à 100 %. Je ne parle même pas des DLC, qui permettaient parfois de remettre un jeu au goût du jour.

Bref, un système purement commercial, qui faisait parfois débat.

Le problème c’est que nous n’avions aucune console ni électricité à disposition. Heureusement un de mes jeux avait une arme aux munitions infinies.

— Je suis désolé de vous interrompre, mais c’est moi qui ai autorisé votre frère à sortir.

Ben s’interposa gentiment entre mon frère et moi. Je pouvais voir dans ses yeux qu’il n’aimait pas les disputes.

— Je parie qu’il vous a harcelé pendant des heures.

Ben rit maladroitement.

— Vous connaissez bien votre frère. Mais il était vraiment inquiet.

— Je sais… Je sais… Mais j’aurais préféré qu’il attende sagement.

Vick se leva pour prendre sa défense.

— Attends ! Si je n’étais pas sortie, tu serais sûrement morte déchiquetée par ces reptiles.

— Oui, sûrement, mais…

— On se calme, les jeunes !

Alors que le ton recommençait à monter, Ben nous apaisa de nouveau.

— Je crois que tout le monde a compris que vous teniez l’un à l’autre.

— …

Le silence régna un petit moment, jusqu’à ce que Vick laissa échapper un petit rire.

— Héhéhé

— Ça te fait rire Vick ?

— Oui. Ça me fait plaisir de te revoir saine et sauve.

Je ne pus que sourire.

— Moi aussi.

— Bon, bah voilà. Je préfère ça. Kate !

Alors que mon frère et moi redevenions complices, Ben me montra visage grave. Il avait l’air de vouloir me demander quelque chose.

— Oui ?

— Je sais que ce n’est pas vraiment le moment pour cette conversation. Mais y avait-il avec toi d’autres survivants ? Je pourrais les abriter ici.

— Oui. Ils sont même assez nombreux.

— C’est vrai !

En entendant ma réponse, les adolescents derrière moi se levèrent pour s’approcher. Leurs yeux étaient remplis d’espoir, comme s’ils s’attendaient à avoir une bonne nouvelle. Certains d’entre eux devaient espérer voir un proche vivant. Nerveuse, je continuai de parler.

— Ils sont actuellement à l’abri dans une banque.

— Une banque ?

— Plus exactement à l’intérieur d’un coffre-fort. Ils sont sûrement plus en sécurité qu’ici, sans être offensante.

En réponse, Ben secoua sa main de gauche à droite.

— Non, non, je sais bien que ma boutique ne peut rien faire face à ce qu’il y a dehors.

De nouveau, je souris, fixant Ben.

— J’aimerais vous demander si vous voulez venir avec moi là-bas. J’avais prévu de m’y réfugier avec Vick.

— C’est assez loin ?

— Non, pas tant que ça. En plus, je n’ai pas vu beaucoup de ces créatures sur le chemin.

— Mhhhh.

— Le plus important, c’est d’être discret.

— Je vois…

Ben réfléchit, tout en regardant autour de lui.

— Il y a une possibilité d’amener du matériel ?

— Il faudrait qu’il soit transportable dans un sac à dos et léger. Car, en cas d’attaque…

— Il faudra courir. Je comprends.

Vick regarda Ben et fronça des sourcils.

— Ma sœur et moi, on peut vous défendre, mais dans le cas d’une grosse attaque.

J’acquiesçai.

— Oui. Voilà pourquoi il faut être discret.

— Moi aussi, je peux aider !

À cette voix, je tournai ma tête en direction d’un jeune garçon aux cheveux rouges, quelques mèches noires prouvaient qu’ils étaient teints.

— Tu es sûr ?

— Je ne suis pas du genre à aider les autres. Mais là, c’est une question de survie.

Le garçon avait une voix froide et claire. Je ne sais pas s’il avait une confiance parfaite en lui, ou s’il n’était pas conscient du danger. Pour appuyer ces propos, il montra son Altereur, qui était attaché à son poignet.

Je devais accepter son aide. Nous n’étions pas de trop pour protéger tout le monde. Un garde du corps en plus ne se refusait pas.

Néanmoins, quelque chose me gênait chez lui. Ce garçon était vraiment en mauvais état, ses vêtements étaient sales et troués. Son visage était fatigué, et son regard éteint, comme s’il avait vécu beaucoup trop de choses pour son âge.

Qu’avait-il vu ?

Qu’avait-il vécu ?

Je ne le saurais peut-être jamais.

— D’accord. Donc on sera trois à défendre.

Ben baissa les yeux convaincus.

— De toute façon, je crois qu’on n’a pas le choix, il faut se rassembler. Plus on sera nombreux, plus on pourra facilement être secouru. Si on se disperse, on aura du mal à nous trouver.

Vick hocha de la tête.

— C’est sûr qu’il vaut mieux faciliter les recherches.

Je fixai Ben, et lui posai la question qui me brûlait les lèvres depuis un bon moment.

— Quand voulez-vous y aller ?

— Maintenant !

J’affichai une expression perplexe face à cette réponse.

— Vous êtes sûr ?

— Oui, le plus tôt sera le mieux.

Ben se tourna vers le groupe et tapa dans ses mains, comme un professeur voulant attirer l’attention de ses élèves.

— Allez, tout le monde, préparez vos affaires et attendez-moi devant la porte de devant.

Tout le groupe se mit en action, prenant sacs, manteaux et le reste. Pendant ce temps, je sortis à l’extérieur, pour regarder les alentours.

Vick me suivit. Je lui fis un grand sourire.

— Je suis vraiment contente que tu ailles bien, Vick.

— Ton petit frère est plus solide que tu le crois, tu sais.

— Oui. Mais… Tout ça… Tous ces événements… J’ai vraiment imaginé le pire.

— Arrête d’angoisser. Toute cette histoire vient juste de commencer, il va falloir survivre jusqu’à l’arrivée des secours. Du moins s’ils viennent un jour.

Je grimaçai.

— Qu’est-ce que tu veux dire par là ?

— Ce phénomène ne touche peut-être que notre ville, ou alors le monde entier. Si c’est le cas…

Je lui lançai un regard abattu et lui coupai la parole.

— Personne ne viendra nous sauver… C’est ce que tu veux dire.

Vick soupira.

— Peut-être même que ce monde deviendra notre quotidien.

Je me mis alors à rire nerveusement.

— Tu parles comme si on était dans une de ces séries télé, où l’histoire se passe après une attaque de zombie.

— J’espère que je me trompe.

— Moi aussi…

Nous restâmes silencieux pendant un moment, méditant sur nos paroles.

Notre quotidien ?

Franchement, je ne souhaitais pas ça. Une vie où il fallait surveiller nos arrières, où il fallait se battre pour manger, boire ou vivre. Personne ne voulait ça. C’était même impensable.

C’est alors que Ben sortit sa tête de la porte, nous faisant signe de la main. Grâce à lui, je remis mes idées noires au placard.

— Eh ! C’est bon, nous sommes tous prêts.

Je pris une grande inspiration et lui répondis calmement.

— Alors, on y va !

Comme je connaissais le chemin, je me retrouvai en tête de file, accompagné de l’autre jeune garçon. Quant à Vick, il surveillait nos arrières en cas d’attaque-surprise.

Après plusieurs minutes de marche silencieuse, je décidai de commencer une conversation, pour essayer de briser la glace avec mes futurs camarades.

— En fait, comment vous appelez-vous ?

Pour commencer, je regardai mon compagnon de route aux cheveux rouges.

— Jim.

Jim ne se donna même pas la peine de me regarder. Il observait juste l’horizon, tout en remontant son écharpe rouge au niveau de sa bouche. Je fixai ensuite la fille de gauche se trouvant derrière moi.

— Et vous ?

— Sarah

La jeune fille sourit timidement, aussitôt un des garçons continua les présentations.

— Moi, je suis Jake, et lui, c’est Max

À mon tour, je souris. Vu leurs ressemblances, je me permis de leur poser une question indiscrète.

— Enchantée. Vous êtes frère ?

— Non ! Pas vraiment, nous sommes amis. On était en train de sortir de cours, quand…

Le visage des trois adolescents s’assombrit. Je préférai arrêter là, la discussion. Je sentais que leurs esprits étaient encore perturbés par les événements.

La cicatrisation allait être longue pour certains. Surtout pour des enfants qui n’avaient jamais vécu de guerre ou de catastrophe. En fait, j’étais dans le même bateau.

Heureusement, sur le chemin aucun de nous ne fut blessé. Nous n’avions subi aucune attaque. Nous croisâmes qu’une seule créature sur notre route.

À première vue, elle avait l’air inoffensive. Pourtant, Vick nous arrêta et demanda à l’observer. Au début, je ne compris pas sa requête. Mais comme il était celui qui connaissait le plus l’univers des jeux vidéo, je préférais l’écouter.

Cachée, derrière des gravats avec le reste du groupe, je regardai en silence cette petite créature. Elle était aussi grande qu’un petit ballon de football. Sa forme rappelait grossièrement celle d’un crabe. Sa carapace était de couleur crème.

La créature se déplaçait comme un chiot maladroit relevant ses pattes plus haut que nécessaire. Quand d’un coup le crabe sauta sur un cadavre humain. Sur le dos du mort, il rampa jusqu’au sommet de la tête, puis il engloba tout le crâne avec son corps. C’est alors que le cadavre fut pris de violents spasmes musculaires.

Je regardai la scène horrifiée. Cette chose était en train de dévorer le corps d’un être humain. Ce qui expliquait certainement le peu de cadavres que j’avais vu.

— On part. Il ne va pas s’occuper de nous. Mais, il vaut mieux ne pas être là quand il aura fini.

J’étais d’accord avec lui. Nous continuâmes notre route, jusqu’à atteindre les portes vitrées de la banque.

Soulagée d’être à bon port, je jetais une dernière fois un coup d’œil à la rue. Le soleil couchant embrasait de ses rayons les immeubles, dessinant de grandes ombres sur le sol. Ce paysage aurait fait une belle photo, si tout autour de nous s’il n’y avait pas que des ruines.

Le pire était d’entendre au loin le hurlement d’une créature non identifiée. Suivi d’une cacophonie de grognements qui s’éleva en réponse.

Mon corps frissonna. Bizarrement, je sentis que nous n’étions pas en sécurité, même dans cette banque.

J’espérai que Vick avait tort. Que ce nouveau monde ne deviendrait pas notre quotidien.

Alter Reality Chap.4 : Rescapé p.2

Voici le chapitre 4 du tome 1 de mon Light Novel Alter Reality.
Toutes les deux semaines, un chapitre sera posté. N’hésitez pas à donner votre avis.

Vous pouvez lire les chapitres précédents ici :
Chapitre 1 – Catastrophe p.1
Chapitre 2 – Catastrophe p.2
Chapitre 3 – Rescapé p.1

Vick – Quelques minutes avant l’apocalypse

Comme il était prévu, après les cours, je m’étais rendu dans mon magasin de jeux vidéo favoris.

À l’intérieur, je fus accueilli par le propriétaire, un jeune homme de trente ans. Il avait une habitude bizarre. Celle d’avoir toujours un peigne à la main et de remettre ses cheveux en place, peu importe s’il y avait un client ou non. Il était le genre d’homme à ne pas abandonner une bataille même contre ses cheveux longs et rebelles.

— Regarde ce que j’ai Vick. Tadaaamm !

Un sourire malicieux s’afficha sur son visage. D’un coup, il sortit de derrière son comptoir une boîte de jeu. Je me fichai.

— C’est…

— Eh oui ! Le dernier Android alpha 5 ! Il est tout chaud et il vient d’arriver pour mon client préféré.

Je souris amical et penchai légèrement la tête.

— Tu sais que je l’ai recommandé.

— Oui ! Mais laisse-moi le dire avec une certaine classe quand même.

Heureux d’obtenir le jeu dont j’attendais la sortie depuis des mois, je me précipitai hors du magasin, bien décidé à revenir à la maison et à jouer le plus vite possible.

À peine avais-je franchi le seuil de la porte, que je vis des données apparaître au milieu de la rue, pour prendre une forme humanoïde.

Sur le moment, je l’avouai, je m’attendais à voir un évènement en rapport avec l’Altereur, même si je n’avais vu aucun article qui le mentionnait. Mais ce n’était pas rare de voir des combats « surprises ». Ce qui permettait de rendre la fonction gaming de l’Altereur plus palpitant, et de satisfaire les joueurs.

Bref, j’étais prêt à combattre et augmenter mon score. En plus, j’avais en tête d’inaugurer mon dernier achat.

— MODE GAME ACTIVE !

— ACTIVATION DU JEU ANDROID ALPHA 5 !

Quand mon jeu se déclencha, je fus entouré par un genre d’armure. J’avais entendu que les développeurs avaient eu l’idée de rendre le jeu plus immersif en incluant le visuel de la combinaison que revêtait le joueur dans le jeu.

Sur mon torse, mon bras gauche et mes jambes flottaient des plaques orange métallisées. Certaines zones de mon corps n’étaient pas totalement recouvertes. C’était un mauvais point, car tant qu’à inclure une armure, autant le faire à 100 %.

Il y avait également un casque qui recouvrait ma tête. Il était semblable à un casque de motard. Sauf qu’au contraire de l’armure, il était d’une teinte rouge et la visière était vert vif.

Pour finir, mon bras droit était entièrement caché par un cylindre métallique gris. Au bout se trouvait un canon. Dans le jeu, cette arme était connue sous le nom de Buster.

Prêt à l’attaque et enfin équipé, je me précipitai vers mes premières victimes. J’en éliminai plusieurs assez facilement en leur tirant directement des balles d’énergie dans le crâne.

Le combat était relativement facile à cause du viseur intégré à l’intérieur de la visière. Ça me permettait de mieux pointer les points faibles de mes adversaires. Il faudra que je trouve plus tard comme le désactiver pour augmenter la difficulté.

Sans grande surprise, beaucoup de personnes participaient à l’évènement. J’entendais des rires, des plaintes et des recommandations. Tout ce à quoi l’on pouvait s’attendre lors d’un tel évènement.

Pendant quelques minutes, la rue était devenue un vrai jeu vidéo, loin des occupations de la vie réelle. Et surtout des cours.

Toutefois, quelque chose déconnecta tout le monde du jeu.

Un cri…

Un simple cri empli de terreur. Inquiet, tout le monde chercha son origine.

Ce hurlement pouvait indiquer la venue d’un nouveau monstre, voir d’un boss. Une créature qui pouvait n’être vaincue qu’à plusieurs. En plus, elle rapportait beaucoup de points. Personne ne pouvait l’ignorer.

Malheureusement, nous nous étions trompés. Ce n’est pas un monstre qui est apparu. Mais un adolescent à terre. Son visage était marqué par la peur. Il tenait fermement son bras recouvert de sang contre sa poitrine.

Ce n’était pas normal !

— Il m’a blessé ! Il m’a blessé !

Les paroles de cette personne furent l’élément déclencheur. Car, le combat devint très vite sanglant.

Les joueurs qui jusque-là dominaient la bataille se faisaient complètement submerger. Les créatures étaient de plus en plus nombreuses.

Je n’en croyais pas mes yeux. Ces monstres avaient la capacité de tuer.

C’était impossible ! C’était virtuel, un jeu…

Là, les créatures arrivaient à couper des membres, et à dévorer la chair humaine. C’était si gros, que sur le moment, je crus à une blague de mauvais goût.

Mais au fil des secondes, mon sourire s’effaça, pour laisser place à une expression d’effroi. Paralysé, je pouvais que regarder cette boucherie.

Je devais partir d’ici et vite…

Mais à peine avais-je pris mes jambes à mon cou, que le sol trembla. J’entendis ensuite des bruits lourds.

Soudainement, un mur de béton fut propulsé par terre, suivis de plein d’autres. La rue principale était en train de se faire broyer par le corps d’une créature massive. Elle était sortie d’une ruelle avec fracas et semblait complément désorienté. Elle trébuchait de gauche à droite, sans faire attention aux bâtiments.

Cette créature ressemblait à un brachiosaure, ce grand dinosaure herbivore au long cou. Sauf qu’il avait au-dessus de son museau une énorme bosse. Sa queue était arrondie au lieu d’être longue comme un fouet. Elle devait sûrement lui servir de défense face au prédateur.

Une de ses autres caractéristiques était des plaques pointues longeant son dos, allant de sa crête arrondie jusqu’au bout de sa queue. Quant à sa couleur, elle était entièrement verte, comme si de la mousse avait poussé sur ses écailles. Seul son ventre était différent, avec une teinte crème.

Du premier coup d’œil, je savais de quel jeu provenait ce monstre. Avec ma sœur, j’avais passé des dizaines heures à jouer dessus.

Malheureusement, mon jeu était depuis longtemps en train de prendre la poussière sur mon étagère. Je regrettais un peu d’avoir laissé ma cartouche « Monster Killer » dans sa boîte. En étant équipé avec, j’aurais peut-être pu faire quelque chose…

Pris au dépourvu, je regardai le gigantesque lézard se défouler. Mon corps refusait de bouger. J’étais pétrifié.

C’est seulement, après avoir vu la chose se diriger vers moi que je pus faire plusieurs pas en arrière, prêt à fuir. Mon instinct de survie commençait enfin à démarrer. Mais à peine avais-je reculé, que la créature fit demi-tour, éclatant le mur d’un magasin.

Soulagé, je ne vis pas la queue de la créature arriver à pleine vitesse vers moi. Au dernier moment, je me protégeai avec mes bras. Mais en vain. Le gourdin osseux fendit l’air, percutant avec force mon corps, qui fut projeté à plusieurs mètres. Je fis plusieurs roulades avant d’être arrêté par un mur.

Quand j’ouvris les yeux, je crus pendant un instant être paralysé. Dans ma tête, j’étais tellement amoché que je ne pouvais pas me lever. Par peur, je ne tentai même pas de le faire.

— ARMURE DÉTRUITE !

C’est en entendant cet avertissement que je compris que quelque chose. Mon corps avait tenu le choc. Pas à cause d’un miracle ou par chance. Mais grâce à mon Altereur.

L’armure que je portais avait pris toute l’attaque. Celle-ci était si puissante qu’elle avait réduit en miettes ma seule protection contre ce chaos virtuel.

Les dernières traces de la présence de l’armure étaient des cristaux bleus, semblables à des morceaux de verres brisés, qui s’évaporaient dans les airs.

Quand je repris complètement mes esprits, je me levai, prêt à retenter une retraite loin de la bataille. Mais à peine m’étais-je redressé, que je sentis une main se poser sur son épaule.

C’était Ben !

Sans aucune explication cet homme me prit par le bras pour me traîner vers son magasin.

Sur le chemin, je remarquai une chose. Ce dinosaure… Il y avait une raison à son comportement.

La créature était tout bêtement en train de se faire chasser par d’autres reptiles, des carnivores. Ce qui expliquait ses grands gestes chaotiques, il essayait bêtement de fuir ses assaillants, sans se préoccuper de ce qui pouvait se trouver sur la route.

C’est la dernière chose que je vis. Je ne pus sortir du magasin qu’après plusieurs heures et uniquement quand Ben avait jugé la situation plus stable.