Voici le chapitre 3 du tome 1 de mon Light Novel Alter Reality.
Toutes les deux semaines, un chapitre sera posté. N’hésitez pas à donner votre avis.
Vous pouvez lire les chapitres précédents ici :
– Chapitre 1 – Catastrophe p.1
– Chapitre 2 – Catastrophe p.2
Kate – Devant un magasin de jeux vidéo
Alors que la mort se présentait sous la forme de dents acérées. J’entendis au loin un bruit semblable à un tir électronique.
Plusieurs boules lumineuses apparurent, percutant violemment mes assaillants. Ils se retrouvèrent tous à terre, laissant échapper un dernier râle avant de mourir.
C’étaient bien des reptiles qui m’avaient prise en embuscade. Leur morphologie était semblable à celle du célèbre vélociraptor, sauf qu’ils avaient une couleur d’écaille assez peu commune. Une sorte de rose orangée.
Par contre, leurs pattes antérieures et leur dos étaient pourpres. La dernière touche de couleur se trouvait dans leurs yeux cramoisis. Ça devait être compliqué pour eux de chasser le jour avec ces teintes flashy. En plus, la collerette sur leurs têtes n’ajoutait rien à leur discrétion.
Ces corps me disaient quelque chose, je pense les avoir déjà croisés dans un jeu. Ou plutôt je les avais chassé. C’était assez perturbant de voir que ces ennemis, qui étaient connus pour être presque en bas de la chaîne alimentaire, m’attaquaient comme un vulgaire bout de viande. Si j’étais dans une partie de jeu vidéo, je me serais sûrement vexée d’avoir résisté si faiblement. Sauf que là j’étais dans la réalité. Je n’aurais pas de seconde chance.
Encore un peu sous le choc de ce sauvetage in extremis, je levai la tête, fixant mon sauveur.
Mon visage se crispa, et mes yeux s’emplirent de larmes. Je me relevai, courant à toute vitesse, les bras écartés. Percutant cette personne de tout mon poids.
Je me fichais complètement de son âge, de sa taille. Sur le moment, je le serrai dans mes bras comme quand il avait à peine six ans.
Enfin… J’avais enfin retrouvé mon frère.
— Tu m’étouffes ! Arrête, je vais mourir !
Il était bien plus grand que moi et les adolescents de son âge. Pourtant ça ne m’empêcha pas de presser son visage contre mon épaule, comme pour éviter qu’il ne disparaisse. En entendant ses plaintes, je dus me résoudre à le relâcher.
Je me mis à tapoter le corps de mon frère, cherchant le signe d’une blessure ou d’un bandage.
— Tu n’es pas blessé ? Tu n’as rien ?
— C’est bon… C’est bon, je te dis !
Un peu énervé par mon inquiétude maladive, Vick me repoussa gentiment. Je dus arrêter là mon inspection.
Il semblait qu’il n’avait souffert d’aucun dégât physique. Seuls ses vêtements avaient subi quelques dommages, mais rien qu’une aiguille et un fil ne puissent réparer. Il avait de la chance que sa besace et sa sacoche remplie de cartouches de jeux soient encore sur lui. Je n’imagine même pas sa tête s’il les avait perdus.
Soulagée, je laissai échapper un grand soupir. Vick m’offrit un large sourire.
— Et toi, tu vas bien ?
— Oui ! J’ai juste eu un accident !
À mon tour, je souris, heureuse de ce dénouement. Moi qui, depuis mon réveil, avais imaginé le pire. J’étais si apaisée de le voir à mes côtés, que j’aurais pu fondre en larmes.
Mais je ne pouvais pas. Pas maintenant, pas ici.
— Attends quoi ? Un accident ?
— Oui, de voiture. Mais rien de grave ! Je te donnerais des détails plus tard.
—…
Devant ma révélation, Vick fit une moue inquiète.
Je comprenais qu’il était mécontent de ne pas avoir plus d’information. Il fallait mieux que je ne lui parle pas de mon choc à la tête. J’étais déjà celle qui angoissait le plus dans notre famille. Autant ne pas rajouter mon frère à l’équation.
Tout en regardant autour de moi, je le questionnai.
— Que s’est-il passé ici ?
Au fond de moi, je me doutais bien que mon frère avait vu quelque chose. Il devait sûrement être aux premières loges lors de la catastrophe.
— Je vais tout expliquer. Mais pas ici ! Nous ne sommes pas en sécurité.
— Je comprends.
Vick me fit signe de le suivre.
Derrière lui, je l’observai. Vick avait un style assez décontracté. Mais ça ne l’empêchait pas d’avoir une certaine classe comme il aimait le dire. C’était tout mon contraire, pour moi les vêtements devaient être confortables avant d’être beaux et assorties entre eux. La preuve je ne portais qu’un simple pull violet à col roulé et un jean noir discount.
Nous avions à peine traversé deux rues que mon frère s’arrêta en face d’un magasin. La façade du bâtiment, contrairement aux autres, était encore en bon état.
Aucune vitrine n’était brisée, aucun bout de plâtre n’était à terre et la porte était encore debout. Seule l’enseigne avec écrit « Cash facile » était un peu de travers.
Mais peut-être était-elle ainsi depuis le début.
— Allez, viens ! On rentre.
Mon frère m’ouvrit la porte et me fit signe d’entrer.
La première chose, qui me frappa, était le comptoir entouré de grille. Seule une ouverture au niveau de la caisse permettait de glisser des billets. Quant à la marchandise, elle était enfermée à l’intérieur de grandes vitrines et entourée de trois caméras.
La pièce était relativement petite, mais très sécurisée. Ce qui réduisait la possibilité d’un cambriolage.
Mais, n’est-ce pas le cas de chaque magasin de prêteur sur gages ?
— On a le droit d’être ici ?
— Ne t’inquiète pas, je connais le propriétaire. C’est même lui qui m’a sauvé.
Il fallait vraiment que je remercie cet homme. Il avait quand même secouru mon petit frère. C’était la moindre des choses.
Mais qu’est-ce qu’on offre quand une catastrophe, telle que la nôtre, nous frappe ?
Une hache ? Un flingue ? De la nourriture peut-être ?
Mon frère me guida vers le fond de la pièce, en direction d’une porte blanche. Quand il l’ouvrit je vis une autre salle, elle était meublée d’une simple table et de chaises, ainsi que de cartons posés par terre.
— Salut, Vick, de retour ?
— Tu as trouvé quelque chose ?
— Lut.
À l’intérieur étaient assises cinq personnes qui nous saluèrent. Un adulte dans la cinquantaine, à la barbe irrégulière, accueillit Vick avec un grand sourire. À ma vue, il se leva.
— Je vois que tu nous ramènes une survivante.
Mon frère gonfla fièrement sa poitrine.
— Je dirais plutôt « la survivante » ! C’est ma sœur.
Il se tourna ensuite vers moi, souriant chaleureusement.
— Kate, je te présente Ben, c’est lui qui m’a sauvé lors de l’attaque et c’est lui, le propriétaire de ce magasin.
Je saluai cet homme en présentant ma main, qui l’empoigna avec une grande énergie.
— Bonjour.
Ben avait l’air d’être un homme chaleureux, ce qui n’allait pas avec son commerce. Les patrons de boutique de prêteur sur gages ont souvent la réputation d’être froid, pour éviter d’être trop sentimental. Sans quoi, il se faisait facilement arnaquer. Il faut croire que c’était une idée reçue.
— Enchanté, enchanté ! Il n’a pas arrêté de nous casser les oreilles avec vous. Où est ma sœur, par ci ? Elle est en danger, par là !
À ce commentaire, les quatre adolescents assis au fond de la salle pouffèrent de rire. À mon tour, j’affichai un grand sourire tout en me tournant vers mon frère.
— On était inquiet à ce que je vois.
— Qu’est-ce que tu veux que je réponde à ça ?
Encore en train de bouder, mon frère posa ses fesses sur un carton, tout en croisant les bras.
— Je vous remercie sincèrement d’avoir sauvé mon frère. Vous ne sav…
Aussitôt, Ben me coupa la parole et tapota avec vigueur mon épaule.
— Pas de problème, c’est normal. Malheureusement, j’aurais voulu ramener plus de gens ici. Je n’ai pu sauver qu’un petit groupe.
— C’est déjà pas mal !
Lança un jeune garçon, au fond de la pièce.
Il avait l’air un poil énervé par les propos de Ben. En réponse, le propriétaire de la boutique m’offrit un sourire affligé.
— Je suis désolé. Ces gamins ont tendance à essayer de me remonter le moral à leur façon.
— Il faut les comprendre…
— Oui. Mais j’aimerais qu’ils pensent plus à eux. Certains n’ont pas dit grand-chose depuis l’évènement.
— Je vois.
Je repensais à ce que j’avais vu à l’extérieur. Les traces laissées sur le goudron témoignaient d’une rare violence. Je ne pouvais même pas imaginer le quart de ce qu’ils avaient vécu. Certains avaient même dû voir des êtres chers disparaître juste devant leurs yeux.
J’étais vraiment chanceuse d’avoir retrouvé mon frère en vie.
Depuis que j’avais vu leurs visages, mon besoin d’en savoir plus sur le déroulement de cette attaque n’avait cessé de grandir.
— Vick.
— Oui ?
— Est-ce que maintenant tu peux me dire ce qui s’est passé ?
— Oui… Pas de problème.
Vick bascula sa tête en arrière, fixant le plafond avec attention. Il avait l’air de trier ses souvenirs, cherchant par quoi commencer.
C’est alors qu’il commença son récit…