Menu Fermer

Alter Reality Chap.6 : Appétit Jurassic p.1

Voici le chapitre 6 du tome 1 de mon Light Novel Alter Reality.
Toutes les deux semaines, un chapitre sera posté. N’hésitez pas à donner votre avis.

Vous pouvez lire les chapitres précédents ici :
Chapitre 1 – Catastrophe p.1
Chapitre 2 – Catastrophe p.2
Chapitre 3 – Rescapé p.1
Chapitre 4 – Rescapé p.2
Chapitre 5 – Rescapé p.3

Kate – Dans la banque

J’étais épuisée. Comment bien dormir en sachant que des créatures vagabondaient juste à côté ?

J’ai donc passé la moitié de la nuit à monter la garde. Jean, le gardien, m’a gentiment relevé après cinq heures. Pour lui, c’était impensable qu’une jeune fille ne fasse pas ses huit heures de sommeil.

S’il savait le nombre de nuits blanches que j’ai à mon actif. Tout ça pour rendre mon travail à temps.

Lorsque j’ouvris les yeux, le soleil venait juste de se lever. Comme prévu, je n’avais pas dormi sereinement. Mon organisme tout entier m’a maintenue dans un sommeil semi-éveillé.

Je n’avais jamais ressenti ça. Depuis hier, mon instinct de survie essayait de s’approprier mon cerveau. J’avais l’impression de redevenir la proie que nous, humain, étions à l’âge de pierre. Tremblante, apeurée et désarmée face à de grands carnivores.

Toutefois, il fallait agir. Nous devions nous procurer de quoi boire, manger et dormir confortablement. Tout pour vivre avec un minium de décence. Je devais en parler aux autres survivants.

En premier lieu, j’en ai discuté avec notre cher gardien, qui a trouvé que l’idée était bonne. Il m’a même demandé de le faire. Alors que ce rôle était plutôt fait pour un homme de loi. Il m’a simplement répondu qu’un vieux rondouillard ne serait pas pris au sérieux.

Alors que devrait dire une gamine de 22 ans ?

Sur le coup, je me suis sentie bien seule.

J’informai également Vick de mon plan, qui salua mon initiative. Il jugea aussi que je devais le faire. Je crois qu’il voulait surtout me refiler la corvée. Il sait très bien que je n’aime pas parler devant un public.

Comme me l’avait suggéré Jean, je me mis devant la porte circulaire, pour que tout le monde puisse me voir.

— Excusez-moi. J’ai quelque chose à vous dire.

Aussitôt toutes les têtes se tournèrent vers moi. Je sentis une boule s’agiter à l’intérieur de mon estomac.

— Je me présente, je m’appelle Kate. Je suis la jeune fille qui est partie hier et revenue dans la soirée avec un groupe de survivants. Voilà…

Tous les regards étaient plongés dans le mien. La boule commençait à remonter le long de ma gorge. Mes mains devenaient de plus en plus moites.

— J’ai vu dans quel état était l’extérieur, je ne veux pas vous mentir, c’est… Vraiment… Catastrophique. Mais, mon excursion m’a permis de recueillir des informations.

Je pris une grande inspiration pour me donner du courage. Tout le monde m’écoutait en silence.

— Premièrement, il y a encore des créatures dehors et elles ne sont pas amicales.

Les gens se jetèrent des regards inquiets.

— Deuxièmement, on peut combattre ces créatures, avec ceci !

Je montrai alors mon Altereur. Les gens paraissaient perplexes. Une voix grave s’éleva.

— Avec un Altereur ?

Aussitôt je hochai la tête.

— Oui ! Je vais vous expliquer. Je ne sais pas pourquoi, mais, quand on utilise le mode Gameur, et qu’on s’équipe d’une arme, on peut les blesser.

La même voix répliqua. Je devinais que cette personne allait poser problème.

— Et pourquoi pas avec un flingue ou un couteau ?

Les gens acquiesçaient. Je mimai alors mon explication pour que tout le monde puisse comprendre.

— Si vous allez dehors et vous combattez avec une arme comme une tige en métal, vous verrez qu’elle rebondira sur la créature, sans rien lui faire.

— Attendez ! Quoi ?

Un homme au menton anguleux, aux cheveux mi-longs et blonds, se leva. Son visage était marqué par le mépris.

— Comment savez-vous ça ? Vous avez des preuves ?

Ses paroles étaient froides et ses yeux bleus me regardaient avec arrogance, comme s’il s’attendait que je m’excuse pour une erreur que je n’avais pas commise. J’aurais aimé tant l’envoyer balader, mais ce n’était pas vraiment le moment.

— Dehors, je me suis fait attaquer par ces créatures. Seul l’Altereur m’a permis de me défendre. Mais au pire, vous pouvez tester ça à l’extérieur.

L’homme ne dit rien, préférant s’asseoir en silence. Mais ses yeux ne me quittèrent pas. Il resta digne jusqu’à la fin.

— Bon… J’aimerais savoir qui ici à un Altereur et des cartouches ?

Plus d’une dizaine de mains se levèrent, dont celle de l’homme malpoli. Sans grande surprise, la moitié était des enfants ou des adolescents, il y avait très peu d’adultes. Même avec toute la volonté du monde, je n’allais sûrement pas envoyer des enfants au combat. Résultat, nous étions très peu nombreux pour défendre la base.

— Je vois… Dernière chose, il faudra qu’on aille chercher de la nourriture et de l’eau à l’extérieur, sans quoi, on mourra de faim avant que les secours arrivent…

— S’ils arrivent un jour !

Cette phrase ne venait pas de mon frère, Vick, mais d’une autre personne. D’un jeune homme coiffé d’un bonnet kaki. Son regard gris était franc et droit. Il faisait partie de ceux qui avaient en leur possession un Altereur pour combattre.

— Pardon ?

Face à ma confusion, il continua poliment.

— Je m’excuse de vous couper la parole. Mais j’aimerais mettre en avant une petite observation.

— Oui…

— Ça fait presque 24 h que cet évènement a eu lieu, on est d’accord ?

— Oui…

— Vous trouvez ça normal, qu’il n’y ait ni pompier ni flic. Je ne parle même pas des urgences.

J’avais l’impression de subir un interrogatoire, comme si j’étais la cause de ce chaos. Un peu stressée par la tournure de la discussion, je lui répondis rapidement.

— Peut-être que ces créatures les ralentissent.

— Ok ! Je veux bien. Mais les militaires ? Les journalistes ?

À cette question, mes joues se raidirent.

— Journalistes ?

Cet homme, il avait raison. Tout comme Vick, il avait remarqué que quelque chose clochait. Moi aussi, j’en étais consciente. Normalement, on aurait dû voir des secours, des pompiers, l’armée et des reporters. Ce silence n’était pas naturel et ça m’inquiétait bien plus que l’apparition de ces monstres.

— Dehors, il n’y a aucun hélicoptère ! Pas un bruit ! Comme si on était complètement en quarantaine. Personnellement, je crois que personne ne viendra nous sauver.

Les gens commençaient à parler entre eux, les voix s’élevaient. Ils étaient angoissés, apeurés. Ils avaient peur… De mourir.

De faim ? De soif ? De maladie ?

Ou dévorer par ces choses qui rôdaient dans la ville.

La panique allait bientôt les gagner. Il fallait que je les calme.

— STOP ! On se calme !

De ma plus grosse voix, j’arrêtai net tout le monde.

— J’avoue que moi-même, je ne sais pas s’il y aura des secours rapidement. Mais, je suis sûre qu’ils viendront. Ils ne savent rien de notre situation. On ne sait rien de la leur. Mais ça n’empêche pas qu’il faille se battre et survivre jusqu’à leur arriver. On doit manger, boire, dormir et on devra peut-être même combattre ces créatures. Mais ce n’est pas comme si on était désarmé. Si on s’organise, on peut survivre. Il faut juste ne pas paniquer et que tout le monde y mette du sien !

— Je suis d’accord avec la demoiselle.

Jean, l’homme de sécurité posa chaleureusement sa main sur mon épaule, appuyant mes propos.

— Pareil.

Vick me sourit et me montra son soutien. Telle une traînée de poudre, de nombreuses personnes acquiescèrent, les traits de leurs visages paraissaient soulagés. Même l’homme au bonnet fit un large sourire. À croire qu’il l’avait fait exprès.

Mais pourquoi ?

— Bref… Hein… Parmi ceux qui ont des Altereurs de combat, si on peut appeler ça comme ça… Qui est volontaire pour aller chercher des vivres ?

Presque toutes les mains se levèrent, dont celle de mon frère et des plus jeunes.

— Désolé, de vous dire ça. Mais je refuse les enfants… Vick c’est non, pareil pour vous !

Je fis signe aux plus jeunes de baisser leurs mains.

— Oh ! Eh ! Oh ! J’ai 17 ans maintenant, je suis plus un enfant !

Vick s’approcha de moi, mécontent. Je ripostai, essayant de lui faire comprendre mon point de vue.

— Peut-être, mais je ne prendrais pas le risque que tu sois blessé.

— Ce ne serait pas du favoritisme, ça ?

Je soupirai, et le regardai avec dédain.

— Tu te fiches de moi là ? Sérieusement !

— Oui, je suis sérieux. Je veux venir !

— Non !

J’étais catégorique, pourtant ça n’empêcha pas à mon frère de faire un sourire sarcastique.

— Écoute, que ce soit avec ou sans toi, j’irais dehors !

Sous le choc, mes yeux vacillèrent.

— Tu préfères que je meure dehors, ou que je sois avec toi et que tu puisses me protéger ?

— Tu n’oserais pas…

— Tu sais très bien que je suis têtu.

Je grinçai des dents. J’étais furieuse.

— Toi…

Je serrais le poing. J’étais si furieuse que mon corps tremblait. J’aimerais tellement lui donner une petite tape à l’épaule juste pour me calmer les nerfs. Mais ça ne se faisait pas.

Franchement, Vick avait le don de trouver les mots pour me mettre hors de moi. Le pire, c’est que je savais qu’il serait capable d’accomplir sa menace, juste pour me prouver que j’avais tort de le sous-estimer.

— Tu sais que j’ai envie de te frapper, là maintenant…

Mon frère montra un sourire malicieux. Il le savait, il avait gagné. Il avait cette habitude de jouer avec mes faiblesses. Je détestais ça. Un jour, c’est sûr, je n’arriverais pas à me retenir.

— Je sais…

Je soupirai, évacuant le plus de colère possible. Je posai ma main sur mon visage et penchai ma tête en arrière en signe de défaite.

— Bon, c’est d’accord.

Vick m’offrit son plus grand sourire, je pouvais presque le voir sautiller sur place tellement il était heureux.

Je sentis alors quelqu’un tirer ma manche.

— Oui ?

C’était Jim, le garçon aux cheveux teints. Il me regarda avec ses yeux noirs.

— Toi aussi, tu veux venir ?

Avec son visage inexpressif, il acquiesça. Moi qui ne voulais mettre aucun enfant en danger, je me retrouvais à en baby-sitter deux. Je savais que j’allais devoir surveiller attentivement Vick. Il était parfois tête en l’air.

Par contre, pour ce jeune garçon, je ne savais pas à quel point je devrais l’avoir à œil. Toutefois, il m’avait l’air mature…

Peut-être trop ? J’ai encore cette sensation bizarre vis-à-vis de lui.

Mais d’où vient-elle ?

Je me tournai vers Jean et les sept jeunes enfants. Ils devaient avoir respectivement entre huit et dix ans. Je n’allais sûrement pas céder avec eux. Heureusement, leur regard apeuré m’indiqua qu’ils n’allaient pas me forcer la main.

— Jean, je peux te laisser ces enfants.

Je m’accroupis pour être à leur niveau.

— Puis-je vous demander de rester là avec Jean pour protéger les lieux ? Je sais que ça peut faire peur. Mais vous êtes les seuls qui à pouvoir faire ça. Compris ?

Doucement, les enfants hochèrent de la tête. Ils avaient l’air heureux qu’on leur donne une mission moins dangereuse. Je me relevai, leur souriant une dernière fois. Puis je fixai Jean.

— Jean, je te les confie.

— Compte sur moi.

Jean frappa son poing contre sa poitrine. Son geste fut si violent qu’il se mit à tousser.

— Ça va ?

En réponse, il me fit signe que tout allait bien. Soulagée, je soupirai et regardai notre groupe d‘excursion. En nous comptant, moi et Vick, nous étions sept personnes. Je ne pouvais pas dire que nous étions nombreux. Je ne sais même pas s’il serait possible pour nous de ramener tout ce dont nous avions besoin du premier coup. Toutefois, une petite troupe voulait dire que les monstres allaient moins nous remarquer. Ce qui était une bonne chose.

Mais avant de partir, il fallait que je vérifie si tout le groupe avait de quoi se défendre dans l’éventualité où nous croisions une de ces créatures.

— Pouvez-vous tous invoquer une arme offensive ?

Tout le monde me répondit positivement, ce qui était un vrai soulagement. J’avais peur de devoir exclure une personne, ce qui aurait encore plus réduit notre groupe.

— Excuse-moi. Kate, c’est ça ?

L’homme au bonnet se rapprocha de moi, m’offrant un sourire amical. Je vis ainsi qu’il avait les cheveux noirs sous son couvre-chef.

— Oui ?

— Je voudrais savoir, où allons-nous ?

À mon tour, je souris, contente d’entendre une telle question. Je partageai alors mon idée.

— Je sais que non loin d’ici se trouve un centre commercial. On trouvera facilement là-bas de quoi manger, boire. Il y a aussi une pharmacie et d’autres boutiques. J’espère revenir avec de quoi rendre notre séjour plus confortable.

— Je vois ! Désolé de te demander ça. Mais, comme je ne connais pas la ville…

Je sursautai. Ainsi, cet homme n’était pas d’ici. L’idée qui soit un touriste me traversa l’esprit. C’est sûr, il vivait actuellement les pires vacances du monde. Il devait regretter d’être venu dans notre grande ville.

J’affichai un sourire désolé.

— Je comprends ! Vick et moi connaissons bien le quartier, donc on pourra vous guider.

L’homme au bonnet vert secoua la tête. La demande close, je me mis à réfléchir.

C’est vrai, je connais assez bien les alentours. Mais seulement une certaine section de la ville. Celle que mon frère et moi avions l’habitude de vivre. Par contre, s’il fallait sortir de notre zone de confort, comme se rendre dans le quartier industriel ou touristique. Je ne sais pas si je serais capable de trouver de la nourriture sans une carte. Il fallait absolument en prendre une lors de notre expédition.

Je regrettais de ne pas avoir un crayon et un bloc-notes à proximité. Avoir une liste de course aurait tellement été mieux pour éviter d’oublier quelque chose.

Pensive, je levai un sourcil tout en fixant le groupe.

— J’y pense, nous n’avons plus de moyen de communication. Donc il faudra faire vite pour éviter de nous mettre en danger. À l’extérieur, nous ne savons pas ce qui nous attend. Personne ne nous sauvera. Il faudrait donc revenir avant la tombée de la nuit.

Vick acquiesça à mes propos.

— Tu as raison. Vu le temps qu’il nous faudra pour y aller…

Je soupirai et coupai la parole à mon frère.

— Il faut que nous partions tout de suite.

Le silence tomba. Je ne sais pas ce que ces personnes pensaient. Mais je savais qu’ils s’inquiétaient. Malheureusement, nous n’avions pas le luxe de nous préparer mentalement. Nous devions nous jeter dans la gueule du loup au plus vite, sinon des problèmes surgiront.

— Bon, que chacun se prépare. Rendez-vous dans dix minutes derrière la grille. Tout le monde est Ok ?

Toutes les têtes approuvèrent. J’allais bientôt retourner en enfer. J’espérais que mon initiative ne nous conduirait pas vers une fin tragique.

Alter Reality Chap.5 : Rescapé p.3

Voici le chapitre 5 du tome 1 de mon Light Novel Alter Reality.
Toutes les deux semaines, un chapitre sera posté. N’hésitez pas à donner votre avis.

Vous pouvez lire les chapitres précédents ici :
Chapitre 1 – Catastrophe p.1
Chapitre 2 – Catastrophe p.2
Chapitre 3 – Rescapé p.1
Chapitre 4 – Rescapé p.2

Kate – Magasin de prêteur sur gage

Le récit de mon frère terminé, je me massai la tête digérant toute cette histoire. J’étais surtout effarée d’apprendre que mon frère aurait pu mourir. S’il n’avait pas eu cette armure ni cet homme…

Je… Je ne sais pas ce que je serais devenue.

— Malheureusement, je ne peux pas te dire la source de ce phénomène.

Toujours dans son histoire, mon frère me coupa dans mes pensées.

— Je m’en doute. Mais c’est quand même bizarre, ces créatures qui nous ont attaquées, elles viennent…

— De jeux vidéo, je sais…

Vick le dit avec une telle facilité et fierté que j’en étais désemparée. Cette situation avait l’air de lui plaire. Ses yeux brillaient de curiosité, comme  lorsqu’il avait une énigme à résoudre.

Je le sentais mal… Il faudrait que je le surveille de près.

— Mais comment ? Je veux dire amener un monde virtuel dans notre monde, c’est déjà une chose. Mais plusieurs.

— Et encore, il y a mieux. J’ai remarqué que ces monstres commençaient à établir une sorte d’écosystème. Certaines créatures qui ne s’étaient jamais croisées avant interagissent entre elles comme le feraient des animaux.

— Ça a l’air de te plaire.

Les yeux de mon frère étincelaient d’une lueur si intense qu’ils auraient pu rendre aveugle.

— Mais c’est génial, ça veut dire qu’elles sont douées d’une capacité d’adaptation. Une intelligence artificielle créée par l’homme n’est même pas encore capable de faire ça. On a seulement créé des IA qui pouvaient faire face à des problèmes déjà programmés en elles.

— Concrètement, ça veut dire ?

— Que ces choses, ces monstres ne sont pas des programmes, mais que ce sont des êtres vivants doués d’une conscience.

Une conscience ?

Ces créatures étaient donc vivantes. C’était impossible !

Elles étaient sorties de l’imagination de leur créateur. Elle ne venait pas de mère Nature. Aucun pixel n’avait jamais tué personne et n’avait encore moins le pouvoir de la réflexion.

Qui avait provoqué ça ? Pourquoi ? Comment ?

Ou alors…

Il y avait une autre explication. C’était dingue, mais…

Ces monstres venaient-ils vraiment de nos jeux ?

Où provenaient-ils d’un univers alternatif inconnu à nos yeux ?

Mon frère prit soudainement un air sérieux.

— Il y a aussi un autre phénomène bizarre, depuis cette attaque.

— Oui ?

— Il n’y a plus de réseau, et plus de production d’électricité.

— Oui, je l’ai remarqué, impossible de se connecter sur Speak.Net

— Exact. Par contre, les Altereurs, nos seules armes, marchent. Le hasard fait bien les choses, comme on dit.

Vick n’avait pas tort. L’Altereur était le seul outil à notre disposition pour nous défendre et il fonctionnait encore. À croire que la compagnie, qui l’avait mis sur le marché, avait prévu son coup.

Je me demande ce qu’elle aura à dire là-dessus. Une chose est sûre, la technologie provenant des Altereurs n’était pas toute blanche dans cette histoire.

— Vick, mis à part cette histoire, j’espère que tu n’essayeras plus de faire face à un dinosaure terrorisé à l’avenir.

Vick haussa des épaules, comme s’il n’était pas concerné.

— Il m’a attaqué par surprise, je te signale. Je n’ai jamais cherché à le combattre.

— Ce n’est pas ce que je voulais dire.

—…

— Je suis juste…

— Inquiète, je sais.

— Tu as eu de la chance que cette armure t’ait protégé. J’espère que tu te balades toujours avec, quand tu vas à l’extérieur.

— Je t’ai parlé de…

Mon frère leva les yeux au ciel, faisant mine de passer à autre chose.

— Vick !

— Oui…

— Tu la portais, quand tu me recherchais ?

— Heu… Non…

— Pourquoi ?

Ma colère commençait à monter et Vick devait le sentir, car son sourire se raidit.

— Alors, ce n’est pas contre ma volonté, je t’assure…

— Vick !

— Comme t’expliquer ça… L’armure était à utilisation unique. Je dois la recharger en jouant une partie sur console et comme il y a plus d’électricité… Pas d’armure.

Je le regardai avec une expression sombre.

— Donc tu étais dehors sans rien pour te protéger.

— Je ne dirais pas ça, j’avais mon autre jeu, Metalboy.

— Hmmm…

Je ne sais pas ce qui m’énervait le plus, le fait que mon frère soit sorti sans aucune protection dans un monde rempli de créatures assoiffées de sang, ou qu’il soit complètement inconscient.

Bon, c’est vrai, ce n’était pas de sa faute. Le système actuel faisait que certaines cartouches devaient être rechargées en ressource en passant par une console.

Ce système de jeu était dû à un traité commercial entre Alteria et les éditeurs de jeux vidéo. C’était pour ces derniers une garantie de ne pas voir leurs technologies être développées par des concurrents. Ainsi, les joueurs devaient acheter, en plus de l’Altereur, les consoles liées au jeu.

Si, pendant d’une bataille, on se retrouvait sans munitions ou sans protection, il fallait recharger en branchant la cartouche sur la console et y jouer. De même, pour débloquer de nouveaux armements pour l’Altereur, il fallait avancer dans le jeu.

Certaines licences allaient même jusqu’à offrir des bonus comme des accessoires visuels, si le jeu était fini à 100 %. Je ne parle même pas des DLC, qui permettaient parfois de remettre un jeu au goût du jour.

Bref, un système purement commercial, qui faisait parfois débat.

Le problème c’est que nous n’avions aucune console ni électricité à disposition. Heureusement un de mes jeux avait une arme aux munitions infinies.

— Je suis désolé de vous interrompre, mais c’est moi qui ai autorisé votre frère à sortir.

Ben s’interposa gentiment entre mon frère et moi. Je pouvais voir dans ses yeux qu’il n’aimait pas les disputes.

— Je parie qu’il vous a harcelé pendant des heures.

Ben rit maladroitement.

— Vous connaissez bien votre frère. Mais il était vraiment inquiet.

— Je sais… Je sais… Mais j’aurais préféré qu’il attende sagement.

Vick se leva pour prendre sa défense.

— Attends ! Si je n’étais pas sortie, tu serais sûrement morte déchiquetée par ces reptiles.

— Oui, sûrement, mais…

— On se calme, les jeunes !

Alors que le ton recommençait à monter, Ben nous apaisa de nouveau.

— Je crois que tout le monde a compris que vous teniez l’un à l’autre.

— …

Le silence régna un petit moment, jusqu’à ce que Vick laissa échapper un petit rire.

— Héhéhé

— Ça te fait rire Vick ?

— Oui. Ça me fait plaisir de te revoir saine et sauve.

Je ne pus que sourire.

— Moi aussi.

— Bon, bah voilà. Je préfère ça. Kate !

Alors que mon frère et moi redevenions complices, Ben me montra visage grave. Il avait l’air de vouloir me demander quelque chose.

— Oui ?

— Je sais que ce n’est pas vraiment le moment pour cette conversation. Mais y avait-il avec toi d’autres survivants ? Je pourrais les abriter ici.

— Oui. Ils sont même assez nombreux.

— C’est vrai !

En entendant ma réponse, les adolescents derrière moi se levèrent pour s’approcher. Leurs yeux étaient remplis d’espoir, comme s’ils s’attendaient à avoir une bonne nouvelle. Certains d’entre eux devaient espérer voir un proche vivant. Nerveuse, je continuai de parler.

— Ils sont actuellement à l’abri dans une banque.

— Une banque ?

— Plus exactement à l’intérieur d’un coffre-fort. Ils sont sûrement plus en sécurité qu’ici, sans être offensante.

En réponse, Ben secoua sa main de gauche à droite.

— Non, non, je sais bien que ma boutique ne peut rien faire face à ce qu’il y a dehors.

De nouveau, je souris, fixant Ben.

— J’aimerais vous demander si vous voulez venir avec moi là-bas. J’avais prévu de m’y réfugier avec Vick.

— C’est assez loin ?

— Non, pas tant que ça. En plus, je n’ai pas vu beaucoup de ces créatures sur le chemin.

— Mhhhh.

— Le plus important, c’est d’être discret.

— Je vois…

Ben réfléchit, tout en regardant autour de lui.

— Il y a une possibilité d’amener du matériel ?

— Il faudrait qu’il soit transportable dans un sac à dos et léger. Car, en cas d’attaque…

— Il faudra courir. Je comprends.

Vick regarda Ben et fronça des sourcils.

— Ma sœur et moi, on peut vous défendre, mais dans le cas d’une grosse attaque.

J’acquiesçai.

— Oui. Voilà pourquoi il faut être discret.

— Moi aussi, je peux aider !

À cette voix, je tournai ma tête en direction d’un jeune garçon aux cheveux rouges, quelques mèches noires prouvaient qu’ils étaient teints.

— Tu es sûr ?

— Je ne suis pas du genre à aider les autres. Mais là, c’est une question de survie.

Le garçon avait une voix froide et claire. Je ne sais pas s’il avait une confiance parfaite en lui, ou s’il n’était pas conscient du danger. Pour appuyer ces propos, il montra son Altereur, qui était attaché à son poignet.

Je devais accepter son aide. Nous n’étions pas de trop pour protéger tout le monde. Un garde du corps en plus ne se refusait pas.

Néanmoins, quelque chose me gênait chez lui. Ce garçon était vraiment en mauvais état, ses vêtements étaient sales et troués. Son visage était fatigué, et son regard éteint, comme s’il avait vécu beaucoup trop de choses pour son âge.

Qu’avait-il vu ?

Qu’avait-il vécu ?

Je ne le saurais peut-être jamais.

— D’accord. Donc on sera trois à défendre.

Ben baissa les yeux convaincus.

— De toute façon, je crois qu’on n’a pas le choix, il faut se rassembler. Plus on sera nombreux, plus on pourra facilement être secouru. Si on se disperse, on aura du mal à nous trouver.

Vick hocha de la tête.

— C’est sûr qu’il vaut mieux faciliter les recherches.

Je fixai Ben, et lui posai la question qui me brûlait les lèvres depuis un bon moment.

— Quand voulez-vous y aller ?

— Maintenant !

J’affichai une expression perplexe face à cette réponse.

— Vous êtes sûr ?

— Oui, le plus tôt sera le mieux.

Ben se tourna vers le groupe et tapa dans ses mains, comme un professeur voulant attirer l’attention de ses élèves.

— Allez, tout le monde, préparez vos affaires et attendez-moi devant la porte de devant.

Tout le groupe se mit en action, prenant sacs, manteaux et le reste. Pendant ce temps, je sortis à l’extérieur, pour regarder les alentours.

Vick me suivit. Je lui fis un grand sourire.

— Je suis vraiment contente que tu ailles bien, Vick.

— Ton petit frère est plus solide que tu le crois, tu sais.

— Oui. Mais… Tout ça… Tous ces événements… J’ai vraiment imaginé le pire.

— Arrête d’angoisser. Toute cette histoire vient juste de commencer, il va falloir survivre jusqu’à l’arrivée des secours. Du moins s’ils viennent un jour.

Je grimaçai.

— Qu’est-ce que tu veux dire par là ?

— Ce phénomène ne touche peut-être que notre ville, ou alors le monde entier. Si c’est le cas…

Je lui lançai un regard abattu et lui coupai la parole.

— Personne ne viendra nous sauver… C’est ce que tu veux dire.

Vick soupira.

— Peut-être même que ce monde deviendra notre quotidien.

Je me mis alors à rire nerveusement.

— Tu parles comme si on était dans une de ces séries télé, où l’histoire se passe après une attaque de zombie.

— J’espère que je me trompe.

— Moi aussi…

Nous restâmes silencieux pendant un moment, méditant sur nos paroles.

Notre quotidien ?

Franchement, je ne souhaitais pas ça. Une vie où il fallait surveiller nos arrières, où il fallait se battre pour manger, boire ou vivre. Personne ne voulait ça. C’était même impensable.

C’est alors que Ben sortit sa tête de la porte, nous faisant signe de la main. Grâce à lui, je remis mes idées noires au placard.

— Eh ! C’est bon, nous sommes tous prêts.

Je pris une grande inspiration et lui répondis calmement.

— Alors, on y va !

Comme je connaissais le chemin, je me retrouvai en tête de file, accompagné de l’autre jeune garçon. Quant à Vick, il surveillait nos arrières en cas d’attaque-surprise.

Après plusieurs minutes de marche silencieuse, je décidai de commencer une conversation, pour essayer de briser la glace avec mes futurs camarades.

— En fait, comment vous appelez-vous ?

Pour commencer, je regardai mon compagnon de route aux cheveux rouges.

— Jim.

Jim ne se donna même pas la peine de me regarder. Il observait juste l’horizon, tout en remontant son écharpe rouge au niveau de sa bouche. Je fixai ensuite la fille de gauche se trouvant derrière moi.

— Et vous ?

— Sarah

La jeune fille sourit timidement, aussitôt un des garçons continua les présentations.

— Moi, je suis Jake, et lui, c’est Max

À mon tour, je souris. Vu leurs ressemblances, je me permis de leur poser une question indiscrète.

— Enchantée. Vous êtes frère ?

— Non ! Pas vraiment, nous sommes amis. On était en train de sortir de cours, quand…

Le visage des trois adolescents s’assombrit. Je préférai arrêter là, la discussion. Je sentais que leurs esprits étaient encore perturbés par les événements.

La cicatrisation allait être longue pour certains. Surtout pour des enfants qui n’avaient jamais vécu de guerre ou de catastrophe. En fait, j’étais dans le même bateau.

Heureusement, sur le chemin aucun de nous ne fut blessé. Nous n’avions subi aucune attaque. Nous croisâmes qu’une seule créature sur notre route.

À première vue, elle avait l’air inoffensive. Pourtant, Vick nous arrêta et demanda à l’observer. Au début, je ne compris pas sa requête. Mais comme il était celui qui connaissait le plus l’univers des jeux vidéo, je préférais l’écouter.

Cachée, derrière des gravats avec le reste du groupe, je regardai en silence cette petite créature. Elle était aussi grande qu’un petit ballon de football. Sa forme rappelait grossièrement celle d’un crabe. Sa carapace était de couleur crème.

La créature se déplaçait comme un chiot maladroit relevant ses pattes plus haut que nécessaire. Quand d’un coup le crabe sauta sur un cadavre humain. Sur le dos du mort, il rampa jusqu’au sommet de la tête, puis il engloba tout le crâne avec son corps. C’est alors que le cadavre fut pris de violents spasmes musculaires.

Je regardai la scène horrifiée. Cette chose était en train de dévorer le corps d’un être humain. Ce qui expliquait certainement le peu de cadavres que j’avais vu.

— On part. Il ne va pas s’occuper de nous. Mais, il vaut mieux ne pas être là quand il aura fini.

J’étais d’accord avec lui. Nous continuâmes notre route, jusqu’à atteindre les portes vitrées de la banque.

Soulagée d’être à bon port, je jetais une dernière fois un coup d’œil à la rue. Le soleil couchant embrasait de ses rayons les immeubles, dessinant de grandes ombres sur le sol. Ce paysage aurait fait une belle photo, si tout autour de nous s’il n’y avait pas que des ruines.

Le pire était d’entendre au loin le hurlement d’une créature non identifiée. Suivi d’une cacophonie de grognements qui s’éleva en réponse.

Mon corps frissonna. Bizarrement, je sentis que nous n’étions pas en sécurité, même dans cette banque.

J’espérai que Vick avait tort. Que ce nouveau monde ne deviendrait pas notre quotidien.

Alter Reality Chap.4 : Rescapé p.2

Voici le chapitre 4 du tome 1 de mon Light Novel Alter Reality.
Toutes les deux semaines, un chapitre sera posté. N’hésitez pas à donner votre avis.

Vous pouvez lire les chapitres précédents ici :
Chapitre 1 – Catastrophe p.1
Chapitre 2 – Catastrophe p.2
Chapitre 3 – Rescapé p.1

Vick – Quelques minutes avant l’apocalypse

Comme il était prévu, après les cours, je m’étais rendu dans mon magasin de jeux vidéo favoris.

À l’intérieur, je fus accueilli par le propriétaire, un jeune homme de trente ans. Il avait une habitude bizarre. Celle d’avoir toujours un peigne à la main et de remettre ses cheveux en place, peu importe s’il y avait un client ou non. Il était le genre d’homme à ne pas abandonner une bataille même contre ses cheveux longs et rebelles.

— Regarde ce que j’ai Vick. Tadaaamm !

Un sourire malicieux s’afficha sur son visage. D’un coup, il sortit de derrière son comptoir une boîte de jeu. Je me fichai.

— C’est…

— Eh oui ! Le dernier Android alpha 5 ! Il est tout chaud et il vient d’arriver pour mon client préféré.

Je souris amical et penchai légèrement la tête.

— Tu sais que je l’ai recommandé.

— Oui ! Mais laisse-moi le dire avec une certaine classe quand même.

Heureux d’obtenir le jeu dont j’attendais la sortie depuis des mois, je me précipitai hors du magasin, bien décidé à revenir à la maison et à jouer le plus vite possible.

À peine avais-je franchi le seuil de la porte, que je vis des données apparaître au milieu de la rue, pour prendre une forme humanoïde.

Sur le moment, je l’avouai, je m’attendais à voir un évènement en rapport avec l’Altereur, même si je n’avais vu aucun article qui le mentionnait. Mais ce n’était pas rare de voir des combats « surprises ». Ce qui permettait de rendre la fonction gaming de l’Altereur plus palpitant, et de satisfaire les joueurs.

Bref, j’étais prêt à combattre et augmenter mon score. En plus, j’avais en tête d’inaugurer mon dernier achat.

— MODE GAME ACTIVE !

— ACTIVATION DU JEU ANDROID ALPHA 5 !

Quand mon jeu se déclencha, je fus entouré par un genre d’armure. J’avais entendu que les développeurs avaient eu l’idée de rendre le jeu plus immersif en incluant le visuel de la combinaison que revêtait le joueur dans le jeu.

Sur mon torse, mon bras gauche et mes jambes flottaient des plaques orange métallisées. Certaines zones de mon corps n’étaient pas totalement recouvertes. C’était un mauvais point, car tant qu’à inclure une armure, autant le faire à 100 %.

Il y avait également un casque qui recouvrait ma tête. Il était semblable à un casque de motard. Sauf qu’au contraire de l’armure, il était d’une teinte rouge et la visière était vert vif.

Pour finir, mon bras droit était entièrement caché par un cylindre métallique gris. Au bout se trouvait un canon. Dans le jeu, cette arme était connue sous le nom de Buster.

Prêt à l’attaque et enfin équipé, je me précipitai vers mes premières victimes. J’en éliminai plusieurs assez facilement en leur tirant directement des balles d’énergie dans le crâne.

Le combat était relativement facile à cause du viseur intégré à l’intérieur de la visière. Ça me permettait de mieux pointer les points faibles de mes adversaires. Il faudra que je trouve plus tard comme le désactiver pour augmenter la difficulté.

Sans grande surprise, beaucoup de personnes participaient à l’évènement. J’entendais des rires, des plaintes et des recommandations. Tout ce à quoi l’on pouvait s’attendre lors d’un tel évènement.

Pendant quelques minutes, la rue était devenue un vrai jeu vidéo, loin des occupations de la vie réelle. Et surtout des cours.

Toutefois, quelque chose déconnecta tout le monde du jeu.

Un cri…

Un simple cri empli de terreur. Inquiet, tout le monde chercha son origine.

Ce hurlement pouvait indiquer la venue d’un nouveau monstre, voir d’un boss. Une créature qui pouvait n’être vaincue qu’à plusieurs. En plus, elle rapportait beaucoup de points. Personne ne pouvait l’ignorer.

Malheureusement, nous nous étions trompés. Ce n’est pas un monstre qui est apparu. Mais un adolescent à terre. Son visage était marqué par la peur. Il tenait fermement son bras recouvert de sang contre sa poitrine.

Ce n’était pas normal !

— Il m’a blessé ! Il m’a blessé !

Les paroles de cette personne furent l’élément déclencheur. Car, le combat devint très vite sanglant.

Les joueurs qui jusque-là dominaient la bataille se faisaient complètement submerger. Les créatures étaient de plus en plus nombreuses.

Je n’en croyais pas mes yeux. Ces monstres avaient la capacité de tuer.

C’était impossible ! C’était virtuel, un jeu…

Là, les créatures arrivaient à couper des membres, et à dévorer la chair humaine. C’était si gros, que sur le moment, je crus à une blague de mauvais goût.

Mais au fil des secondes, mon sourire s’effaça, pour laisser place à une expression d’effroi. Paralysé, je pouvais que regarder cette boucherie.

Je devais partir d’ici et vite…

Mais à peine avais-je pris mes jambes à mon cou, que le sol trembla. J’entendis ensuite des bruits lourds.

Soudainement, un mur de béton fut propulsé par terre, suivis de plein d’autres. La rue principale était en train de se faire broyer par le corps d’une créature massive. Elle était sortie d’une ruelle avec fracas et semblait complément désorienté. Elle trébuchait de gauche à droite, sans faire attention aux bâtiments.

Cette créature ressemblait à un brachiosaure, ce grand dinosaure herbivore au long cou. Sauf qu’il avait au-dessus de son museau une énorme bosse. Sa queue était arrondie au lieu d’être longue comme un fouet. Elle devait sûrement lui servir de défense face au prédateur.

Une de ses autres caractéristiques était des plaques pointues longeant son dos, allant de sa crête arrondie jusqu’au bout de sa queue. Quant à sa couleur, elle était entièrement verte, comme si de la mousse avait poussé sur ses écailles. Seul son ventre était différent, avec une teinte crème.

Du premier coup d’œil, je savais de quel jeu provenait ce monstre. Avec ma sœur, j’avais passé des dizaines heures à jouer dessus.

Malheureusement, mon jeu était depuis longtemps en train de prendre la poussière sur mon étagère. Je regrettais un peu d’avoir laissé ma cartouche « Monster Killer » dans sa boîte. En étant équipé avec, j’aurais peut-être pu faire quelque chose…

Pris au dépourvu, je regardai le gigantesque lézard se défouler. Mon corps refusait de bouger. J’étais pétrifié.

C’est seulement, après avoir vu la chose se diriger vers moi que je pus faire plusieurs pas en arrière, prêt à fuir. Mon instinct de survie commençait enfin à démarrer. Mais à peine avais-je reculé, que la créature fit demi-tour, éclatant le mur d’un magasin.

Soulagé, je ne vis pas la queue de la créature arriver à pleine vitesse vers moi. Au dernier moment, je me protégeai avec mes bras. Mais en vain. Le gourdin osseux fendit l’air, percutant avec force mon corps, qui fut projeté à plusieurs mètres. Je fis plusieurs roulades avant d’être arrêté par un mur.

Quand j’ouvris les yeux, je crus pendant un instant être paralysé. Dans ma tête, j’étais tellement amoché que je ne pouvais pas me lever. Par peur, je ne tentai même pas de le faire.

— ARMURE DÉTRUITE !

C’est en entendant cet avertissement que je compris que quelque chose. Mon corps avait tenu le choc. Pas à cause d’un miracle ou par chance. Mais grâce à mon Altereur.

L’armure que je portais avait pris toute l’attaque. Celle-ci était si puissante qu’elle avait réduit en miettes ma seule protection contre ce chaos virtuel.

Les dernières traces de la présence de l’armure étaient des cristaux bleus, semblables à des morceaux de verres brisés, qui s’évaporaient dans les airs.

Quand je repris complètement mes esprits, je me levai, prêt à retenter une retraite loin de la bataille. Mais à peine m’étais-je redressé, que je sentis une main se poser sur son épaule.

C’était Ben !

Sans aucune explication cet homme me prit par le bras pour me traîner vers son magasin.

Sur le chemin, je remarquai une chose. Ce dinosaure… Il y avait une raison à son comportement.

La créature était tout bêtement en train de se faire chasser par d’autres reptiles, des carnivores. Ce qui expliquait ses grands gestes chaotiques, il essayait bêtement de fuir ses assaillants, sans se préoccuper de ce qui pouvait se trouver sur la route.

C’est la dernière chose que je vis. Je ne pus sortir du magasin qu’après plusieurs heures et uniquement quand Ben avait jugé la situation plus stable.

Alter Reality Chap.3 : Rescapé p.1

Voici le chapitre 3 du tome 1 de mon Light Novel Alter Reality.
Toutes les deux semaines, un chapitre sera posté. N’hésitez pas à donner votre avis.

Vous pouvez lire les chapitres précédents ici :
Chapitre 1 – Catastrophe p.1
Chapitre 2 – Catastrophe p.2

Kate – Devant un magasin de jeux vidéo

Alors que la mort se présentait sous la forme de dents acérées. J’entendis au loin un bruit semblable à un tir électronique.

Plusieurs boules lumineuses apparurent, percutant violemment mes assaillants. Ils se retrouvèrent tous à terre, laissant échapper un dernier râle avant de mourir.

C’étaient bien des reptiles qui m’avaient prise en embuscade. Leur morphologie était semblable à celle du célèbre vélociraptor, sauf qu’ils avaient une couleur d’écaille assez peu commune. Une sorte de rose orangée.

Par contre, leurs pattes antérieures et leur dos étaient pourpres. La dernière touche de couleur se trouvait dans leurs yeux cramoisis. Ça devait être compliqué pour eux de chasser le jour avec ces teintes flashy. En plus, la collerette sur leurs têtes n’ajoutait rien à leur discrétion.

Ces corps me disaient quelque chose, je pense les avoir déjà croisés dans un jeu. Ou plutôt je les avais chassé. C’était assez perturbant de voir que ces ennemis, qui étaient connus pour être presque en bas de la chaîne alimentaire, m’attaquaient comme un vulgaire bout de viande. Si j’étais dans une partie de jeu vidéo, je me serais sûrement vexée d’avoir résisté si faiblement. Sauf que là j’étais dans la réalité. Je n’aurais pas de seconde chance.

Encore un peu sous le choc de ce sauvetage in extremis, je levai la tête, fixant mon sauveur.

Mon visage se crispa, et mes yeux s’emplirent de larmes. Je me relevai, courant à toute vitesse, les bras écartés. Percutant cette personne de tout mon poids.

Je me fichais complètement de son âge, de sa taille. Sur le moment, je le serrai dans mes bras comme quand il avait à peine six ans.

Enfin… J’avais enfin retrouvé mon frère.

— Tu m’étouffes ! Arrête, je vais mourir !

Il était bien plus grand que moi et les adolescents de son âge. Pourtant ça ne m’empêcha pas de presser son visage contre mon épaule, comme pour éviter qu’il ne disparaisse. En entendant ses plaintes, je dus me résoudre à le relâcher.

Je me mis à tapoter le corps de mon frère, cherchant le signe d’une blessure ou d’un bandage.

— Tu n’es pas blessé ? Tu n’as rien ?

— C’est bon… C’est bon, je te dis !

Un peu énervé par mon inquiétude maladive, Vick me repoussa gentiment. Je dus arrêter là mon inspection.

Il semblait qu’il n’avait souffert d’aucun dégât physique. Seuls ses vêtements avaient subi quelques dommages, mais rien qu’une aiguille et un fil ne puissent réparer. Il avait de la chance que sa besace et sa sacoche remplie de cartouches de jeux soient encore sur lui. Je n’imagine même pas sa tête s’il les avait perdus.

Soulagée, je laissai échapper un grand soupir. Vick m’offrit un large sourire.

— Et toi, tu vas bien ?

— Oui ! J’ai juste eu un accident !

À mon tour, je souris, heureuse de ce dénouement. Moi qui, depuis mon réveil, avais imaginé le pire. J’étais si apaisée de le voir à mes côtés, que j’aurais pu fondre en larmes.

Mais je ne pouvais pas. Pas maintenant, pas ici.

— Attends quoi ? Un accident ?

— Oui, de voiture. Mais rien de grave ! Je te donnerais des détails plus tard.

—…

Devant ma révélation, Vick fit une moue inquiète.

Je comprenais qu’il était mécontent de ne pas avoir plus d’information. Il fallait mieux que je ne lui parle pas de mon choc à la tête. J’étais déjà celle qui angoissait le plus dans notre famille. Autant ne pas rajouter mon frère à l’équation.

Tout en regardant autour de moi, je le questionnai.

— Que s’est-il passé ici ?

Au fond de moi, je me doutais bien que mon frère avait vu quelque chose. Il devait sûrement être aux premières loges lors de la catastrophe.

— Je vais tout expliquer. Mais pas ici ! Nous ne sommes pas en sécurité.

— Je comprends.

Vick me fit signe de le suivre.

Derrière lui, je l’observai. Vick avait un style assez décontracté. Mais ça ne l’empêchait pas d’avoir une certaine classe comme il aimait le dire. C’était tout mon contraire, pour moi les vêtements devaient être confortables avant d’être beaux et assorties entre eux. La preuve je ne portais qu’un simple pull violet à col roulé et un jean noir discount.

Nous avions à peine traversé deux rues que mon frère s’arrêta en face d’un magasin. La façade du bâtiment, contrairement aux autres, était encore en bon état.

Aucune vitrine n’était brisée, aucun bout de plâtre n’était à terre et la porte était encore debout. Seule l’enseigne avec écrit « Cash facile » était un peu de travers.

Mais peut-être était-elle ainsi depuis le début.

— Allez, viens ! On rentre.

Mon frère m’ouvrit la porte et me fit signe d’entrer.

La première chose, qui me frappa, était le comptoir entouré de grille. Seule une ouverture au niveau de la caisse permettait de glisser des billets. Quant à la marchandise, elle était enfermée à l’intérieur de grandes vitrines et entourée de trois caméras.

La pièce était relativement petite, mais très sécurisée. Ce qui réduisait la possibilité d’un cambriolage.

Mais, n’est-ce pas le cas de chaque magasin de prêteur sur gages ?

— On a le droit d’être ici ?

— Ne t’inquiète pas, je connais le propriétaire. C’est même lui qui m’a sauvé.

Il fallait vraiment que je remercie cet homme. Il avait quand même secouru mon petit frère. C’était la moindre des choses.

Mais qu’est-ce qu’on offre quand une catastrophe, telle que la nôtre, nous frappe ?

Une hache ? Un flingue ? De la nourriture peut-être ?

Mon frère me guida vers le fond de la pièce, en direction d’une porte blanche. Quand il l’ouvrit je vis une autre salle, elle était meublée d’une simple table et de chaises, ainsi que de cartons posés par terre.

— Salut, Vick, de retour ?

— Tu as trouvé quelque chose ?

— Lut.

À l’intérieur étaient assises cinq personnes qui nous saluèrent. Un adulte dans la cinquantaine, à la barbe irrégulière, accueillit Vick avec un grand sourire. À ma vue, il se leva.

— Je vois que tu nous ramènes une survivante.

Mon frère gonfla fièrement sa poitrine.

— Je dirais plutôt « la survivante » ! C’est ma sœur.

Il se tourna ensuite vers moi, souriant chaleureusement.

— Kate, je te présente Ben, c’est lui qui m’a sauvé lors de l’attaque et c’est lui, le propriétaire de ce magasin.

Je saluai cet homme en présentant ma main, qui l’empoigna avec une grande énergie.

— Bonjour.

Ben avait l’air d’être un homme chaleureux, ce qui n’allait pas avec son commerce. Les patrons de boutique de prêteur sur gages ont souvent la réputation d’être froid, pour éviter d’être trop sentimental. Sans quoi, il se faisait facilement arnaquer. Il faut croire que c’était une idée reçue.

— Enchanté, enchanté ! Il n’a pas arrêté de nous casser les oreilles avec vous. Où est ma sœur, par ci ? Elle est en danger, par là !

À ce commentaire, les quatre adolescents assis au fond de la salle pouffèrent de rire. À mon tour, j’affichai un grand sourire tout en me tournant vers mon frère.

— On était inquiet à ce que je vois.

— Qu’est-ce que tu veux que je réponde à ça ?

Encore en train de bouder, mon frère posa ses fesses sur un carton, tout en croisant les bras.

— Je vous remercie sincèrement d’avoir sauvé mon frère. Vous ne sav…

Aussitôt, Ben me coupa la parole et tapota avec vigueur mon épaule.

— Pas de problème, c’est normal. Malheureusement, j’aurais voulu ramener plus de gens ici. Je n’ai pu sauver qu’un petit groupe.

— C’est déjà pas mal !

Lança un jeune garçon, au fond de la pièce.

Il avait l’air un poil énervé par les propos de Ben. En réponse, le propriétaire de la boutique m’offrit un sourire affligé.

— Je suis désolé. Ces gamins ont tendance à essayer de me remonter le moral à leur façon.

— Il faut les comprendre…

— Oui. Mais j’aimerais qu’ils pensent plus à eux. Certains n’ont pas dit grand-chose depuis l’évènement.

— Je vois.

Je repensais à ce que j’avais vu à l’extérieur. Les traces laissées sur le goudron témoignaient d’une rare violence. Je ne pouvais même pas imaginer le quart de ce qu’ils avaient vécu. Certains avaient même dû voir des êtres chers disparaître juste devant leurs yeux.

J’étais vraiment chanceuse d’avoir retrouvé mon frère en vie.

Depuis que j’avais vu leurs visages, mon besoin d’en savoir plus sur le déroulement de cette attaque n’avait cessé de grandir.

— Vick.

— Oui ?

— Est-ce que maintenant tu peux me dire ce qui s’est passé ?

— Oui… Pas de problème.

Vick bascula sa tête en arrière, fixant le plafond avec attention. Il avait l’air de trier ses souvenirs, cherchant par quoi commencer.

C’est alors qu’il commença son récit…

Alter Reality Chap.2 : Catastrophe p.2

Voici le chapitre 2 du tome 1 de mon Light Novel Alter Reality.
Toutes les deux semaines, un chapitre sera posté. N’hésitez pas à donner votre avis.

Vous pouvez lire les chapitres précédents ici :
Chapitre 1 – Catastrophe p.1

Plus j’avançais, plus je remarquais des anomalies. Bizarrement, les scènes de catastrophe devant moi n’avaient rien à voir avec les images d’archives illustrant le terrorisme. C’était trop gros. Il y avait des dégâts partout, mais trop désordonnés. Certains endroits étaient touchés, d’autre non. Ce qui n’était certainement pas la marque d’une bombe.

De même, il n’y avait aucune trace d’attaque à l’arme à feu. Juste des accidents de voiture, des lampadaires tordus, des poubelles éclatées. Certaines vitrines étaient comme neuves, alors que d’autres étaient brisées en mille morceaux, sans qu’aucun objet exposé ne soit volé. Le pire, c’était de voir certaines façades d’immeubles complètement effondrées, comme après un tremblement de terre.

Je repensais au propos de l’homme en uniforme. Je commençais à penser à deux théories.

Soit, il y avait vraiment eu une catastrophe naturelle. Soit, d’après la description de ces attaquants, des extraterrestres venaient tout juste de nous envahir.

À cette pensée, je souriais.

Des extraterrestres ! Vraiment ?

La folie commençait peut-être à me gagner. Il fallait absolument que je retrouve ma famille. J’espérais sincèrement que mon frère était encore en vie et qu’il avait pu se mettre à l’abri.

En voyant un panneau tenant en équilibre sur un pilier. J’en déduisis que je n’étais pas loin du magasin de jeux vidéo où mon frère devait être. Je continuai d’avancer, accélérant le pas.

Alors que je tournais au coin de la rue, je vis quelque chose d’horrible, tellement affreux que je reculai. Le gardien n’avait pas rêvé !

Juste devant moi se tenait une créature humanoïde. Ses doigts étaient aussi longs que des baguettes chinoises. Le plus surprenant, c’est qu’elle portait des vêtements. Sauf qu’ils étaient déchirés par endroits et maculés de sang.

À première vue, j’aurais pu croire à un extraterrestre, vu la forme de son crâne. Mais à sa démarche lente et maladroite, je le rangeais plutôt dans la catégorie des morts vivants.

La seule chose qui le différenciait de l’un ou de l’autre était son visage. Il n’en avait pas. En regardant avec plus d’attention, on voyait sur le devant du crâne deux grands appendices. Entre les deux se trouvait une petite rangée de minuscules membres.

On pouvait dire qu’il n’avait rien de charmant. Le pire était cette odeur nauséabonde. De toute ma vie, je n’avais jamais vu une telle créature. Je n’aurais même pas pu imaginer son existence.

La chose s’avança. Je reculais. J’aurais pu faire demi-tour et courir. Mais mon regard ne pouvait se détacher de cette créature. J’avais une peur bleue de la voir me bondir dessus. En la gardant dans mon champ de vision, je pouvais la surveiller.

L’idée aurait pu être bonne, si je n’avais pas mis les pieds dans des gravats. Maladroite comme je suis, il arriva la pire des choses. Je tombai, les fesses les premières, par terre.

La chose accéléra le pas comme attiré par ma détresse. J’avais envie de crier à l’aide. Mais aucun son ne sortit de ma bouche. Lorsque je vis une horde de ces choses apparaître. Ils émergeaient des bâtiments, des décombres, et même de dessous les voitures.

Ils n’avaient pas tous le même physique. Certains avaient même le torse ouvert, laissant apparents leurs côtes et leurs organes. La seule chose qui ne changeait pas était leurs têtes.

Au fur et à mesure, qu’ils avançaient, je me retrouvais encerclée. Paniquée et n’ayant aucune arme à disposition, je pris une grosse pierre. Bien décidée à m’en sortir, je la jetai de toutes mes forces sur la créature en face de moi.

C’est alors que la pierre rebondit, comme si elle avait percuté du caoutchouc. Étonnée, je vis mon arme retomber au sol sans faire un seul dégât. Je me rappelai subitement le coup de la matraque.

Ces choses ne pouvaient pas être combattues ! Étaient-elles invincibles ?

Ça expliquait pourquoi je n’avais croisé aucun survivant sur ma route. Étant sans défense, elles les avaient sûrement tous ingurgités.

Les monstres se rapprochèrent, il devait rester que quelques mètres entre eux et moi. Peu importe, où mon regard se posait, j’en voyais partout. Il était certain que j’allais être dévoré vivante.

J’allais mourir ! Vraiment mourir !

Comment faire pour m’en sortir ?

— MODE GAME ACTIVE !

Soudainement, j’entendis une voix robotique émanant de mon Altereur. Cette petite voix me fit reprendre mes esprits. Étant focalisé sur autre chose que la peur, je pus percevoir l’attaque sournoise d’un des monstres. Rapidement, je roulais sur le côté pour éviter un coup de griffe. Celui-ci m’égratigna le bras.

Par contre, je renversai au passage deux créatures me permettant ainsi de sortir de l’embuscade. De nouveau libre de me mouvoir, je me relevai.

Je respirai un grand coup pour reprendre mes esprits, quand d’autres de ces choses jaillirent de leur cachette.

— Mais combien sont-ils ?

D’un coup, quelque chose me revint en mémoire. Ces monstres, je les avais déjà vus quelque part.

Mais où ?

Tout en reculant, j’essayais de remettre mon cerveau en route.

Oui, j’en étais sûre. J’avais vu ces créatures, il y a longtemps de cela. Lors… Lors d’une commémoration.

Je regardai mon Altereur, et me souvins d’un vieil évènement d’élimination pour l’anniversaire d’une compagnie de jeux vidéo.

Oui ! Ces choses étaient des créatures venant d’un jeu. Ça expliquait pourquoi aucun élément venant du monde réel ne pouvait les toucher. Seul un objet matérialisé par un Altereur pouvait les blesser.

C’était tout bêtement des monstres venant d’un ancien jeu. Cette réflexion me fit sourire. Maintenant, je savais quoi faire pour me défendre.

Le seul hic était leur faculté à interagir avec le monde réel. Normalement, les monstres ou les personnages venant d’un jeu ne pouvaient pas blesser directement un humain. Cette attaque soudaine de monstres ou cette blessure qui avait marqué ma peau n’auraient jamais dû avoir lieu. Il y avait définitivement un problème…

Mais pour l’instant, ce n’était pas le sujet. Mon seul objectif était de sortir de là vivante.

Je regardai mon Altereur. Si l’on devait le décrire grossièrement, je dirais qu’il avait l’apparence d’une montre. Sauf qu’à la différence de celle-ci, il ne faisait pas que donner l’heure. Le cadran central était un écran tactile permettant de naviguer dans le menu holographique projeté juste au-dessus.

Tout autour du cadran se trouvaient diverses prises servant à connecter l’appareil à plusieurs supports. L’élément le plus important était la fente sur le côté qui permettait d’interchanger les cartouches de jeu.

Par chance, j’avais déjà une cartouche insérée à l’intérieur et elle était parfaitement adaptée pour combattre ces créatures. Sans attendre, j’appuyai sur le bouton d’activation via le menu.

— ACTIVATION DU JEU SHIRANUI

Aussitôt, une voix confirma mon choix. Mon Altereur transforma les informations du jeu en données de réalité virtuelle.

Ainsi deux oreilles de loup blanc apparurent sur ma chevelure blonde. Suivis d’une magnifique queue claire au bout noir, qui prit place en bas de mon dos. Dans mes mains se matérialisa un énorme pinceau, à la pointe tachée d’encre.

En voyant cet outil, on pourrait croire qu’il venait tout droit d’un jeu vidéo éducatif. Ce qui n’était pas vraiment le cas. Ce pinceau, aussi grossier soit-il, était une arme.

Par contre les autres accessoires visuels, la queue et les oreilles, étaient justes là pour faire joli. Un petit bonus que certains joueurs appréciaient. Il permettait de se différencier des autres et surtout de revêtir les éléments venant d’une licence qu’on affectionnait particulièrement.

Le pinceau bien en main, je dessinai dans les airs un trait horizontal sur le premier zombie que je vis. L’avantage de ce pouvoir était que je n’avais pas besoin d’être proche de la créature. Je pouvais l’attaquer de loin tant que je l’avais dans mon champ de vision.

Le dessin exécuté, il disparut rapidement, pour laisser place à un vif flash de lumière qui décapita la créature. Sans tête pour le guider, le corps tomba brusquement à terre.

Rassurée, je continuai de faire plusieurs traits dans les airs, démembrant mes ennemis par dizaine. Cette capacité semblable à la lame d’une épée m’était d’une grande aide.

Le chemin devant moi fut rapidement dégagé. Je me retournai pour combattre mes derniers poursuivants.

Cette fois, je tapotai plusieurs points noirs sur le corps de ces zombies. Sans surprise, de petites explosions se déclenchèrent sur leur chair, créant de larges trous.

Certains de ces monstres se retrouvèrent complètement en bouillie. D’autres n’avaient plus de jambes, mais ils s’en fichaient. Ils rampaient péniblement vers moi, tout en hurlant de douleur.

J’aurais presque eu pitié d’eux. Du moins s’ils n’avaient pas cherché à me dévorer, il y avait à peine une minute. Je terminai d’un coup de pinceau l’exécution de ces derniers monstres.

Essoufflée, je respirai difficilement, regardant le champ de bataille. Plus aucun ennemi ne se présenta. J’étais saine et sauve, mais épuisée.

Ça faisait un moment que je n’avais pas combattu en mode réalité augmentée. Je n’avais plus le temps pour ça à cause de mon travail. Ne parlons même pas du sport, qui aurait pu me maintenir en forme. Lui aussi avait déserté mon quotidien.

— Mode veil…

Je remarquai alors quelque chose. Normalement, lors d’un jeu de combat avec un Altereur, chaque joueur avait droit à une barre de vie. Celle-ci permettait de savoir lorsqu’on était hors jeu lors d’un combat contre des monstres ou d’autres joueurs.

Là. Cette fameuse barre n’était pas là.

J’avais beau n’avoir pas joué depuis des lustres, j’étais tout de même au courant des dernières nouveautés et celle-ci n’en faisait pas partie.

À croire que l’apparition de ces monstres et ce soudain changement d’interface étaient liés. Cette idée en tête, je regardai le manche de mon pinceau voyant alors une barre, imprimée dessus. Soulagé, je vis quelle était encore là.

Cette petite barre noire était tout simplement ici pour indiquer ma réserve d’encre. Ce même liquide, qui me permettait de peindre, donc d’attaquer. Plus de barre, plus de réserve.

Heureusement, contrairement à d’autres armes, ce réservoir d’encre se régénérait au fil du temps. Si je n’avais plus eu accès à cette indication, j’aurais eu un sacré handicap lors de mes prochains combats.

— Activation du mode veille.

— MODE VEILLE ENCLENCHÉ.

Comme je m’attendais encore à combattre, je mis tout simplement le mode jeu en sommeil. Je pourrais ainsi l’utiliser rapidement en cas d’attaque et ça consommerait moins de batteries. Même si, l’Altereur se rechargeait grâce au soleil.

Je cernais un peu plus la situation. Ces monstres étaient apparus pour x raisons. Mais ils n’étaient pas invincibles, du moins pour les joueurs.

Tout le monde avait un Altereur, seuls les gens déconnectés n’en avaient pas. Cependant, tous les utilisateurs ne se servaient pas du mode Gameur.

Ce qui expliquait pourquoi peu de personnes sortaient au grand jour. Bien sûr, il fallait aussi prendre en compte que cette vague de créatures avait attaqué par surprise, prenant tout le monde au dépourvu.

Mais, où était la police ? Les secours ?

Je secouai la tête pour évacuer toutes ces questions. Une seule importait plus que les autres.

Mon frère était-il vivant ?

C’était un joueur invétéré d’Altereur, peut-être… Oui peut-être avait-il eu une chance de survivre. Et ce n’était pas en restant planté là que je le saurais.

Cette fois, je me mis à courir dans ce labyrinthe de ruelles. Par moments, j’entendais des bruits suspects, distinguant des ombres dans les coins. Comme je ne voulais pas dépenser mon énergie dans une autre confrontation, je décidai de les contourner pour continuer ma route en toute sérénité.

Après plusieurs mètres, je vis au loin un énorme panneau à fond vert, avec écrit en jaune fluo « Fan gameur ». C’était sans aucun doute, le magasin de jeux vidéo que je cherchais.

Je remarquai que l’entrée n’était plus là, ni la vitrine. Le bâtiment s’était tout simplement écroulé sur lui-même.

Une énorme boule d’angoisse remonta au niveau de ma gorge.

Pitié. Pourvu que mon frère ne soit pas dedans. Qu’il ne soit pas mort !

— VICK ! VICK !

De plus en plus paniquée, je criai son nom. Je me fichais pas mal que d’autres monstres viennent m’attaquer. Puis, je me tus, tendant l’oreille. Mais, je n’entendis aucune réponse.

— Vick ! Réponds ! Vick !

À genoux, je me mis à déblayer les gravats, essayant d’atteindre la porte.

Je devais voir son corps de mes propres yeux… Si je ne le trouvais pas, peut-être… Peut-être qu’il était encore vie, quelque part.

J’avais beau retirer les pierres, des nouvelles apparaissaient juste en dessous. Peu importaient mes efforts et mes mains lacérées. Je n’arrivais pas à avoir la réponse à ma question.

Au fur et à mesure de mes appels, ma voix faiblissait, puis devint presque inaudible. Mes yeux se remplir de larmes. J’étais sur le point de pleurer. J’avais envie de hurler.

Mais quoi ?

Mon désespoir ? Ma peine ? Ma colère ? Ou les trois en même temps ?

C’est alors que je perçus une présence derrière moi. Non, plusieurs. Des ombres déformés de petites créatures apparurent. Elles avaient une silhouette grossière semblable à des dinosaures.

J’entendis des grognements. Je sentis des souffles chauds sur ma nuque. J’étais dos au mur. Je n’avais pas le choix. Je devais combattre. Les mains moites, j’appuyai doucement sur mon Altereur.

— MODE VEILLE DÉSACTIVÉ !

— Tais-toi, bon sens !

Alors que je me retournais prête à combattre, je vis une de ces choses foncer vers moi, la gueule grande ouverte. Effrayée, je me protégeai avec mes bras.

Une seule pensée effleura mon esprit… J’allais bientôt rejoindre mon frère.